Septembre 2017 - Sydney / Lulu-Ulrich Première rencontre, première ennemie, premiers problèmes What a man's gotta do ♫
Sometimes it's just the wrong place, the wrong time
__« Alors, comment ça se passe ? », « Jusque là, ça va.». Oui, ça allait. En trois semaines, il ne s'était mis à dos qu'une fille qui vivait à l'autre bout de la ville à qui il avait de toute façon donné un faux nom. Il n'avait bousculé personne ni rien cassé et ses profs semblaient l'apprécier. Bref, ça commençait plutôt bien. Ça ne l'empêchait pas de garder son couteau à portée de main à chaque fois qu'il sortait de sa chambre. parano ? Oui, un peu. __Il prit son sac, dit au revoir à James avant de raccrocher et partit rejoindre sa salle de cours.
__Vous connaissez la loi de Murphy ? Ou, plus simplement, la poisse ? Trois semaines sans un tout petit accroc, c'était trop beau. Trop facile. il eut l'excellente idée de s'arrêter en entendant du grabuge dans une salle de cours. Qu'est-ce que ça pourrait bien te coûter, de jeter un œil, hein ? Ouais, hein, la prochaine fois j'écouterai mon autre voix intérieure, celle qui me dit de me méfier de ce genre de chose. Bref, il avait entrouvert la porte. __Mauvaise idée numéro une.
__Dans la vie, il y a des histoires dont il ne vaut mieux pas se mêler. Celle-ci, c'était le boss final de ce genre d'histoire. Alors, portrait rapide de la situation. Un mec par terre qui aurait sûrement un beau coquard le lendemain matin. Il ne le connaissait pas. En fait, il ne connaissait personne dans cette classe, sûrement des élèves d'un autre niveau que le sien. En tout cas, il n'avait pas l'air au meilleur de sa forme. Autour de lu, il y avait une moitié d'élèves paniquée et l'autre moitié qui échangeait des regards d'incompréhension. personne pour l'aider. Le prof s'époumonait dans le vide pour essayer de calmer la bagarre qui avait échappé à son contrôle. __Et puis il y avait cette fille.
__Un seul regard aurait dû lui suffire, mais son radar à danger n'avait jamais été très fonctionnel. Oui, elle était assez mignonne... Aussi mignonne que puisse être une fille prête à éclater une chaise sur la tête de quelqu'un. Même déformé par la colère, son visage gardait un côté enfantin extrêmement perturbant. Une petite voix, au fond de lui, lui souffla que cette fille allait lui causer des problèmes. __Et, forcément, il ne l'écouta absolument pas.
__Tu es trop sûr de toi. C'est comme ça que tu te retrouves dans des situations pareilles. C'est la seule phrase qui lui effleura l'esprit quand la chaise passa trop près de sa tête. Il s'amusa à calculer les heures de colle qu'elle allait récolter. Au moins quatre pour la détérioration de matériel, peut-être deux ou trois de plus pour l'agressivité. Le prof s'égosillait toujours. Ulrich se glissa entre les tables et, avec un chuintement, son couteau vint se glisser sous la gorge de la jeune fille. « On t'a dit d'arrêter, ma jolie. » __Plus deux heures pour lui.
__C'était tout sauf discret, tout sauf intelligent. Voilà qu'il se collait volontairement une ennemie sur les bras. Bravo, Ulrich, ça c'est bien joué.
Le personnage en quelques mots : - Ulrich Kirschten, 19 ans, né le 8 juillet 1998 à Sydney. Nationalité australienne, dernière année de lycée - Cheveux noirs, lentilles rouges sur des yeux originellement bleus, cernes et air vaguement perdu, maigre et chétif, blafard, tatoué d'un corbeau à l'épaule droite, style vestimentaire variable, presque toujours armé d'un couteau - Insomniaque, anciennement accro à la cocaïne, compense sa sensation de manque en couchant à droite à gauche ou en jouant de la guitare à s'en écorcher les doigts, inconscient, malhonnête, lâche bien qu'il sache frapper où ça fait mal, joueur, moqueur et parfois idiot, attiré par le danger et persuadé de ne pas être capable de ressentir de sentiments sincères. - Abandonné à la naissance par sa mère autrichienne avec uniquement un nom, a appris la musique dans l'orphelinat où il s'est retrouvé jusqu'à ses douze ans et son adoption par une famille riche dont il a utilisé l'argent pour développer une addiction à la cocaïne. Envoyé en désintoxication qu'il a quitté récemment, il se trouve désormais dans un lycée spécialisé pour les jeunes dangereux, pour les autres ou eux-mêmes, à Sydney.
La fiche complète, parce que oui il en a une:
Physique : Ulrich attire l’attention depuis sa plus tendre enfance, ses grands yeux bleus sont de ceux qui aimantent le regard, avec le cercle bleu nuit qui entoure son iris plus clair, presque gris. Enfin ça, c’était avant. « T’as les yeux rouges », c’est une phrase qu’il entendait souvent. Trop souvent. Ses yeux constamment injectés de sang et les incessantes remarques sur leur aspect maladif ont fini par le faire perdre patience, alors il a opté pour la solution la plus simple et il s’est acheté des lentilles rouges. Du coup, exit les beaux yeux bleus et, par le même coup, les commentaires exaspérants.
Plus classique de ce côté-là, et plus facile pour se fondre dans la foule, il a les cheveux noirs, bien qu’ils soient sûrement passés par trop de couleur. Décolorés dans sa première année de lycée puis bleus, verts, rouges, etc les années suivantes, ils lui ont servi de terrain d’expérimentation pour affirmer sa personnalité de lycéen rockeur et perturbé. Depuis plus d’un an, ils ont récupéré leur aspect naturel, même si quelques mèches de couleur traînent encore dans la masse noire qu’il a sur la tête. Ils ont sûrement aussi eu toutes les longueurs possibles et imaginables, du crâne presque rasé à la vague noire qui flotte dans son dos mais, pour l’instant, ils lui arrivent aux épaules.
Ses yeux sont aussi soulignés de cernes assez imposantes qui laissent de gros doutes sur sa santé, comme sa corpulence générale. Il est maigre à un point maladif, au point qu’on aperçoit souvent ses côtes à travers sa peau trop pâle. C’est vraiment l’image qu’il dégage : quelqu’un de chétif et fragile. Maigre parce qu’il prend rarement le temps de manger, visiblement épuisé parce qu’il prend rarement le temps de dormir, blafard parce qu’il prend rarement le temps de sortir. Si on ajoute à ça les bandages, pansement et autres bleus qu’il a tout le temps parce que sa peau marque facilement et que ses tendons sont fragiles, on comprend pourquoi il a tant l’air d’une cible facile.
Il a un corbeau tatoué sur l’épaule droite, le symbole de son ancien groupe. Il s’est fait percer l’oreille gauche un certain nombre de fois et collectionne bagues, bracelets et autres bijoux qu’il utilise aussi en guise de poing américain quand il n’a rien d’autre pour se défendre. Bizarrement, il n’aime pas spécialement porter de chaussures et il ne le fait que quand il n’a pas d’autre ; du coup, il n’a qu’une paire de chaussures de ville dans son placard au milieu de ses trois tonnes de vêtements. Il passe par tous les styles : du jean-t-shirt classique à la tenue classe ou punk, du sweat-shirt à capuche à la chemise bien repassée, il n’a absolument pas de look défini et il s’en porte très bien. Ça ajoute à sa discrétion naturelle de ne pas être reconnaissable à sa tenue.
Mental : Ulrich est mentalement instable. Sans être atteint d’une maladie mentale, il a surtout deux gros problèmes : les restes d’une dépendance à la drogue, et une totale incapacité à jauger un danger. Ne vous méprenez pas, il n’est ni inconscient ni suicidaire, mais il juge souvent le danger trop tard et il se met systématiquement dans des situations pas possibles. En s’attirant les mauvais ennemis, par exemple. Il fait ça très bien.
C’est un enfant qui n’a pas su évoluer dans le bon sens. Insolent et irrespectueux, il s’entend mal avec toutes les formes d’autorité, qui le lui rendent bien. Il ne sait ni parler poliment, ni s’excuser, et ce n’est pas faute d’avoir essayé de lui inculquer les bases du respect. Son éducation aux bonnes manières s’est malheureusement faite trop tardivement pour avoir une influence marquante sur sa personnalité ; il est resté le gamin rebelle incompatible avec la société qu’il était.
Ulrich souffre d’insomnies, ou peut-être les provoque-t-il lui-même. Toujours est-il qu’il dort peu et que ça se ressent dans son attitude. Tantôt mou et apathique, tantôt irritable, sa personnalité est sévèrement entamée par tous les problèmes qui lui tombent dessus, et sa fatigue n’aide pas à soigner sa maladresse naturelle. Que ce soient ses mains ou ses mots, tout lui échappe trop souvent et trop facilement. Franc et honnête malgré lui, il lui a fallu des années d’entraînement pour apprendre à tenir sa langue et devenir le menteur expert qu’il est aujourd’hui. Il ment avec le talent et la facilité que confère l’habitude mais il est toujours incapable de retenir ses sarcasmes.
