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Lun 13 Juin - 23:07
Saki Ôsen
M • Laborantine à Londres
Saki Ôsen


:

Je sens sa main chaude tout contre la mienne. Elle semble apeurée. Je ne suis pas beaucoup plus âgée qu'elle au final, enfin moi je le sais mais aux yeux des gens qui nous entourent, je ne sais même pas s'ils voient que je suis plus âgée. Peu importe, je ressens comme une sorte d'instinct qui me pousse à l'aider. Pas maternel non, plutôt ... sororal. C'est comme si cette jeune adolescente était ma petite sœur. Elle a cette petite bouille adorable qui nous fait oublier l'espace d'un instant, les horreurs de ce monde et tout cette haine accumulée en nous pour tout ce qui nous attriste ou nous blesse.

Elle a pourtant à peine croisé mon regard quelques minutes plus tôt, mais ce fil rouge entre nous a tout de suite été connecté.
Je suis surprise, je ne suis pas le genre de personne qui attire les gens vers moi, ou qui a tendance à inspirer confiance. Mon style vestimentaire et le visage totalement dénué d'émotions qui me suit à chaque seconde suffit à décourager les plus téméraires. Mais je n'ai pas réussi à décrocher de son regard si fragile quand elle a accroché le mien.

Peut-être que le fait de me tenir la main la rend mal à l'aise mais qu'elle est trop polie pour me le dire. Je sens qu'elle serre mes doigts comme si elle avait peur que la foule qui nous entoure l'arrache à cette petite étreinte qui semble la ramener vers la lumière. Elle a cette expression sur son visage chaque fois que je me retourne qui me crie 'ne me laisse pas toute seule, je t'en supplie'. Elle me déchire le cœur.
Je ne sais pas qui elle est, je ne sais même pas son prénom, et elle ne sait rien de moi non plus. Elle a simplement posé la main sur mon épaule alors que je caressais ce petit chien là qui me tournait autour depuis quelques minutes. Il a fini par pisser sur ma chaussure droite mais c'est normal, j'avais changé de centre d'attention lorsque j'avais levé la tête vers la petiote, beaucoup plus grande que moi à ce moment là ... vu d'en bas.

Je me suis relevée, j'ai entendu ces paroles, et j'ai surtout retenu cette voix cristalline qui sortait de cette petite bouche toute fine. Elle ressemblait à une petite poupée de porcelaine et à cet instant, j'ai eu des pensées noires. J'ai soudain eu de l'inquiétude, de l'angoisse. J'ai eu cette drôle d'impression qu'elle était tout à fait le genre de cibles qui alimentaient le cœur et le corps de tous ces êtres malsains et rongés par la perversité, avides de chair fraîche immaculée. Elle était trop fragile, elle ne devait pas rester toute seule.
Le petit chien s'est enfui, conscient qu'il ne pouvait pas lutter contre l'adolescente aux pommettes roses. Je suis restée là, bras ballants à attendre qu'elle répète ce qu'elle venait de me dire, parce que je n'avais pas eu le temps de réaliser qu'elle s'adressait à moi comme à une jeune femme adulte.

Et puis tout est allé très vite, elle m'a demandé de lui indiquer la rue Ujima parce qu'elle était tout simplement perdue.
J'ai failli rire au début, je pensais qu'elle se moquait de moi. Elle n'avait pas de portable ? Pas de GPS mobile ? Ou un ami à appeler pour l'aider ? Qu'était-elle venue faire ici si elle ne connaissait pas cette rue constamment bondée de monde ?
Et puis, j'ai relativisé, parce qu'au fond, même moi, je ne savais pas ce que je faisais ici. J'avais marché, juste marché, sans savoir où j'allais, mais mon sens de l'orientation était aiguisé comme un fil de rasoir et j'avais toujours tendance à retrouver la trace de mes pas. Alors j'ai haussé les épaules, incluant l'adolescente dans mon monde sans éducation pendant une fraction de seconde, et puis j'ai oublié toutes mes questions.

Je lui ai simplement tendu la main.

Et elle l'a prise.

Cette confiance aveugle qu'elle a eu pour moi à cet instant m'a bouleversée. J'ai senti mon cœur se serrer, puis se briser en mille morceaux d'être ainsi traité. Je n'ai que peu d'espoir en les autres. Je considère qu'ils n'existent que pour me blesser ou me détruire, alors je ne leur accorde pas le moindre intérêt et surtout je ne leur permets pas de me toucher avec leurs yeux. Pourtant, cette petite rouquine, aussi fine et légère qu'une feuille en papier de verre, détruit toutes mes barrières les unes après les autres, juste avec un sourire, un regard, ou la douceur de sa peau sur la mienne. Elle est agréablement nocive.