Joueur, moqueur, imbécile aussi parfois, il est spécialiste des mauvaises blagues et des commentaires qui ne font rire que lui... avant qu’il se prenne une droite ou une baffe. Il semble irrésistiblement attiré par ce qui le met en danger ou pourrait lui coûter cher, comme si l’adrénaline était sa solution ultime contre le manque qui le reprend parfois. L’adrénaline, le sexe et la guitare. C’est un coureur de jupons invétéré et incurable, persuadé d’avoir hérité de sa mère biologie l’impossibilité d’éprouver un sentiment sincère. Il n’a jamais été amoureux, il ne le sera jamais, et c’est très bien comme ça. Il faut bien s’en convaincre. Les filles ne sont qu’un moyen de faire taire le manque le temps d’une nuit et aussi, un peu, de voler de l’argent dont ses parents ne connaîtront pas l’existence. Elles ne représentent rien pour lui.
Son seul amour, c’est sa guitare. Elle accompagne ses nuits d’insomnie et ses longs moments de mélancolie. S’il ne l’a pas avec lui en permanence, c’est uniquement parce qu’elle est trop encombrante pour les cours. Il en joue dès qu’il en a l’occasion, même si ça implique de violer le couvre-feu et d’errer hors de sa chambre toute la nuit. Parfois, lorsqu’il va vraiment mal, il joue jusqu’à s’écorcher les doigts et il n’est pas rare de le voir avec les mains couvertes de pansements en tout genre.
Ulrich n’aime pas (trop) la violence, ce qui rend encore plus étrange sa fascination pour les armes blanches. En cas de problèmes, il a tendance à tout miser sur sa vitesse de course, et il est rare que quelqu’un soit plus rapide que lui. C’est un lâche, sans aucun doute, quand il a conscience du danger, mais il se battra sans hésiter s’il lui est impossible de fuir et il sait frapper là où ça fait mal. Il s’inquiète quand même assez souvent à l’idée de se casser quelque chose, surtout quand on s’entête à lui taper dessus.
Ulrich dort debout. Tout le temps. C’est comme ça qu’on le repère, mais pas seulement. Il est maladroit, aussi ; il se cogne dans les gens, il fait tomber des trucs, il attire l’attention. Il collection les armes blanches, aussi, mais on ne l’a pas autorisé à les emmener avec lui dans l’enceinte de l’établissement. Ça ne l’a pas empêché de garder quelques canifs et couteaux bien cachés, pour se défendre. En effet, il est légèrement parano sur les bords et a tendance à croire que tout le monde lui veut du mal. Comme il a un corps fragile et qu’il en est conscient, il a de bons réflexes. Un peu flippants, très franchement, parce qu’il sursaute au moindre bruit trop proche de lui en se préparant à sortir un couteau.
Histoire :
◘ La partie est lancée ◘
Ulrich ne connaît ni sa mère, ni son père. Il ignore qu’elle était autrichienne, et une adolescente à problèmes qui se noyait dans l’alcool et les relations destructrices, qui faisait cohabiter le whisky et les céréales dans son petit-déjeuner, le sexe et les oublis de pilule dans son rituel du soir. Tombée enceinte à 17 ans, trompée par sa pilule, elle n’a pas eu l’occasion d’avorter et a porté cet enfant non désiré, conçu dans un couple sans amour et sans avenir. Elle faisait 20 ans, son petit-ami en avait 26, mais elle n’avait aucune intention de garder cet enfant plus longtemps que les neuf mois imposés par la nature. Elle n’abandonna pas sa vie destructrice, ne cessant l’alcool que parce que le père de son bébé la surveillait de près. A huit mois de grossesse, elle partit en vacances en Australie pour une semaine. Le petit choisit ce moment pour venir au monde en avance, ignorant que cela scellerait son avenir. Prise en charge d’urgence par un hôpital de Tokyo, sa mère prit malgré tout le temps de lui donner un nom, plus ou moins forcée par le personnel. Et elle disparut quelques jours plus tard, prenant son avion pour l’Autriche et laissant derrière elle un fantôme, un enfant sans passé et sans avenir qui n’avait hérité que d’un nom et d’une affreuse sensation d’inexistence. Ulrich Kirschten.
◘ Notre monde est régi par la loi du plus fort ◘
Après la fuite de sa mère, le bébé fut confié à un orphelinat. Sa fragilité lui valut une attention particulière les premiers mois mais il retomba vite au niveau des autres, un enfant dont on s’occupe du mieux possible, sans budget, le temps de lui trouver une famille. Cinq ans plus tard, le gringalet chétif et blafard était toujours là, écoutant aux portes des ados qui ne seraient jamais adoptés. C’est leur musique qui l’attirait. Du rock, du métal des sons si éloignés des comptines pour enfants mais qui résonnaient en écho avec son cœur. On le trouva plusieurs fois endormi contre la porte, bercé par le son saccadé des guitares électriques. Les quatre lycéens, attendris, décidèrent d’en faire leur mascotte. C’était un gamin calme, tranquille et silencieux qui les regardait avec les grand yeux de celui qui veut apprendre. Il observait tout, apprenait par mimétisme et retenait les techniques de base, impatient d’être assez grand pour avoir sa propre guitare. La musique lui donnait l’impression d’exister enfin. Il fut adopté deux ans plus tard. L’orphelinat le confia à la famille Yamahita, un couple marié et une fille de son âge avec qui il s’entendait à merveille. Sa nouvelle sœur devint son garde du corps personnel, le protégeant des gamins turbulents qui se moquaient de sa faiblesse apparente. Ses amis musiciens lui manquaient, mais il choisit de partager sa passion avec sa sœur, lui faisant écouter ses morceaux préférés et s'entraînant avec elle sur le piano que ses parents avaient installé dans sa chambre. Si aucun des deux n'étais spécialement doué pour le piano, ça leur suffisait pour avoir de grands fous-rires et passer du temps ensemble. Il se fit quelques rares amis à son école, plus des amis de sa sœur que les siens, et tout aurait pu continuer comme ça si la maladresse d'Ulrich n'avait pas pesé à nouveau dans la balance. Après une journée de travail particulièrement éprouvante, le retour de son peur adoptif ne fut pas de plus joyeux. S'ils connaissaient tous les deux sa tendance à se mettre en colère facilement, les deux enfants n'avaient pas eu le temps de ranger le bazar qu'ils avaient fait dans la cuisine. Les cris qui suivirent étaient habituels, ils les écoutèrent tête baissée sans protester ni contester. Mais dans un accès de colère, le père referma sa main sur le manche d'un couteau et les menaça l'espace d'un quart de seconde. Ce fut suffisant. Les deux enfants furent retirés à la famille par les services sociaux, mais le mal était fait. Il développa une phobie des lames et se plongea dans un mutisme forcé. Sa sœur resta quelque jours avec lui, pendant les instances de divorce des parents, mais ils parlaient à peine, tous les deux recroquevillés dans un coin de leur chambre, échangeant des regards triste. Il ne mangeait plus, terrorisé à l’idée d’utiliser un couteau. Il ne parlait plus, un casque vissé sur ses oreilles avec la musique à fond. Ce fut finalement le guitariste du groupe qui le sortir de son état catatonique en lui offrant sa vieille guitare et en lui enseignant les rudiments de la musique. Quand sa mère adoptive revint pour récupérer sa fille et son fils, ce fut lui qui refusa de la suivre. Il serra sa sœur dans ses bras, récupéra son adresse pour échanger des lettres comme seuls les enfants savent les faire, mais il préféra rester à l'orphelinat. Il grandit avec une guitare entre les doigts, toujours accompagné du guitariste du groupe qui lui apprenait tout ce qu'il savait, lui offrant ses partitions et d'autres objets qui représentaient, aux yeux de l'enfant qu'il était, le plus précieux des trésors. Le batteur et le bassiste du groupe quittèrent l'orphelinat à leur majorité et après avoir trouvé un travail, mais le guitariste resta pour prendre soin de l'enfant qu'il considérait comme un petit frère. Ulrich remonta lentement la pente, retrouvant le sourire malgré les cauchemars qu'il faisait encore quelque fois. Son ami réussit à le faire manger, d'abord en lui coupant sa nourriture pour ne pas qu'il ait à s'approcher d'une lame puis en l'accompagnant pas à pas dans sa reconstruction. Il resta si longtemps à ses côtés qu'Ulrich apprit à le considérer comme sa famille, lui qui avait abandonné l'idée de quitter l'orphelinat simplement pour prendre soin de lui. Ensemble, ils recrutèrent deux enfants de l'orphelinat à qui ils enseignèrent à leur tour la musique, pour faire perpétuer l'esprit du rock dans l'orphelinat quoi qu'il arrive. Ulrich en oublia d'écrire à sa sœur, abandonnant les lettre après un an. Il avait à ses côtés quelqu'un qu'il considérerait éternellement comme son frère. Si sa peur n'avait pas disparu, elle s'était dissipée. Son ami finit par lui offrir deux choses essentielles : un cran d'arrêt, qu'il lui ordonna de garder sur lui en permanence pour s'habituer à sa présence et contrer sa phobie, et un téléphone pour pouvoir le contacter en permanence. Ce téléphone devint son bien le plus précieux le jour où son ami quitta à son tour l'orphelinat, forcé de trouver un travail, et ses longues soirées à jouer de la guitare se transformèrent en longues soirées accrochées à son téléphone. A son tour, il devint le mentor de la bande de gamins à peine plus jeunes que lui qui voulaient s'essayer à la musique. D'élève il devint professeur, transmettant tout son amour de la musique.