Elle ne peut pas voir qu'elle me chamboule complètement, parce que je marche devant elle et je la traîne derrière moi. J'ai presque essayé d'être brutale, pour lui montrer que le monde c'est pas aussi doux et rose qu'elle semble le croire, elle a été naïve de venir me parler, j'aurais pu être quelqu'un d'horrible et de dangereux, mais elle ne sait pas tout ça. Elle est encore trop jeune. Elle aussi, elle tombera sur des êtres mauvais, nés pour se moquer des autres, pour les ratatiner même lorsqu'ils essayent de se relever en mettant leurs dernières forces. Elle finira par rencontrer un Yoite à son tour, qui ira jusqu'à semer un étrange sentiment, comme une petite idée impossible à retirer de son esprit, la persuadant qu'elle a toujours existé et qu'elle en est même l'auteur. Elle regrettera alors d'avoir été aussi crédule...

Mais pour l'instant, elle lâche ma main.
Je m'arrête, persuadée d'avoir été trop loin dans la brutalité de mes pas, et je me retourne. Elle est encore plus souriante que jamais. Elle me désarçonne. Je reste là, sans voix, je pense ne pas avoir prononcé un seul mot depuis qu'elle m'a parlé, elle ne connait même pas le son de ma voix et pourtant, voilà qu'elle tend les bras et qu'elle s'approche de moi. J'ai envie de fuir, violemment. Mais mes pieds refusent. J'entends encore sa voix cristalline, saupoudrée d'émotions très claires, mais je ne cherche pas à comprendre ce qu'elle dit. Ce n'est que futilités.

Elle sent une étrange odeur de shampoing à la framboise et de bonbon à la nougatine. Ses cheveux viennent glisser le long de ma joue et de mon nez pendant qu'elle pose son menton sur mon épaule. J'ai envie de frotter mon visage pour faire disparaître cet horrible chatouillis mais si je bouge, elle va penser que je suis à deux doigts de lui rendre son étreinte, mais ce n'est pas le cas. Ce contact est saisissant, je le reconnais mais il est douloureux et beaucoup trop intrusif pour moi. Cette chaleur humaine ne fait que partir beaucoup trop vite après coup et elle est malsaine elle aussi, elle laisse tout le temps un vide chaotique derrière elle. Je la déteste.

Elle s'éloigne de moi, je comprends enfin que nous sommes arrivées à destination. Elle est chez elle. Elle marche vers ce petit escalier qui la reconduit dans ce domicile chaleureux qu'elle a l'air d'affectionner particulièrement. Une aussi belle petite poupée vit dans une petite maison discrète, très calme.
Elle se retourne une dernière fois et avec un sourire immense et beaucoup trop communicatif, elle me gratifie d'un merci très aigu et beaucoup trop exagéré. Je souris à mon tour, je ne peux pas m'en empêcher. Ma main tremble, elle a envie de se lever pour lui rendre ce geste qu'elle fait avec son bras, mais c'est beaucoup trop exubérant alors je me contente de pencher ma tête vers le sol pour la remercier de ce flot de sentiments et d'émotions qu'elle m'a transmis sans même le savoir.

J'entends la porte de leur maison s'ouvrir mais pas se refermer. J'attends encore un peu, elle doit être rentrée chez elle maintenant. Je relève la tête... je crois que j'ai encore ce sourire béat affiché sur mon visage.

Je crois...
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Jeu 11 Aoû - 16:48
Yoite Unden
S • Prof de maternelle
Yoite Unden


:
S • Prof de maternelle
Avril 2016.

Parce que l'être humain est faible, parce que les choses acquises perdent aussitôt de leur valeur, parce que l'interdit est bien plus attrayant, Yoite devait avouer qu'il avait délaissé sa chère et tendre petite princesse depuis plusieurs mois. Il l'aimait toujours autant, son amour pour elle était indéfectible et il attendait toujours son sourire chaleureux quand il rentrait chez lui et qu'elle venait vers lui. Mais il avait choisi de vivre sa vie, égoïstement, depuis quelque temps. Rentrant trop tard pour qu'elle soit encore éveillée, ne passant que très peu de temps dans sa chambre, n'allant plus la chercher à la sortie des cours comme il avait l'habitude de le faire dès qu'il le pouvait, ne répondant pas immédiatement à ses sms parce qu'un sujet plus intéressant -à l'époque- avait capté toute son attention ...
Les raisons avaient été nombreuses, parfois justifiées, d'autres fois intolérables. Et aujourd'hui, il accusait le coup. Sa petite sœur lui manquait et après une remise en question plutôt corsée sur ses obligations familiales, Yoi avait décidé de passer du temps avec elle aujourd'hui. La demoiselle lui avait raconté que son téléphone avait été cassé par l'une de ses copines dans le vestiaire des filles (il n'avait pas voulu en savoir plus) et il s'était fait mission de l'accompagner pour qu'elle en choisisse un autre puis ils iraient se promener, trainasser, se chamailler ... Comme avant, quoi.