◘ Mon rôle est-il celui de victime ou d’accusé ? ◘
Il fut à nouveau adopté à l'âge de douze ans, par un riche couple de Tokyo qui venait de perdre son fils unique. Il se sentait l'âme d'un remplaçant, persuadé de n'avoir de valeur que parce qu'il leur rappelait ce fils disparu. Mais il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre que l'amour que lui portait sa mère adoptive était réel. Jamais personne, en dehors de son ami de l'orphelinat, n'avait pris soin de lui avec autant d'application et il apprit sans difficulté à l'aimer. Son père était un peu plus froid, un peu plus distant, mais il dégageait malgré tout une aura de sérénité en sa présence, comme si chaque chose était à sa place. Et Ulrich s'y sentait, à sa place. Au téléphone avec son ami, il se surprit à prier pour que rien ne change jamais et que cette famille reste pour toujours la sienne. Un père, une mère, et un frère qu'il pouvait voir de temps en temps, maintenant qu'il n'était plus piégé entre les murs de son orphelinat. Seul point noir à ce tableau, il s’entendait assez mal avec ses camarades de classe, notamment trois pseudo-racailles de son collège. Le garçon chétif et faible qu'il était s'attirait les moqueries, comme dans son enfance, mais il se forgea un caractère plus fort et plus imposant pour contrer la fragilité de son corps, comptant secrètement, en dernier recours, sur cette arme qu'il gardait toujours dans sa poche. Il n'était pas seul, soutenu par quelques amis aussi fragiles que lui. S'il les appréciait, il savait d'avance qu'il ne pourrait pas compter sur eux en cas de problème. Il était seul le jour où les trois gros lourds de sa classes décidèrent de le racketter, seul encore quand il leur résista sans flancher, et seul quand ils essayèrent de le frapper et que la lame de son couteau s'enfonça dans un bras, une jambe, une épaule, deux fois de suite. Aucune blessure mortelle - y avait-il vraiment fait attention ? - une unique blessure grave, celui qu'il avait touché à l'épaule. Rien qui mette sa vie en danger, mais suffisant pour que les parents des trois enfants portent plainte. Le temps du procès, ses camarades de classe hésitèrent entre l'admiration pour avoir résisté et appris le respect à la bande de racailles du collège et la crainte qu'il leur inspirait. Ses parents adoptifs engagèrent un avocat réputé et onéreux qui plaida la légitime défense et eut gain de cause grâce aux témoignages d’autres élèves, notamment ses trois amis. Son cœur se gonfla d'un espoir qui flanchait légèrement. S'il ne pouvait pas compter sur eux en cas d'agression, il se sentit extrêmement soulagé de savoir qu'il pouvait compter sur eux pour ne pas se cacher. Les trois enfants furent changés d'école et Ulrich continua de vivre sa vie avec ses amis, son couteau toujours dans sa poche. Au cas où. Cet événement signa le début de sa collection et il dépensa l’argent de ses parents dans des armes finement ouvragées qu’il entassait dans des vitrines. Sa collection s’agrandissait de jour en jour et ses parents ne cachèrent pas leur inquiétude. Alors il leur assura qu’il ne les utiliserait jamais et les confia les clefs de ses vitrines.
◘ Ma voix ne traduit pas mes états d’âmes ◘
Oppressé par la méfiance de ses autres camarades de classe, il changea d’école quelques mois après l’incident pour un lycée un peu éloigné de la capitale. Quelques personnes avaient entendu parler de son procès, mais aucune n'y fit référence et il put repartir de zéro. Il s'inscrivit au club de natation de son nouveau collège pour renforcer ses muscles et perdre un peu son image de gamin chétif, sans grand succès. Son corps semblait profondément allergique à l'aspect musclé. Mais ça perdit vite de son importance, son équipe de natation très soudée l'intégra vite au groupe et son sentiment de solitude permanent sembla s'effacer. Son "frère" vint assister à certains de leurs entraînements et compétitions. Il nageait au moins aussi vite qu'il courait, c'est à dire très vite, et il remporta plusieurs courses, faisant de lui un mini-héros au sein de son équipe. A côté de la natation qui restait un passe-temps à ses yeux, il se consacrait à sa passion corps et âme. Il trouva rapidement un coin tranquille dans son collège pour gratter sa guitare entre les cours. Au début de l'hiver, il rencontra Maru, Yurika et Jenna. Les trois filles venaient régulièrement assister à ses compétitions de natation mais Jenna lui confia quelques jours avant noël qu'elles venaient le voir parce qu'elles avaient entendu ses morceaux de guitare et n'osaient pas venir lui parler quand il jouait de la musique. Curieusement, alors que le concept lui semblait totalement étranger jusque là, il comprit sans mal ce qui se cachait derrière les œillades discrètes et les balbutiement d'Jenna. C'était elle qui avait insisté pour emmener ses amies à la piscine, elle qui l'entendait souvent jouer, elle qui n'osait pas lui parler. Il apprit que les trois filles jouaient dans un groupe le jour où leur guitariste, le petit ami de Maru, quitta sa petite amie et le groupe ; Jenna rassembla son courage pour lui demander de les rejoindre. Rapidement populaires dans leur lycée et dans les lycées voisins, ils organisèrent des concerts à prix réduit, quelques uns gratuits, dans le jardin des parents d’Ulrich. Il fit alors quelque chose qu'il n'avait jamais cru possible le jour où Jenna décida finalement de lui dévoiler ses sentiments. Il se sentait, il se savait incapable d'aimer. C'était quelque chose qu'il avait fini par accepter, mais le regard inquiet d'Jenna le fit céder malgré tout. Il accepta de sortir avec elle malgré l'absence d'étincelle, cette chose magique à laquelle il ne croyait plus depuis des années. Il tenait au bonheur de sa chanteuse, celle des trois dont il était le plus proche, si bien qu'il ne voyait pas ça comme un sacrifice de la serrer dans ses bras, de l'embrasser, de l'emmener en rendez-vous dans un parc d'attraction ou au bord d'un lac comme dans un cliché de manga romantique. Il n'avait pas besoin d'être amoureux d'elle, il n'avait pas besoin d'avoir le cœur qui battait pour elle et d'avoir envie de l'embrasser. Il voulait la voir sourire, et elle souriait beaucoup plus depuis qu'ils marchaient main dans la main. Les deux autres musiciennes de son groupes semblaient heureuses, elles aussi. Sans doute, comme lui, voyaient-elles dans le bonheur d'Jenna une bonne raison de sourire. Un jour, il entendit rumeurs prétendant qu’ils se faisaient énormément d’argent et, inquiet pour ses amies, il leur confia à chacune un couteau pour éviter de subir les côtés négatifs de la richesse, fut-elle factice. Ayama étant souvent à ses côtés, il gardait un œil sur elle en permanence mais il était conscient de ne pas pouvoir protéger les autres. Elles l'acceptèrent sans protester, inquiètes elles aussi à l'idée qu'on puisse vouloir s'en prendre à elle. Ça n'interrompit pas leur idylle musicale. Les lycées qui connaissaient leurs noms était de plus en plus nombreux, notamment grâce au festival de l'école qui amena de nouveaux spectateurs. Les filles ne furent jamais agressées, même s'il y eut quelques incidents qui se calmèrent dès qu'elles sortaient leur couteau. La rumeur de leur richesse finit par se tasser et bientôt, elles n'eurent plus à se soucier d'un éventuel voleur. Mais c’est un autre type de personne qui tournait autour d’Ulrich. Il était le seul du groupe à être vraiment riche, et le garçon qui se prétendait son ami savait flairer l’argent. A l’occasion d’une soirée avec d’autres personnes peu recommandables, il fit prendre à Ulrich une dose d’héroïne. La première d’une longue série qui lui coûta cher, autant financièrement que psychologiquement. Pendant plus d'un an, il oublia son passé dans la drogue et dans la musique. L'inquiétude d'Jenna à son sujet lui tira quelques pincements au cœur, mais il était trop engoncé dans l'engrenage pour s'en sortir sur de simples remords. Il mit toute son énergie à maintenir son mensonge intact, à étaler des sentiments qu'il n'avait jamais ressentis, à garder leur couple solide. Leur histoire tint bon malgré les trous qui s'accumulaient dans le creux de son coude, malgré la force qui cherchait à les séparer. Leur groupe conserva sa réputation, ses parents ne se doutaient de rien et malgré le danger, il tenait bien plus à la drogue qu'il ne voulait l'admettre. Il savait que ça pouvait le tuer, mais l'addiction psychologique était installée, trop présente pour qu'il ne songe à s'en défaire. Seule sa prudence naturelle l'empêcha d'augmenter les doses avec le temps, la pente glissante qui attendait beaucoup de personnes dans sa situation. C'est sans doute ce qui lui sauva la vie et lui permit de garder la tête haute, maintenant qu'il avait noyé ses cauchemars. Jusqu'à ce que sa mère ne le trouve assis, les yeux fermés, un sourire béat sur les lèvres. Elle remarqua sans mal la seringue dans sa main et les nombreuses marques dans son coude. Paniquée, elle voulut d'abord appeler une ambulance mais il rouvrit les yeux en la dévisageant comme si elle sortait d'un autre monde. Petit temps de reconnexion qui suffit à persuader ses parents que son fils avait besoin d'aide. Son père ne lésina pas sur les dépenses. Hors de question que son fils ne lui échappe, maintenant qu'ils avaient réussi à construire une famille solide. Ulrich fut envoyé en désintoxication. Pendant qu'il se trouvait au centre, ses parents fouillèrent chaque placard, soulevèrent chaque latte de parquet pour trouver et détruire la moindre trace de drogue, la moindre chose qui aurait pu le faire replonger. Dans le centre, on commença par lui confisquer sa guitare mais, devant la violence de ses crises de manque, il fut autorisé à en jouer une heure par jour sous étroite surveillance. Ça l’aida à tenir et il vécut toutes les journées de cette année de torture dans la perspective de ce petit interlude musical. C'était la seule chose qui l'aidait à tenir, qui l'empêchait de hurler et de cogner dans les murs. On lui rendit son téléphone quand ses crises se calmèrent et il fut autorisé à appeler sa famille, son meilleur ami, et Jenna. Il n'en décrocha plus qu'à l'heure du déjeuner et, quand ses crises se firent totalement absentes et qu'il fut évident que la dépendance physique avait disparut, malgré le risque de rechute que rien ne pouvait effacer, on le libéra. Il sortit du centre de désintox en septembre, trop tard pour commencer une nouvelle année scolaire. Il prit donc son mal en patience en trouvant un petit job dans un café, essayant d’oublier qu’il allait côtoyer des lycéens de deux ans plus jeunes que lui.