La journée avait bien commencé mais vu le monde dehors, ils avaient décidé d'en profiter d'abord puis de terminer avec l'achat du nouveau téléphone. Ils passeraient la soirée dessus, tous les deux, à tenter d'en déchiffrer la maniabilité devant une série animée qu'ils connaissaient par cœur. Ils s'étaient achetés une glace à la fraise avec deux boules, ils avaient eu des fous rires devant les pires Purikura de leur vie tant ils avaient fait les idiots, Yoite avait passé 30 minutes chez le coiffeur pour se refaire "tout beau" pendant qu'elle jouait avec les outils pourtant interdits de ces dames, amusant les clients quand elle disait venir leur faire leur shampooing, ils s'étaient aussi arrêtés devant une animalerie ... Moment douloureux. Le petit rebelle ne ressentait pas d'intérêt face aux "bêtes", même les plus adorables. Il aimait jouer avec elles, les caresser, les emmerder aussi mais il ne craquait pas devant leurs yeux globuleux qui envoyaient sans cesse "adopte-moi" comme message. Sakura par contre ... Quelle vilaine crise elle fit quand il lui certifia qu'il ne lui prendrait pas ce petit chien tout blanc et gras qui gémissait depuis son départ. Elle avait un caractère borné mais là, elle fut juste chiante et terriblement immature. Il eut même envie de la faire rentrer à la maison tant elle le soulait!
Un bon burger-frites calma les choses et après une petite bataille de mayonnaise que Yoite perdit vu la grosse tâche sur le bas de son T-shirt, ils quittèrent le fast-food et se dirigeaient maintenant vers l'opérateur mobile que mademoiselle avait choisi. Ce ne fut qu'à quelques centaines de mètres que Yoite eut un coup de fil ... de Kasper. Son kouhai de natation à qui il adorait faire des blagues. Pour lui répondre plus sincèrement, il s'éloigna un peu en demandant à sa sœur de l'attendre ici, qu'il ne serait pas long. Évidemment, leur conversation s'éternisa un peu plus que prévu, Kasper était si imprévisible que les réponses aux questions posées enchainaient des réactions hors norme. Ils étaient devenus amis depuis "cette fois" dans les thermes où ils avaient franchi la limite et s'étaient revus depuis au club, entre autre. Il était chou ce grand délinquant.

Ce qui fut moins chou, ce fut de constater que Sakura n'était plus là quand Yoite revint là où elle aurait dû l'attendre. Fronçant les sourcils, le bleudinet pensa d'abord à une petite farce vengeresse, que la vilaine se cachait de lui pour lui faire une frayeur de quelques secondes et ça l'amusa de la chercher quelques instants. Mais au bout de 5 minutes, c'était déjà moins drôle et quand il éleva la voix pour commencer à l'appeler sous le regard des passants qui comprenaient aussitôt, Yoite n'était plus à l'aise. Il commençait à paniquer, à faire la gueule aussi mais plus contre lui-même d'avoir encore une fois privilégié sa vie plutôt que sa sœur. Pourquoi avait-elle bougé aussi?!!
Le petit japonais chercha pendant une grosse demi-heure, entrant dans tous les magasins à proximité et interrogeant vendeurs et vendeuses pour savoir s'ils ne l'avaient pas vu mais personne ne lui sauva la mise. Il était loin de la maison et il ne pouvait pas la joindre sur son téléphone car ... elle n'en n'avait pas. Était-elle rentrée par ses propres moyens? Franchement, ça serait louche mais ... que lui restait-il comme choix? Il flippait sa race!

De retour à la maison, il constata qu'il n'y avait personne qui poireautait sur le perron et la porte était toujours fermée à clefs lorsqu'il rentra. Là, il sentit son sang quitter son corps en moins de deux. Que faire? Appeler la police? Il regardait assez régulièrement les enquêtes policières pour savoir qu'ils n'agissaient qu'au bout de 48h pour des adultes ... mais des enfants? Ce serait la honte de déployer les forces de police si elle était juste allée chez une amie pour faire peur à son idiot de frère. Non, il allait attendre encore un peu, par principe.
D'ailleurs, il ne savait pas s'il devait retourner dans les rues pour la chercher ou l'attendre ici justement. Ce serait bête qu'ils se croisent quand même! Mais toutes ses interrogations furent stoppées par 3 petits coups distincts sur la porte d'entrée. Ni une ni deux, Yoite fila ouvrir avec l'espoir plus grand que jamais que Sakura lui ferait face ... et ce fut le cas. Yoite poussa un énorme soupir de soulagement avant de la serrer très fort dans ses bras pour lui témoigner, sans gène, qu'il l'aimait plus que tout. La peur de sa vie, oui.
Puis, ils discutèrent vite fait, il lui demanda où est-ce qu'elle était, pourquoi ne l'avait-elle pas sagement attendu, elle s'expliqua grossièrement mais parla surtout d'une jeune fille qui l'avait aidé à retrouver son chemin, qui avait été très gentille avec elle et délicatement, Yoi suivit le petit doigt bronzé de sa sœur vers une silhouette encore là, sur le trottoir. 2 secondes, c'est le temps qu'il lui a fallu pour la reconnaître, 5 secondes pour remarquer qu'elle n'avait pas changé sinon une nouvelle coupe de cheveux et 10 secondes pour ressentir à nouveau ces sentiments négatifs à son égard. Encore pire depuis qu'elle lui avait ramené sa sœur. Alors quoi? Elle essayait de se racheter avec des moyens aussi vils que toucher à sa famille? Mais cela était grossier, Ôsen devait tout simplement ignorer l'existence de sa princesse. Inutile de se leurrer, le destin leur jouait un sacré tour.


"Va à l'intérieur Saku, je vais aller la remercier. J'arrive."

Hors de question qu'elle suive le cours de leur conversation et hors de question qu'elle ne reprenne la poudre d'escampette. Elle allait être cloitrée pendant des mois!
Refermant la porte derrière sa Princesse, Yoite descendit calmement les marches de la maison vers le trottoir, quittant son piédestal pourtant pratique pour se porter à sa hauteur en oubliant les attitudes agressives qu'il gardait toujours d'habitude. Il devait prendre la parole en premier, la remercier avant qu'elle ne fuie ou ne se mette à hurler dans le quartier mais franchement, ça allait lui arracher la gueule. Jamais il n'avait eut l'intention de lui reparler, ne serait-ce que de la regarder ou de la frôler et voilà qu'il devait carrément lui faire ses louanges en tant que super héroïne du jour? Ben voyons.


"Ôsen ... si c'est pas un malheureux hasard, ça."

Il regretta aussitôt ses paroles. Mince, allait-elle penser qu'il parlait pour elle-même style "puisque tu reviens vers moi, c'est que tu en veux encore?" ? Non non, il parlait pour lui! Vite, il devait se reprendre.

"Enfin ... tu m'as ramené ma petite sœur, c'est tout ce qui compte. Je paniquais comme un cinglé à me demander si je devais appeler la police et tout! ... bref, merci. Merci beaucoup."

Voilà, il l'avait dit. Son éducation japonaise le força même à incliner légèrement la tête, ce n'était pas du cinéma, ce n'étaient pas des gestes qu'il faisait pour s'amuser. Il était sincère, mal à l'aise, peu joyeux de la tournure des choses mais sincère. Un acte imprévu de la part d'Ôsen (à se demander ce qu'elle aurait fait si elle avait su qui était Sakura depuis le début), une réaction contradictoire aux habitudes du rebelle ... Étaient-ils en train de changer tous les deux? Y avait peu de chance qu'ils soient sur la voie de la réconciliation et si Kim-Chae-Young-Le-Parfait passait par-là, il risquait de venir l'égorger mais ils faisaient un pas quand même. Le drapeau blanc était sorti, Sakura était leur barrière. Yoite n'allait pas jouer le monstre devant elle et Saki ne prendrait pas le risque de tout déballer à sa Princesse car un Yoite qui n'a plus rien à perdre, vaut mieux éviter.

- Yoi, Yoi! Y a des cookies! Elle peut venir en manger un peu, hein? Dis! Allez, s'il te plaît!