◘ Sache que la justice n’existe pas ◘
Pour l’éloigner de l’influence de son passé et de la moindre tentation, ses parents décidèrent de l’envoyer dans un lycée spécialisé. Ils avaient largement les moyens et c’était suffisamment loin pour qu’ils soient sûrs qu’il ne retrouverait pas son ancien dealer. Il ne protesta pas. Il était ressorti totalement lessivé de sa cure et son boulot stressant et répétitif ne l’avait pas aidé à s’en remettre. Il voyait à peine Jenna, qui s'était détachée de lui au fur et à mesure pendant qu'il était en cure. Il n'en souffrit pas vraiment, il estima même que c'était mieux ainsi. Aurait-il eu la force, un jour, de mettre fin à ce jeu qu'il avait lancé pour la voir sourire ? Elle semblait souffrir en sa présence, et il fut rassuré qu'elle décide de trouver quelqu'un de mieux. Quelqu'un qui serait capable de l'aimer. Ils restèrent des amis proches, même quand Jenna se trouva un nouveau petit ami. Pas jaloux pour un sou, il s'entendit bien avec lui et ils se quittèrent en bon terme quand Ulrich partit commencer sa nouvelle année scolaire. Il accepta cette deuxième chance comme un signe que les choses pouvaient aller mieux, un nouveau départ, un endroit où il n’avait pas d’ennemis. Ça n’a pas duré longtemps. Entre les quelques filles qu’il a draguées en ville quand le manque se faisait trop fort et la mauvaise idée qu’il a eu de se dresser sur la route de Lulu Dixapel, sa vie sans ennemis n’est qu’un distant rêve. Tant pis. Son nouveau départ se fera avec des ennemis sur les bras.
__________________________________________________ • Relations : Emma Kirschten : Sa mère biologique dont il ignore le nom. Elle n’est rien pour lui si ce n’est une femme sans visage, incapable d’aimer, qui a fait de lui un fantôme.
Lola Stanford : Mère adoptive d’Ulrich, elle alterne entre la joie d’avoir un enfant et les désespoir devant ses problèmes. Malgré tout ce qui se passe dans sa vie, ils s’entendent bien et il ne changerait de famille pour rien au monde. Sa mère est juste assez protectrice pour l'empêcher de se faire tuer, mais elle a malheureusement parfois quelques ratés dans sa capacité à flairer les dangers qui menacent son fils.
Axel Stanford : Père adoptif d’Ulrich, c’est un homme d’affaires froid et distant, au point qu’Ulrich se demande parfois s’il voulait aussi l’adopter ou si sa mère a pris la décision seule. Mais malgré tout ce qu'il a pu penser ou imaginer, il sait que, quelque part, Axel tient à lui autant qu'il tenait à son fils biologique et qu'il n'est juste pas doué pour le montrer.
James Willson : Guitariste du groupe de rock formé dans son orphelinat, James est celui qui a apprit la guitare à Ulrich et son meilleur ami dans ce monde, comme un frère. Il a gardé son numéro dans tellement d'endroits et de répertoires différents qu'aucune des pannes de ses téléphones n'a jamais pu l'effacer. Il est de toute façon gravé dans sa mémoire. La simple pensée qu'il n'en serait pas là aujourd'hui sans James lui suffit à surmonter la plupart de ses problèmes, surtout lorsqu'il a une guitare dans les mains. C'est aussi son compagnon d'insomnie quand il ne peut pas quitter sa chambre pour jouer de la musique.
Jenna Craming : Chanteuse de son groupe, Jenna est aussi sa première et seule petite amie. Maintenant qu'il ne sont plus ensemble, elle reste son amie la plus proche en dehors d'James et il ne rate pas une occasion de la contacter. Il prend des nouvelles d'elle régulièrement et s'entend également bien avec son nouveau petit ami, ce qui est assez rare pour être notable. C'est elle qu'il appelle quand James ne répond pas et qu'il se sent mal, que ce soit à cause des souvenirs qui remontent ou à cause de son corps qui se rebelle contre lui.
Lulu se planta devant le miroir avec une expression sceptique. Elle était en retard ce matin, elle ne pouvait pas se permettre de se faire renvoyer dans sa chambre pour changer de vêtements. Elle soupira. QUand même, elle avait dû fouiller jusqu'au fond de sa valise pour trouver ce jean, et c'était un vieux jean qui lui serrait un peu les hanches et qu'elle trouvait juste moche. Nouveau soupir avant qu'elle n'enfile un haut flottant, pour cacher que son jean lui rentrait dans la peau.
C'est donc passablement de mauvaise humeur qu'elle arriva en cours, partagée entre l'envie furieuse de déboutonner son jean et la peur qu'il ne le fasse tout seul. Et, évidemment, comme on n'en arrive pas à balancer des chaises sur les gens sans une bonne raison, elle se retrouva assise à côté du type de sa classe qu'elle détestait le plus depuis ces quelques semaines. Cet abruti prétentieux semblait incapable de comprendre trois règles d'or : 1) On ne lui parlait pas de sa famille, 2) On ne lui demandait pas pourquoi elle n'aimait pas sa famille, et 3) On ne lui posait aucune question personnelle.
Aujourd'hui encore, il avait outrepassé ses droits. Elle lui avait laissé dix secondes pour s'excuser, regretter et fuir. Elles touchaient à leur fin. Avant que qui que ce soit ait pu l'arrêter, si tant est que quelqu'un ait voulu le faire, le visage de son camarade faisait connaissance avec la table. Il roula au sol, sur le côté, pour éviter le coup de poing qui suivait. Il allait se relever. Se battre, peut-être ? L'idée lui tira un sourire moqueur. Comme s'il avait le moindre soupçon de chance !
- Ca suffit, vous deux ! Alex, Lulu, arrêtez ça !
Elle écouta à peine les cris de son professeur. S'il voulait l'arrêter, qu'il le fasse au lieu de hurler. Ses doigts se refermèrent lentement sur les barres du dossier de la chaise, et elle la lança en mouvement circulaire sur son camarade, qui n'eut que le temps de se baisser pour l'esquiver. La chaise passa à un cheveu de sa tête - un cheveu très très fin - avant d'aller s'écraser près de la porte.
Lulu ne prêta pas attention au garçon qui venait d'entrer et avait failli se prendre ladite chaise en pleine tête. Pas plus qu'elle ne prêta attention au prof qui hurlait à s'en arracher la gorge. L'abruti prétentieux qui avait eu la mauvaise idée de la mettre en colère continuait de la fixer avec son regard de sale fouine. Elle allait attraper la table, mais elle se figea aussitôt. Elle avait un couteau sous la gorge.
Son coeur rata plusieurs battements avant qu'elle ne croise les yeux rouges de celui qui osait la menacer. C'était un gringalet, ce qui rendait la situation encore plus frustrante. Elle serra les dents. On ne se dressait pas sur sa route. Elle ne pouvait le tolérer.