Yoi grimaça presque malgré lui alors que Sakura pointait son museau par l'ouverture de la porte d'entrée comme si de rien était. La garce, son côté ange se mélangeait parfaitement bien avec celui du démon sans même qu'elle ne s'en rende compte.
Pour le coup, il ne pouvait pas dire "non, elle a pas le temps" ce serait bizarre même s'il en mourrait d'envie. En fait, il espérait jute qu'elle allait prendre les devants et prétexter n'importe quoi qui la ferait s'en aller rapidement. Mais de son côté, il devait jouer son rôle d'adulte poli et protecteur en public (saleté de fierté!), aussi -incapable de prononcer le moindre mot- il se bougea sur le côté et de sa main gauche, il lui proposa d'entrer en territoire ennemi sans craindre d'être agressée. Son visage bien que poli reflétait son mépris face à cette situation qui tournait un peu trop à un jeu du chat et de la souris ...
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Dim 5 Fév - 15:17
Saki Ôsen
M • Laborantine à Londres
Saki Ôsen


:
Est-ce que c'était possible d'avoir autant de malchance ? Sincèrement Saki en doutait fortement. Lorsqu'elle avait relevé la tête et qu'elle avait aperçu la silhouette de Yoite sortir de la petite maison beaucoup moins charmante d'un coup, Saki n'avait pas pu empêcher son visage de se déformer littéralement pour arborer doucement les traits d'un masque d'horreur et de peur. Elle n'arrivait même pas à réaliser ce qui se passait là juste devant son nez. Elle n'arrivait plus à réfléchir, elle avait juste envie de fuir à toutes jambes et de s'enfermer chez elle pour ne plus jamais en sortir puisqu'il la traquait constamment, mais ça aussi elle en était incapable. Elle était tétanisée.
Ce qu'elle pensa aussitôt quand on esprit se remit à fonctionner à défaut de son corps, c'était que Yoite l'avait piégée une fois de plus. Il avait utilisé sa petite sœur comme appât pour profiter de sa gentillesse et la conduire à subir encore les mécréances de cette infâme pauvre merde qu'il était. Il était d'une bassesse et d'une horreur indéfinissable. Quand allait-il penser à grandir et à lui foutre la paix ? Qu'est-ce qu'elle avait bien pu faire dans ses vies antérieures pour mériter autant de châtiments dans celle-ci ?

Elle le regarda s'avancer vers elle. Son visage trahissait son mépris et sa colère. Elle tiqua un peu d'ailleurs de ce comportement qu'il affichait. Il n'avait pas l'air supérieur et mesquin qu'il portait d'habitude, il était plutôt mal à l'aise et vexé.
La première phrase qu'il prononça annonça clairement la couleur de ses intentions. Elle allait souffrir d'être venue d'elle-même se jeter dans la gueule du loup... et en plus il ne la remerciait même pas d'avoir été si crédule. Il manquait vraiment de manières.

Saki ne répondit pas, elle se contenta de le regarder. Ses deux mains étaient restées le long de ses jambes pendant qu'elle faisait la courbette et désormais ses doigts serraient fortement le bas de son pull pour leur éviter de trembler. Elle sentait son regard faiblir de voir ses yeux jaunes qui la hantait depuis des années, mais ce qui arriva ensuite la laissa perplexe. Yoite la remercia et il fit même preuve de politesse et de respect.
Saki ne put retenir un "Oh !" très léger et porta la main à sa bouche de le voir faire ça. Elle venait de réaliser que lui aussi par moments il était humain et qu'il avait aussi des faiblesses. Mais surtout que s'il jouait la comédie, il allait beaucoup trop loin cette fois-ci.
Autant Saki pouvait supporter les moqueries, les méchancetés et les rires débiles de ses camarades, autant elle ne supportait pas qu'on puisse rire au nez de l'éducation et des us et coutumes japonais. La famille et les marques de politesse chez elle, c'était sacré.
A ce moment là elle ressentit une colère, une petite boule de feu qui émergea en elle et elle su immédiatement comment la nommer : Courage. Kim lui avait indiqué qu'un jour la souffrance perdrait son rôle et son importance sur elle, et qu'une onde de suffisance viendra insuffler du courage à ses intestins pour lui donner le moyen de changer les choses et de reprendre le cours de sa vie. Elle le savait que c'était maintenant.

Elle ne répondit toujours rien parce que malgré le fait qu'elle était là pour accomplir une bonne action, elle regrettait sincèrement avoir ramené cette jeune fille en sachant désormais que c'était la petite sœur d'un gros connard. Elle ne lui souhaitait pas de mal du tout, au contraire mais elle aurait préféré que quelqu'un d'autre se charge de ce fardeau et qu'il prenne sa place là à tenter de supporter un Yoite grisé et dont la fierté venait de prendre du plomb dans l'aile.
Elle sentit qu'elle était désormais maître de ses mouvements et qu'elle allait pouvoir s'en aller d'ici vitesse grand V quand la petite sœur de Yoite ajouta sa dose de poisse à la recette déjà bien pimentée. Elle eut à peine le temps de faire un pas de côté et de sentir le vent venir caresser sa joue droite qu'elle se retrouvait invitée à manger des cookies avec son pire ennemi. Elle se demanda sincèrement si la petite sœur n'était pas faite du même moule et qu'en fait elle participait à cette horreur en étant fière d'être une petite garce qui faisait tout comme son frère.

L'invitation muette et coincée de Yoite la fit hésiter. Sincèrement. Même elle en fut surprise.
Sur le coup, elle eut envie de refuser poliment mais violemment. Elle n'avait aucune envie de rester ici, et encore moins de passer du temps avec lui et sa petite sœur, en plein cœur de la forêt maudite qu'était sa maison. Elle le détestait et se passait très bien de lui mais cette fois les choses étaient différentes. Elle avait les cartes en main, et l'attitude de Yoite - si Saki ne se trompait pas sur toute la ligne - lui disait clairement qu'il avait pas envie qu'elle vienne manger des cookies, il n'avait pas envie qu'elle vienne chez lui et rien que pour ça, rien que parce que cette fois ce serait elle qui ferait quelque chose qu'il n'a pas envie de subir, elle accepta l'invitation.
Le visage de Yoite se décomposa discrètement mais Saki en fut la première spectatrice et elle lui envoya un sourire pour lui faire comprendre qu'à cet instant précis, elle commençait à prendre les commandes. Elle se doutait bien qu'il risquait de venir se venger plus tard à l'école mais elle s'en fichait, elle n'avait plus peur de lui et il ne pouvait sûrement pas la rendre plus ermite et solitaire qu'elle n'était déjà. Il aurait déjà du mal à la trouver puisqu'il ne connaissait ni son emploi du temps, ni son laboratoire secret. Ce que Saki ignorait en revanche, c'était que Kyôsuke connaissait bien Yoite.

Elle passa devant lui, en petite plume légère qui fait à peine bouger les feuilles des buissons qu'elle frôle et pénétra dans le territoire des Unden. Elle avança à petit pas, sachant pertinemment que Yoite devait suivre son avancée avec un regard meurtrier dans son dos, prêt à bondir au moindre faux pas. Elle arriva près de sa petite soeur à la porte.

- Je te remercie.

Le sourire que la jeune fille afficha pinça à nouveau le cœur de la petite odd. Comment pouvait-elle être aussi magnifiquement douce et gentille alors que son frère était une telle pourriture ?
Saki se doutait bien qu'elle ignorait sûrement qui elle pouvait être et l'historique qui les liait tous les deux, et cette dernière raison lui donnait aussi l'avantage de la situation. Yoite ne contrôlait plus rien à ce moment là et Saki détenait des informations sur lui qu'elle pouvait à tout moment déballer. Il savait qu'elle était instable autant par sa fragilité que par sa spontanéité. Elle était capable de lui balancer un cookie dans la gueule avant de tout saccager chez lui et de partir en courant pour foncer à la gendarmerie. Mais elle ne savait pas jusqu'où lui il était prêt à aller pour la tenir en respect.

Sakura l'invita à entrer chez eux, et Saki le fit, un peu angoissée quand même, et gênée. Elle se retourna vers Yoite qui revenait doucement lui aussi, sûrement écœuré de la tournure des événements, et alors qu'il franchit le seuil de la porte, Saki fit une courbette pour les deux personnes qui lui faisaient face et elle se présenta :

- Je m'appelle Saki. Ravie de vous connaître.

Elle venait de faire comprendre à Yoite que pour l'instant elle ne dirait rien mais que tout était là ... juste là, sous la pomme d'Adam qu'elle n'avait pas. La moche petite feuille d'automne venait de se transformer en sublime petite bombe nucléaire prête à exploser à la moindre tentative de désamorçage. Yoite n'avait plus qu'à bien se tenir...
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Sam 4 Mar - 12:46
Yoite Unden
S • Prof de maternelle
Yoite Unden