Moi aussi je fais un résumé : - Lulu Dixapel, 17 ans, née le 18 mai 1999 à Lucea. Nationalité jamaïcaine, troisième année de lycée. - Peau noire, cheveux noirs, yeux ambrés, épaules découvertes en permanence, vêtements courts ou moulants, baskets, allure sportive. - Colérique mais pas méchante, impulsive et incontrôlable, asociale, impatiente, franche, surdouée indifférente aux compliments, effrayée par les lames, athlétique et rêve de trouver un catalyseur à sa colère. - Deux soeurs, un frère qu'elle déteste, hyperactive de naissance tombée dans le coma à onze ans, réveillée un an plus tard avec un frère dont elle est jalouse, partie en Australie dans un lycée spécialisé dans les jeunes dangereux sans leur accord en falsifiant des documents
Fiche complète de Lulu ~:
Physique : Elle est belle hein ? Ah, on m'indique qu'il faut d'abord que je la décrive avant de poser cette question. Bon, bon... Lulu vient par ici, on va essayer de faire une description fidèle et pas trop linéaire... Que dire pour commencer ? Elle se détache de la masse d’étudiants par la couleur de sa peau, tout d’abord, parce qu’on descend rarement d’une famille jamaïquaine en ayant les cheveux blonds et la peau blanche. Si vous avez de la chance (enfin non, plutôt l’inverse), vous pourrez apercevoir sa chevelure noire au détour d'un couloir. Longue ? Plus vraiment. Avant, ils flottaient jusque dans le bas de son dos et elle était passée maître dans l’art de les attacher pour se débarrasser de leur présence gênante et encombrante. Elle est même passé par une phase où elle s’était teinte en blonde ce qui, curieusement, lui allait bien, mais elle est vite revenue à sa couleur naturelle. Avant de les couper d’un coup sans raison apparente. Sans doute que les attacher ne lui convenait plus. On va lâcher un peu le sujet de ses cheveux, quand même. Alors passons aux détails. Ses yeux sont techniquement marrons. Techniquement, parce qu'ils ont plus l'air ambré que marron quand on y regarde de près. L'astuce ? Accentuation exagérée du noir sur ses yeux pour éclaircir leur couleur générale, quand elle ne porte pas juste des lentilles (roses, ne demandez pas pourquoi, c'est une lubie étrange qui lui est venue depuis qu'elle est arrivée). Si on voulait détailler un peu plus son visage, on noterait le mélange d'enfantin et d'adulte. Un petit nez arrondi lui donnant des allures d'enfant tandis que son allure générale la vieillit, des yeux dont l'allure affinée et allongée le disputent à l'ouverture plus enfantine. Pas évident de lui déterminer un âge, en définitive. Son visage est dérangé par quelques mèches folles et désordonnées qui jouent généralement du côté de ses oreilles, mais deux petites toujours parfaitement ajustées au niveau de son front. Pour ce qui est de son allure générale, on la jurerait presque normale. Presque, mais nous verrons ce point plus tard. Elle se déplace avec nonchalance, généralement détendue et souriante. Hanches fines, ventre plat avec des abdos expressément dessinés par le entraînements de sport réguliers qu'elle s'impose, jambes et bras musclés mais pas trop, histoire de ne pas avoir l'air d'un gros tas de muscle sans cervelle, et une poitrine à peine affirmée, disons suffisante. Bah oui forcément, quand on est mince c'est pas toujours évident d'avoir une grosse poitrine. On vous épargnera les mensurations. Et si vous les voulez, vous n'avez qu'à les demander à Lulu en personne... N'oublions pas ce qui caractérise la plupart des jeunes filles de nos jours : maquillage, bijoux, style vestimentaire. Habituée à la chaleur, elle ne possède que très peu de hauts couvrant les épaules - l'hiver risque d'assez peu lui plaire. Débardeur, bustiers principalement. Moulants en général, ils laissent souvent entrevoir le bas de son ventre, ce qui plaît assez peu au personnel. On la force souvent à se changer avant d'aller en cours ou à porter une veste, qu'elle n'a pas, mais ça ne l'empêche pas de recommencer le lendemain. Surtout qu'elle porte généralement des jupes courtes pour compléter, ou un short à la rigueur. Lui faire une remarque est cependant déconseillé... Niveau chaussures, par contre, elle semble haïr tout ce qui est techniquement fait pour les filles. Alors même si ça jure avec le reste, c'est baskets et rien d'autre. Enfin, c'est plutôt des chaussures de skate qu'elle porte. Il lui arrive de mettre du vernis à ongles dans certaines occasions mais ça reste rare, autant que les boucles d'oreilles. Disons que si elle les enlève, elle oubliera de les remettre. Elle porte aussi un bracelet simple et deux ou trois bagues. On a fait le tour ? Bon, et bien remontez et répondez à la première question.
Mental : Qui a dit qu'il ne fallait pas se méfier des belles blondes ? Non, Lulu n'est pas méchante, loin de là. Parfois dangereuse, mais pas méchante. En fait, elle est surtout asociale. S'intégrer dans un groupe ou une société ? Même pas en rêve ! De toute façon, elle ne supporterait sûrement pas le tiers de la bande. Oui, parce que la jeune fille est un peu.. nerveuse. Névrosée, plutôt. La moindre remarque peut la mettre dans une colère froide, et comme elle sait se battre, elle risque de mettre la personne KO en un seul coup bien placé. Parfois, elle balance des choses aussi... Vous voyez votre petite table de classe ? Oui ? Et bien imaginez que vous vous la prenez en plein visage. Oui, elle est comme ça. Elle n'a pas une force surhumaine, mais elle en a suffisamment pour porter des choses très lourdes qui font très mal. Mais pas à elle.
L'inconvénient, c'est qu'elle est aussi très impatiente. On ne compte plus le nombre de machines qui ont fini lamentablement leur existence à travers une fenêtre ou contre un mur suite à une crise de nerf. Ou simplement les murs qui ont fini traversés à coup de poings, bien que traversé ne soit qu'une façon de parler... la plupart du temps. Le problème, c'est que si elle ne trouve rien à lancer sur quelqu'un qui l'a trop énervé pour qu'elle se contente de le frapper, elle peut très bien lui éclater le visage sur un mur ou une fenêtre. Toujours intéressé ?
Son souhait le plus cher est de trouver un catalyseur suffisant à sa colère. Mais aucune activité ni aucun objet déstressant n'ont réussi à calmer sa furie. Du coup, elle a apprit à se battre pour pouvoir se défouler aux entraînement. Le problème c'est que ça fait encore plus mal quand elle s'énerve et que ça n'a rien changé. Et elle est passé par la majorité des activités sportives, sauf qu'étant mauvaise joueuse elle en a rapidement eu marre. Mais elle n'arrête pas. Ça lui calme temporairement les nerfs quand elle s'entraîne toute seule.
Si l'on oublie ce défaut majeur, c'est une fille assez attachante, gentille quand on ne la met pas en colère. Loin du romantisme cependant, elle n'est pas du genre à se morfondre en regardant en douce les garçons dont elle rêve. Sa franchise est une qualité, mais peut aussi se retourner contre elle. Forcément, peu de personnes apprécient d'être traités d'imbéciles. Lulu est une personne suffisamment intelligente pour surpasser pas mal de monde mais aussi pour se rendre compte de ses propres défauts, et donc agir sans vanité. C'est un surdouée hyperactive mais totalement indifférente aux compliments, du moins ceux sur son apparence, qui ont même plutôt tendance à la faire grincer des dents. Elle ne veut pas être jolie, ni sexy, ni aucun autre adjectif en i. A défaut, si on la complimente, elle préfère que ce soit sur ses capacités sportives ou intellectuelle, parce qu'une surdouée hyperactive a généralement du talent à revendre dans les deux catégories. Elle déteste les mensonges, elle peut presque les flairer à des kilomètres. Les menteurs, les dragueurs qui jouent avec les filles (ou les garçons, pour ce que ça change) comme avec des figurines à collectionner, les manipulateurs. Autant de gens qu'elle évite... et qui l'évitent, aussi. Ne le dites à personne, mais Lulu a peur des lames. Des couteaux, des sabres, ce genre de choses. Si elle ne sait pas trop d’où ça lui vient, elle le cache très, très bien. Faudrait pas que ses (nombreux) ennemis se mettre en tête de la menacer avec un couteau. La plupart du temps, quand elle n'est pas en cours ou en train de dégommer des pauvres innocents à coup de poing, on peut la trouver en train de courir. Elle squatte les terrains de sport pour améliorer son endurance et sa vitesse, et c’est un peu ça qui l’amène à se faire embrigader par tout un tas d’équipes sportives qui trouvent ça cool. Enfin avant qu’elle leur casse le nez. Autant dire qu’elle a un peu grincé des dents quand on lui a ordonné de s’inscrire dans un club, avec des gens.