:
S • Prof de maternelle
Parce que leur dernière rencontre lui avait suffi, Yoite avait cessé de chercher Ôsen à travers l'académie pour l'emmerder à nouveau, il avait aussi arrêté de la pousser dans les couloirs s'ils devaient se croiser ou se moquer d'elle devant ses potes. Elle n'existait tout simplement plus dans son monde. La rancœur qu'il ressentait à son égard était toujours là, son visage était comme gravé dans sa mémoire mais il avait tourné la page. Elle pouvait faire et devenir ce qu'elle voulait, ça ne le concernait plus. Un peu comme s'il avait perdu la guerre après tant d'années.
Alors devoir revenir une nouvelle fois sur ce passé devenu douloureux pour tous les deux ne lui plaisait pas du tout. Bien plus que les pitreries qui l'avaient fait rire à l'époque, Saki lui rappelait Kim-le-sauveur qui avait déclenché une tempête sans même le vouloir, mais aussi son oncle. Ce jour noir aurait dû être un jour de deuil comme les autres, Yoite aurait dû rentrer chez lui pour s'enfermer dans sa chambre et perdre 3 ou 4 kilos suite à la dépression mais ... non. Davantage que la tristesse, il avait été envahi par la colère et ça avait donné une rencontre particulièrement mauvaise.
Depuis, l'I don't care avait remonté la pente et vivait une vie plus saine et plus mature mais sa bête noire avait tendance à le faire redevenir ce qu'il était à ce moment-là. Il devait abréger aussi vite que possible! Et c'est pour cela qu'il la remercia. Déjà parce qu'il en ressentait le besoin, elle lui avait réellement sauvé la mise aujourd'hui en lui ramenant sa Princesse et de deux, pour lui montrer que de l'eau avait coulé sous les ponts, que même s'ils ne pourraient jamais se parler normalement tous les deux, leur chapitre commun était terminé. D'ailleurs la réaction de l'odd le fit pousser un soupir, un long soupir. Yoite comprenait qu'elle était choquée de découvrir en lui quelqu'un de bien finalement, quelqu'un d'humain mais c'était pas le moment de discuter de ça autour d'un café. Elle n'avait qu'à accepter son merci et à se barrer illico. Sa politesse n'allait pas non plus durer très longtemps!

...
Comment expliquer la tournure des choses? Est-ce qu'une force supérieure était en train de rire de leur pauvre sort de là-haut? Franchement, ils enchaînaient les maladresses dès qu'ils se retrouvaient dans les mêmes 10m², c'était frustrant. Ôsen, chez lui? Non mais on aura tout vu! Si Ethan ou Kim devaient apprendre ça, il pouvait dire adieu à la vie! Il allait encore passer pour le connard de service, le mec qui grandit jamais et qui s'amuse uniquement à torturer les brebis blessées. Franchement, ça allait pas l'arranger cette histoire!
Mais Sakura ne devait rien savoir. Jamais. En soit, c'était une forme de honte de sa part de ne pas vouloir lui raconter, Yoi savait qu'il avait eu tort de maltraiter Saki pendant toutes ces années, de la gifler aussi évidemment mais ... sa fierté était telle qu'il ne l'avouerait jamais et voir une quelconque déception dans les yeux de sa sœur risquerait de le briser pour toujours.
Aussi, même s'il invita Ôsen à entrer chez lui, il restait persuadé qu'elle allait trouver la plus minable des excuses pour refuser et s'en aller sans un regard. C'était vu d'avance!
... ou pas.
Le regard de Yoite changea du tout au tout. Finie cette politesse qu'il mettait en œuvre pour être quelqu'un de bien, finis les possibles sourires forcés pour cacher ses sentiments. Ôsen avait décidé de le jouer "vengeance" aujourd'hui? Après, elle allait encore aller pleurer dans les jupes du premier chevalier servant qui allait passer par-là! A croire qu'elle ne comprendrait jamais la leçon!

Bientôt, ils furent tous les trois dans la maison, la porte refermée. C'était plus embarrassant que tout ce qu'il avait bien pu faire avec ses amants ces 10 dernières années. C'était ça d'être faible face à quelqu'un? De perdre la face sans savoir quoi faire pour reprendre le contrôle? Franchement, c'était dur à gérer! Admettre que Saki avait le contrôle simplement parce que sa petite sœur se trouvait là le rendait fou mais maintenant qu'elle était chez lui, dans son territoire, il avait quand même certaines cartes en main qu'il gardait bien au chaud. Ôsen avait beau se la péter là tout de suite, Yoite savait qu'elle restait fragile et son visage à l'instant où elle avait vu que c'était chez lui qu'elle avait ramené la petite lui disait bien qu'elle avait toujours peur de lui.
Elle avait raison.

Et puis, elle se présenta. C'était d'un ridicule de jouer cette comédie entre eux, et connaissant Sakura, Yoite allait devoir faire des efforts surhumains pour discuter avec la gentille Saki, la mettre à l'aise etc ... Ça le faisait tellement chier!


"Yoite, Sakura. La cuisine est par là."