Histoire : Lulu est née dans le Comté de Cornwall en Jamaïque. Elle a deux sœurs et un frère. Aînée de la famille, elle est aussi une hyperactive incapable de tenir en place. Elle a grandi dans le constant agacement de ses parents qui ne cessaient de la réprimander. Et plus on lui criait dessus, plus elle protestait et plus elle était active. (In)volontairement, bien sûr. Mais à la naissance des jumelles, quand elle a failli en tuer une à force de faire n'importe quoi, ils ont fini par se débrouiller pour la faire soigner. Enfin c’est vite dit. Ils l’ont mis sous ritaline quelques temps, mais ses parents ne souhaitaient pas la gaver de médicaments et, dès que les jumelles furent assez grandes pour ne plus être des poupées de chiffon fragiles à proximité de leur sœur, ils firent cesser la médication. Lulu est aussi une enfant surdouée, la masse d’énergie qui l’habitait ne l’empêchant pas de découvrir – au contraire. Elle utilisait toute l’énergie à sa disposition pour parfaire sa soif de connaissance, et comme l’hyperactivité arrive rarement seule, ses problèmes d’attention et de concentration lui ont aussi, en bonus, transféré la merveilleuse capacité de faire deux voire trois choses à la fois. Même s’il fallait, et il faut toujours, s’accrocher sévèrement pour la convaincre de terminer un bouquin. Malgré toute sa bonne volonté, l’hyperactivité n’a pas que des avantages. L'intelligence de Lulu, loin de ravir ses professeurs, leur a surtout tapé sur les nerfs. La petite surdouée, ou l’élève type que les professeurs n’aiment pas alors qu’on aurait pu croire le contraire : indisciplinée, absolument pas travailleuse, mais très bonne élève, donc impossible de la réprimander pour son absence de travail. Elle semblait tout connaître en avance de son âge et n'a d'ailleurs pas tardé à sauter une classe pour finalement se retrouver plus jeune d'un an que tous ses camarades. Mais son hyperactivité allait de toute façon régler ce problème d'âge de façon plus ou moins... radicale. Elle avait approximativement onze ans le jour où elle a fait une chute de 2 étages en sautant sur sa table pour exposer une idée qui lui tenait vraiment à cœur. Page glissante sur le bureau, perte d'équilibre. Nul ne sait comment elle a pu s'en sortir vivante, sans doute parce que dans sa chute elle a réussi à se rattraper plusieurs fois à des rebords pour se freiner. Elle n'est pas sortie indemne cependant et a passé plus d'un an dans le coma... Année pendant laquelle est né son petit frère. Personne ne sait pourquoi, étant donné que sa mère était déjà enceinte avant son accident, mais Lulu a toujours considéré que si son frère était né, c'était pour la remplacer. Elle en a voulu à ses parents d'avoir soi-disant cru qu'elle ne se réveillerait jamais et à son frère de simplement exister. Elle se plongea dans une rage sans bornes et son envie de mouvement perpétuel s'est défoulé dans ses crises de nerfs et dans son entraînement sportif permanent. Elle a donc haï sa famille du plus profond de son être, n'adressant la parole qu'à celle de ses sœurs qui, comme elle, était en froid avec leurs parents. Elle a raté une année supplémentaire par dépit, refusant totalement et catégoriquement d’étudier quoi que ce soit. Puis, comprenant à force de temps que son espèce de névrose était un problème, elle s'est inscrite sans leur accord dans un lycée spécialisé dans une ville où habitait l'une de ses amies rencontrées sur internet, Julia, et les a mis devant le fait accompli, clamant haut et fort que, de toute façon, ils voulaient la remplacer depuis longtemps. C'est passé assez mal. Déjà parce qu'elle avait falsifié des documents officiels en imitant la signature de ses parents et qu'elle était allée jusqu'à téléphoner au lycée en se faisant passer pour sa mère, malgré le prix des appels vers l'étranger. Elle avait même utilisé leurs cartes de crédit pour se payer un billet d'avion en aller simple non remboursable pour avril et fait en sorte de passer ses examens en anticipés dans son lycée. Son père s'inquiétait trop pour les problèmes qu'elle pourrait s'attirer avec la loi pour oser la dénoncer, étant donné toutes les accusations que ces falsifications pouvaient entraîner contre elle, mais sa mère n'a pas lâché l'affaire si facilement. Même si ça faisait des années qu'elles ne s'adressaient plus la parole, voire qu'elles se tapaient dessus à chaque fois qu'elles ouvraient la bouche, elle n'avait pas l'intention de la laisser partir si facilement. Elle l'inscrivit dans un lycée de chez elle et lui confisqua son billet d'avion. Les négociations furent tendues, pour ne pas dire qu'elle coûtèrent cher en réparations de vitre, mais elle finit par convaincre sa mère qu'il était mieux de la laisser partir. Son service à thé préféré éclaté au sol et l'horloge précieuse qui s'apprêtait à la suivre furent des éléments déclencheur. Oui, on appelle ça du chantage, en effet. Toujours est-il que par inquiétude pour son mobilier, et aussi pour son fils qui commençait sérieusement à avoir peur de sa sœur, elle la laissa partir à la seule et unique condition qu'elle ne cause pas de problèmes une fois sur place. Même si les papiers signés étaient des faux, elle était techniquement responsable si Lulu commettait des actes répréhensibles et elle connaissait suffisamment bien sa fille pour savoir qu'elle en était capable. Elles ne se sont plus adressées la parole depuis, mais tant que Lulu se tient à carreaux, elles estiment ne pas avoir besoin de le faire. C'est beau l'amour familial. Si passer en Australie l'a un peu déstabilisée au début, elle a fini par s'habituer à la différence de fonctionnement, et la similarité des températures lui a évité de devoir s'habituer à ça aussi.
Relations : Relation conflictuelle : Lenzi Dixapel, sa mère. Elles sont en froid depuis l'accident de Lulu mais elle est sûrement celle à qui elle en veut le plus dans sa famille. Lenzi n'essaye pas réellement de prendre contact avec sa fille aînée.
Relation inexistante : Ray Dixapel, son père. On peut tout simplement dire que Lulu ne lui adresse pas la parole. Elle ne le déteste pas, elle ne manifeste juste aucun intérêt pour son existence.
Relation effacée : Lizy Dixapel, sa sœur. Aînée des jumelles, elle s'entendait très bien avec Lulu jusqu'à ce qu'elle ne manifeste une préférence pour la mode, les garçons et tous les trucs dits "fashions". Enfin, jusqu'à ce qu'elle n'adresse plus la parole à personne d'autre que ses copines bimbos et ses conquêtes, en clair.
Relation solide : Elisa Dixapel, sa sœur. Cadette des jumelles en froid avec ses parents, elle est la seule personne de la famille à qui Lulu accepte encore d'adresser la parole. En fait, elle est surtout une de ses grandes amies et une confidente bienvenue en cas de pépin.
Relation atrophiée : Andrew Dixapel, son frère. Né pendant son coma, elle l'a considéré comme une sorte d'enfant de remplacement parce qu'elle ignore que sa mère était déjà enceinte le jour de l'accident. Inutile de préciser, donc, qu'elle ne veut même pas entendre parler de lui.
Avril 2016 / Lulu-Ulrich Première rencontre, première ennemie, premiers problèmes What a man's gotta do ♫
I don't know how to keep my mouth shut, so what ?
__Et méprisante avec ça. En tout cas, vu le regard qu'elle lui lançait, le couteau semblait la tenir enchaînée. Pourquoi ? Avait-elle peur des armes, comme lui à une autre époque - dans une autre vie - ou simplement peur de la mort ? C'était assez surprenant, de la part d'une fille qui semblait frapper d'abord et réfléchir ensuite, d'avoir peur des conséquences de la violence.
__Elle était intéressante, cette petite brune aux cheveux longs, avec ses deux mèches devant le visage. Son esprit se remit à songer qu'elle était mignonne, avec son petit nez retroussé et ses yeux ambrés, ses mèches folles et sa peau sombre, qui changeaient tellement des centaines de visages d'australien pure souche qu'il côtoyait depuis l'orphelinat. Ses pensées cessèrent de vagabonder quand il remarqua que ses yeux s'attardaient depuis quelques instants sur sa poitrine.
__Bien, si avec ça elle ne lui collait pas son poing dans la figure, c'était qu'elle avait vraiment peur des armes. Alors quitte à être sur sa probablement longue liste noire... « Parasite ? Je dois te couper un doigt pour que tu sois plus gentille ? » Son sourire sarcastique n'était que de façade mais, dans le fond, il n'était pas si rassuré que ça. Bon et, évidemment, il n'avait pas l'intention de couper quoi que ce soit.
__Il l'aimait bien, enfin façon de parler. Il avait envie de voir jusqu'où il pouvait aller. De préférence sans qu'elle lui casse les os, mais tout de même. La taquiner, même si c'était comme mettre sa main sous le nez d'un lion affamé, c'était le genre de jeu dangereux auquel il avait envie de jouer. Même si ça allait être difficile de changer d'avis maintenant qu'il s'était jeté dans la cage du fauve. Autant jouer sa vie jusqu'au bout. « Je suis ravi de rencontrer une personne aussi... charmante ? » Ironie, douce ironie. Elle allait lui en vouloir, sûrement le frapper. Il raffermit sa prise sur son couteau. __Il en avait presque oublié le prof et l'autre élève qui avait rampé hors de la portée de la lionne en colère.
__« Ulrich ! Les armes sont interdites dans l'enceinte de l'établissement ! Lâchez ce couteau ! » Il était surpris qu'il se souvienne déjà de son nom. Il serra les dents mais baissa quand même son arme, prêt à la ressortir si elle faisait le moindre geste pour le frapper. Il n'avait pas envie de se faire expulser quelques semaines à peine après son arrivée dans ce lycée, et si pour cela il devait baisser son couteau sous l'ordre d'un professeur, il le ferait. __Même s'il n'irait pas jusqu'à le lâcher.
__La tétanie qui s'était emparée de la classe semblait calmée. Le garçon qu'elle avait frappé se tenait à côté du prof, un bleu commençant à colorer son arcade et les mains plaquées sous son nez pour contenir un léger saignement. Ulrich n'avait aucune idée de ce qu'elle lui avait fait avant qu'il n'intervienne, mais il s'en tirait bien pour quelqu'un qui avait été la cible d'une chaise et avait échappé à la table qui aurait dû suivre. __Ulrich, lui, doutait de s'en sortir avec juste un bleu et un peu de sang. Il l'avait provoquée et si elle ne le frappait pas maintenant, elle le ferait bien assez tôt.
Il la dévisageait. N'importe quelle fille aurait sûrement été gênée d'être ainsi détaillée mais elle, ça lui donnait juste envie de lui crever les yeux. Non seulement il débarquait pour se mettre en travers de sa route, mais en plus il se permettait de la toiser avec un regard lubrique. Qui que soit ce type, il méritait qu'elle lui brise les os. Surtout que là, c'était sa poitrine qu'il était en train de fixer. S'il n'avait pas eu ce foutu couteau...
Elle détestait ce genre de type qui n'étaient rien sans leur arme. Les lâches qui se cachaient derrière un couteau - ou pire, un flingue - parce qu'ils n'étaient pas fichus de se battre eux-même. Elle serra les dents. Il fanfaronnait comme un gosse qui avait le meilleur jouet. Lui couper un doigt, hein ? Elle lui aurait bien coupé autre chose.
- Tu rigoleras moins quand je t'aurais pété la mâchoire.
"Charmante", qu'il disait. Il se foutait d'elle ouvertement. Elle aurait pu tuer pour moins que ça. Son regard se détacha un quart de seconde du couteau pour se poser, méprisant à souhait, sur Alex qui avait rampé jusqu'au prof. Il pleurnichait pour un peu de sang. Pitoyable. Après la remarque du professeur qu'elle écouta à peine, elle perçut plus qu'elle ne vit que le couteau s'écartait de sa gorge. Son poing partit tout seul, frappant l'autre en plein visage.
- Je vais pas te laisser te foutre de moi en toute libérté !
Le réduire en miette, lui écraser le crâne contre un mur, lui casser quelques dents... peu importe tant qu'elle pouvait le faire taire. Ou mieux : le faire disparaître. La colère enflait dans son cœur et lui serrait la poitrine. Sans sa lame, il était sans défense, et il allait regretter de s'être mis en travers de son chemin.
- Dixapel ! Ça suffit ! cria son prof
Cela fit l'effet d'un électrochoc à tous les élèves présents. Même elle eut un instant d'hésitation. Il l'avait appelée par son nom de famille. C'était... inhabituel et dérangeant. Ça avait aussi sorti les autres élèves de leur contemplation tétanique ; elle le constata quand l'un d'eux attrapa son bras pour l'empêcher de frapper à nouveau l'autre parasite.
- Lâche-moi, connard !
Elle se dégagea d'un coup sec mais d'autres de ses camarades prirent le relais. A trois, ils étaient plus forts qu'elle et elle serra les dents, incapable de se débarrasser l'eux. Trois contre un, une autre forme de lâcheté. Du coin de l'oeil, elle en vit aussi un partir en courant dans les couloirs. Ce n'était pas difficile de deviner ce qu'il comptait faire : prévenir quelqu'un pour mettre fin à leur combat. Même si elle arrivait à se débarrasser des trois lâches qui la retenaient, elle n'aurait pas le temps de mettre à exécution toute les idées que sa colère faisait tourner dans sa tête. Comme elle ne pouvait plus le frapper, elle jeta un regard le plus haineux au parasite qui se pavanait devant elle. Dans ses yeux brûlait la promesse qu'elle lui ferait la peau un de ses jours. Et elle avait la ferme intention de la tenir.
Avril 2016 / Lulu-Ulrich Première rencontre, première ennemie, premiers problèmes What a man's gotta do ♫
You're gonna be the end of me, I know what you're made of
__Elle l'avait frappé. Et fort, en plus. Il lui semblait avoir entendu un craquement au niveau de son nez et, certitude absolue, du sang était en train de couler sur sa lèvre supérieure. Il espérait très fort qu'il n'était pas cassé et qu'il ne se retrouverait pas défiguré - même si cette réflexion semblait hors de propos dans une telle situation. C'est qu'elle avait de la force, cette garce ! Il se massa le nez d'une main, gardant son couteau levé dans l'autre, prêt à riposter.
__Le cri du prof le prit au dépourvu. Il fut surpris d'entendre le nom de la jeune fille, puis un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Elle s'appelait vraiment Lulu Dixapel ? C'était... mignon. Clairement trop mignon pour une fille comme elle, ce qui rendait le contraste encore plus saisissant. Il nota l'information dans un coin de sa tête. Connaître son prénom, c'était l'occasion de le prononcer sur un ton mielleux qui allait l'exaspérer à coup sûr. Connaître son nom de famille, c'était la clef vers beaucoup d'informations. __Des cartes de plus dans son jeu dangereux.
__Son couteau remonta tout seul, mu par un réflexe plus vieux que lui, pour parer un coup qui ne vint jamais. Quelqu'un l'avait arrêté pour lui, sauvant sas doute une partie de son visage - et, à bien y réfléchir, sans doute plus vu qu'une blessure l'aurait mise en furie. Ulrich lança à son allié improbable un regard reconnaissant avant que Lulu ne dégage son bras. __D'un geste désinvolte, il essuya le sang qui coulait de son nez et planta son regard dans le sien.
__Maintenant qu'elle ne pouvait plus le frapper, il la trouvait beaucoup moins effrayante. Finalement, même elle pouvait être arrêtée. Certes, il fallait trois personnes pour y parvenir, mais le résultat était là. « C'est pas drôle, j'aurais préféré plus de cynisme. » lâcha-t-il d'un ton nonchalant, comme une dernière provocation avant de replier son couteau. __Enfin, il était quand même content de s'en être sorti en un seul morceau. Il avait sous-estimé sa force.
__Croiser son regard plein de haine lui tira un frisson désagréable. mais il y avait pire. « M. Kirschten, venez par ici. » Maintenant que la furie était calmée, le prof avait retrouvé sa sérénité. Ulrich prit une grande inspiration malgré la voix qui lui hurlait de partir en courant comme il en avait l'habitude. Il n'attendit pas que le professeur explicite sa pensée. __Avec un soupir, il posa son arme sur le bureau et mit ses mains dans ses poches. « J'en ai pas d'autre. » dit-il en réponse au regard méfiant du prof.
__C'était faux, il en avait plein d'autres dans l'école et ailleurs, mais il avait ce petit espoir qu'on le croie et qu'on ne le confisque pas les autres. « Je ne demande qu'à vous faire confiance, jeune homme, mais nous allons quand même fouiller votre chambre. » Raté. Ulrich serra les dents mais acquiesça. Ce n'était qu'un revers mineur, il pouvait facilement s'en procurer d'autres si on lui confisquait ceux qu'il gardait ici. __« James, accompagnez Alex à l'infirmerie. Quant à vous deux, j'espère que vous êtes conscients que vos actes auront des conséquences. » Le garçon qui était sorti en courant choisit ce moment pour revenir avec un surveillant. Ulrich soupira. Oui, il en était plus que conscient, et elles ne seraient pas seulement disciplinaires.
Elle avait au moins le plaisir de l'avoir fait saigner, et elle le savourait pleinement. C'était extrêmement satisfaisant de voir son visage - ou en tout cas le bas de son visage - se maculer lentement de rouge. La scène lui tira un sourire carnassier. Il pouvait avoir l'air aussi détendu qu'il voulait, elle savait qu'elle lui avait fait mal et ça, ça n'avait pas de prix.
Même son commentaire faussement déçu ne lui tira qu'un froncement de nez agacé. Oh, il n'avait pas aimé qu'elle le frappe ? Il aurait préféré une nouvelle menace ou un nouveau regard glacial ? Dommage, elle n'avait jamais eu l'intention de lui faire plaisir. Toute la colère qui bouillait dans ses veines retomba d'un coup, détendant ses muscles et la laissant avec l'esprit lessivé par la baisse d'adrénaline.
- Monsieur, elle s'est calmée... je crois, lança un des élèves qui la retenaient.
Elle dégagea son bras avec un reniflement méprisant, et les deux autres élèves la lâchèrent à leur tour. Il avait raison, elle était calmée pour le moment, ce qui ne l'empêcha pas de toiser Alex avec tout le dédain dont elle était capable. Evidemment, il évita son regard pour fixer le canif qui venait d'être posé devant lui. Le dernier couteau du parasite.
Qu'il dise la vérité ou non, il serait bientôt désarmé, de gré ou de force. Une expression triomphante se dessina sur ses traits. Avec ça, elle pouvait être sûr qu'il lui foutrait la paix. Un lâche dans son genre n'oserait pas entraver à nouveau sa route sans son arme. Conclusion : ce n'était qu'un incident isolé qu'elle allait vite oublier. Ou presque.
- Quant à vous deux, j'espère que vous êtes conscients que vos actes auront des conséquences.
Lulu serra les dents. Evidemment, elle avait oublié ce léger détail. Son prof était peut-être impuissant à l'arrêter, mais il avait largement les moyens de lui faire regretter ses actes. Surtout avec l'aide du surveillant qui venait d'entrer. Pour cacher sa frustration, elle fusilla du regard son camarade qui se dirigeait vers l'infirmerie, et il baissa les yeux. Elle ne se faisait pas d'illusion : il avait peur pour l'instant, mais il était trop débile pour ne pas revenir la provoquer plus tard. Dans quelques jours, quelques semaines peut-être.
- Est-ce que vous m'écoutez, au moins ?
Lulu sortit de ses pensées pour fixer le prof avec un air blasé. Non, elle n'avait rien écouté, et elle fit un effort surhumain pour ne pas lui dire qu'elle s'en tapait complètement. L'homme poussa un soupir.
- Je disais, le directeur aura deux mots à vous dire alors je vous conseille de vous rendre à son bureau dès maintenant.
Ce n'était pas un conseil, c'était un ordre, comme en témoignaient son camarade réquisitionné pour les accompagner et le surveillant planté à côté de la porte qui ne les lâcherait pas d'une semelle.
- Je vais le tenir informé des événements. Ne testez pas sa patience.
Lulu soupira. Elle n'avait aucune envie de subir un sermon du directeur, surtout pas en compagnie d'un type à qui elle avait peut-être cassé le nez. Mais les mots du professeur ne souffraient aucune contradiction et elle ne prendrait pas le risque d'aggraver son cas. Le visage fermé, elle suivit son camarade à travers les couloirs, sans un regard pour le parasite qui l'avait mise dans cette situation. Oui c'était sa faute, et tant pis si c'était de l'hypocrisie.
Avril 2016 / Lulu-Ulrich Première rencontre, première ennemie, premiers problèmes What a man's gotta do ♫
Can you see how much I hate you, now ?
__Ulrich regarda le prof prendre son couteau avec une grimace. Il détestait qu'on lui confisque ses affaires, et il tenait à cette lame autant qu'à sa propre vie. Peut-être parce qu'elle était garante de sa vie, justement. Sans son couteau pour se défendre, où en serait-il aujourd'hui ? Peut-être qu'il aurait été gravement blessé par les types qu'il avait envoyés à l'hôpital, peut-être qu'il n'aurait jamais armé les musiciennes de son groupe et qu'elles se seraient fait agresser... __L'amertume lui serra la gorge quand il vit son arme disparaître dans les affaires d'un professeur anonyme.
__L'expression triomphante de Lulu ne l'aidait pas à relativiser. Sans son couteau, il avait plutôt intérêt à l'éviter du mieux possible. Jusq'à ce qu'il se procure une nouvelle arme. Ou mieux : qu'il récupère celle-ci. S'il pouvait trouver le bureau du prof, trouver ses horaires, savoir où il allait ranger sa lame... __« Est-ce que vous m'écoutez, au moins ? » Ulrich releva brusquement la tête. Euh... non, j'ai rien écouté ?
__Bon, ce n'était pas vraiment le moment d’échafauder des plans pour récupérer son bien. Il aurait tout le temps d'y penser plus tard. Alors il secoua la tête en signe de dénégation et le prof soupira. Il répéta ce qu'il venait de dire sur un ton passablement blasé et Ulrich serra les dents. Quelle était la punition pour avoir menacé une autre élève avec une arme blanche ? Sûrement plus que les heures de colle qu'il s'était amusé à compter. __Est-ce qu'il aurait droit à des circonstances atténuantes étant donné que ladite élève lui avait balancé une chaise à la figure (involontairement) et un violent coup dans le nez ? __Non, il en doutait sérieusement.
__Il fit tout le chemin vers le bureau du proviseur en s'insultant mentalement pour s'être mêlé de cette histoire. Ses parents adoptifs ne pourraient pas lui sauver la mise éternellement. S'il se faisait renvoyer, ils allaient surtout lui couper les vivres. Il jeta un regard noir à Lulu qui marchait à côté de lui. __C'était elle qui l'avait entraîné là-dedans.
__« Tu pourrais aller me chercher de la glace ? » demanda-t-il à l'élève qui les avait accompagnés. Il n'en avait pas vraiment besoin, mais c'était une façon comme une autre de se retrouver seul avec elle pour régler ses comptes avant de l'éviter pour les mois à venir, maintenant que le surveillant était de l'autre côté de la porte. Elle n'oserait pas le frapper en étant si proche du directeur... pas vrai ? Mais son camarade fit non de la tête avant d'envoyer un sms. « Je dois pas vous laisser seuls, James va t'en rapporter. » __Soupir. D'accord, pas bouger et attendre de se prendre un sermon sans s'engueuler avec la jolie brune. Pigé.
__Ulrich croisa les bras et s'appuya contre un mur en attendant que l'info parvienne au directeur et qu'il décide de leur sanction. Instinctivement, il se mit à fredonner, plus par réflexe qu'autre chose. Ça le soûlait profondément d'être là, mais il avait une chanson pour chaque situation, et celle qu'il sifflotait n'avait rien de joyeux. Plutôt lugubre, en fait. __Peut-être que si la glace arrivait assez vite, il pourrait jouer le rôle de la victime.
Lulu tapota sur son bras en retenant un énième soupir. Elle avait hâte d'en finir avec cette histoire, de savoir quelle serait sa punition et de l'expédier vite fait. Mais elle n'était quand même pas très rassurée. Si cette histoire parvenait aux oreilles de sa mère, elle risquait de se faire rapatrier en Jamaïque sans autre forme de procès. L'idée de revoir son frère et de le supporter raviva sa colère et le parasite choisit ce moment pour parler. Comme s'il l'avait fait exprès.
- Je te déconseille de rester seul avec moi, cracha-t-elle.
Comme pour l'approuver, leur camarade refusa et envoya un message à celui qui accompagnait l'autre lavette de Kayuko à l'infirmerie. Elle aurait aussi pu le cogner pour pouvoir taper allègrement sur le parasite, mais le surveillant pouvait ressortir du bureau du directeur à tout moment et ça ne pourrait qu'aggraver sa situation. Elle n'avait pas besoin d'être prise sur le fait alors qu'on reportait déjà le moindre de ses gestes derrière cette porte.Alors elle contint tant bien que mal sa rage... jusqu'à ce que cet abruti se mette à chanter.
Elle pouvait tolérer de se retrouver là parce qu'il s'était mêlé de ses affaires. Elle pouvait supporter qu'il essaye de s'enfuir en détournant l'attention de celui qui les gardait à l’œil - enfin elle espérait pour lui qu'il cherchait à s'enfuir et pas à se battre avec elle. Mais elle ne pouvait pas décemment accepter, en plus, de l'entendre chantonner comme s'il se fichait de la situation. Et d'elle, par la même occasion. Avant que leur camarade puisse faire quoi que ce soit, elle attrapa le parasite par le col.
- Tu vas fermer ta grande gueule ?!
L'autre élève toussota pour signifier qu'il était toujours là et elle lâcha sa cible avec une moue méprisante. Elle détestait se retrouver sous l'autorité d'un mec qu'elle aurait pu casser en deux avec un peu de volonté. Mais il avait été chargé de les surveiller et nul doute que le moindre écart de conduite finirait dans l'oreille du directeur. Saloperie de système scolaire.
La porte qui s'ouvrait l'empêcha de faire chanter son camarade avec diverses menaces pour qu'il la laisse libérer sa colère tranquillement. Le surveillant en sortit et lui ordonna d'entrer la première. C'est donc après un regard meurtrier à tous ceux qui l'entouraient qu'elle entra dans le bureau du directeur, les bras croisés et avec une profonde envie de faire demi-tour. Tout ça la soûlait profondément. Entendre un sermon, écoper d'une punition, recommencer si elle ne se calmait pas... Elle écouta tout quand même, au cas où "contacter les parents" se serait glissé dans la liste.
Elle en ressortit très énervée et, si elle n'explosa pas, c'était parce qu'on l'avait encore à l’œil. Une semaine consignée dans sa chambre pour une pauvre chaise et une tête contre une table ? Et en plus de ça, évidemment, on lui imposait d'attendre que l'autre abruti se soit aussi fait sermonner, puis de passer un mois à faire des corvées alors qu'elle serait crevée par des heures de sport. Vraiment génial... Ils n'avaient aucune considération pour la santé de leurs élèves, ou quoi ? C'était pas illégal de forcer quelqu'un à travailler autant dans la journée ?
Avril 2016 / Lulu-Ulrich Première rencontre, première ennemie, premiers problèmes What a man's gotta do ♫
How am I gonna survive this ?
__Sans rire, c'était une mauvaise idée de rester seul avec elle ? Mince, j'aurais jamais cru. Il leva les yeux au ciel à sa remarque pour lui faire comprendre qu'il n'était pas stupide et que ça n'avait jamais été son intention. Même si ça avait été son intention, en vérité. Pour profiter un peu de la position de force que lui offrait le bureau du directeur juste à côté. __Ça c'était son esprit tordu, elle n'avait pas à le savoir.
__Il ne vit le mouvement de Lulu que lorsque sa main se referma sur son col pour le tirer vers elle, et il eut droit à un gros plan sur toute la haine qui brûlait dans son regard. Comment pouvait-on se mettre en colère si facilement et pour si peu ? Elle avait de l'eau bouillante dans les veines, ou quoi ? __« Je fais encore ce que je veux », répliqua-t-il avec un regard sanglant après qu'elle l'eut lâché.
__Elle fut convoquée à l'intérieur avant qu'il n'eut le temps de regretter ses paroles et d'en assumer les conséquences et il poussa un discret soupir de soulagement. Toute la tension dans son corps dont il n'avait même pas conscience tomba d'un coup et il vacilla, s'appuyant d'une main contre le mur. __« Tout va bien, jeune homme ? » demanda le surveillant d'une voix où ne transparaissait aucune inquiétude sincère. Ulrich hocha la tête et reprit sa position initiale, bras croisé et dos au mur, en attendant que la situation évolue.
__Le fameaux Maoru arriva finalement avec une poche de glace et un mouchoir qu'Ulrich posa sur son nez pour faire bonne figure, même s'il n'avait plus vraiment mal. Il essuya le sang qui avait coulé sur sa lèvre et celui sur sa main avant de remercier le garçon d'un signe de tête. __Puis Lulu sortit de la pièce et il vit à sa tête que la punition n'allait pas lui plaire.
__Et c'était peu de le dire. Il eut beau jouer les pauvres victimes avec un talent d'acteur moyennement convaincant vu comme il était énervé, il écopa aussi d'une semaine d'exclusion puis d'un mois de corvée, avec en prime une fouille approfondie de sa chambre. Quand il sortit il fut, pour une fois, moins pragmatique que Lulu. Sitôt la porte fermée, il balança un coup de pied dans le mur avec un "fait chier" tout croit sorti du cœur.
__Il ignora le regard réprobateur du surveillant, tout comme il se fichait qu'on ait pu l'entendre de l'autre côté du mur. Il s'enferma dans un silence morose jusqu'à atteindre sa chambre, sa prison pour les jours à venir. Ils avaient laissé Lulu en route, chez les filles, mais il n'était pas détendu pour autant - et il ne le serait sûrement pas pour un bout de temps. On allait lui enlever ses armes. Toutes ses armes, son seul moyen de défense contre le monde extérieur. __Son seul moyen de défense contre cette cinglée qui avait juré de lui faire la peau. __Sa vie ici promettait d'être paradisiaque...