Ahah. Il ne pouvait pas. Il avait beau tout faire pour garder un masque amical, c'était au-dessus de ses forces. Il la haïssait de tenter de lui voler le contrôle, d'inverser la tendance. Elle avait raison car il le méritait mais elle s'engageait peut-être dans quelque chose qu'elle risquait de ne pas contrôler jusqu'au bout.

- Ni-san, t'es malpoli! Viens Saki, les cookies sont encore chauds!

Sans rien répondre à sa petite-sœur, Yoite haussa les épaules alors que Sakura prenait Ôsen par la main et la tirait vers la cuisine. Il aurait pu prétexter un appel, mettre Saki dehors et sortir ensuite mais il avait des comptes à régler avec Sakura aussi et vu qu'elle était désormais cloîtrée à la maison pour son propre bien, il devait veiller à ce qu'elle ne fasse pas le mur. Alors il suivit sa poisse du jour jusqu'aux fourneaux d'où s'en dégageait une délicieuse odeur de pâtisseries fraîchement cuites. Même lui désirait en manger jusqu'à s'exploser la panse!

Assis au bar avec un coude sur le plan de travail et le poing posé sur sa pommette, Yoite fixait Saki grappillant des souvenirs qu'elle n'aurait jamais dû avoir, envahissant son espace vital et personnel sans même paraître gênée. Il devait changer ça!


"T'as quel âge Ôsen? Tu dois pas être bien vieille pour manquer de maturité à ce point et entrer chez un inconnu sans une once d'à priori."

En temps normal, sa phrase n'aurait pas été aussi "compliquée" et Yoite se serait contenté d'un "t'es aussi naïve qu'une ado devant un inconnu" mais il tentait de mettre Sakura loin de leur échange.
Chopant deux cookies dont il ignorait la provenance (Kaji? Leur père?), Yoite croqua dans le premier en fixant toujours son problème dans les yeux. Il jouait gros car elle pouvait tout déballer d'une seconde à l'autre mais qui allait croire Sakura au fond? Une inconnue qui avait fait croire qu'elle ne les connaissait pas ou son grand-frère-adoré-superhéros? Yoite aussi pouvait jouer la carte de l'innocence et prétendre qu'il n'avait jamais croisé cette fille avant. Jouer ... il connaissait bien.


"Dépêche-toi d'en prendre avant qu'il n'y en ait plus."

Car Sakura allait peut-être repartir dans sa chambre quand les cookies allaient avoir disparus, ou bien Yoite allait pouvoir la mettre dehors et reprendre le contrôle pour mieux lui faire comprendre la leçon. Son heure de gloire défilait à toute vitesse, si elle avait des choses à dire au petit rebelle, c'était maintenant ou jamais.
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Sam 22 Avr - 20:46
Saki Ôsen
M • Laborantine à Londres
Saki Ôsen


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Elle l'avait bien vue cette grosse déception sur le visage de Yoite et honnêtement cette image valait tout l'or du monde à ses yeux. A cet instant, elle avait l'impression qu'il était incapable de saper sa bonne humeur tellement cette petite vengeance l'avait réconfortée. Saki n'était pas du genre à chercher à régler ses comptes. Si elle était entrée dans la maison de son bourreau, c'était plutôt un défi personnel. Elle avait envie de se forcer à affronter sa peur, et comme il y'avait Sakura, elle savait que Yoite ne la frapperait pas une nouvelle fois. Elle avait peur de ses mains, peur de sa force contre elle mais il n'oserait jamais recommencer, pas devant sa petite soeur en tout cas.

Le manque de politesse qu'il envoya fit rire Saki légèrement et elle fit un signe de la main à Sakura pour lui faire comprendre qu'elle ne s'en offusquerait pas davantage. En termes plus honnêtes, elle s'en foutait comme de sa première dent et elle aurait bien voulu être capable de lui coller la tête dans un évier plein de bouse de mouton, mais son éducation l'en empêchait, et puis... il avait pas de mouton...

Il l'invita malgré lui à rejoindre la cuisine. Saki eut à peine le temps de regarder autour d'elle dans la maison, et puis elle n'eut pas trop envie de le faire par respect. Elle se contenta de détailler la cuisine. C'était petit, chaleureux, très vivant et ça sentait divinement bon.
Elle prit place autour de la table haute en montant du mieux qu'elle pu sur ce tabouret qui était trop haut pour elle. Elle dût sautiller légèrement pour poser ses fesses dessus. Elle se retrouva donc en face de Yoite, Ô joie. Elle ignorait pourquoi mais elle en profita pour le fixer. Il était là à la regarder avec sa tête des mauvais jours, ses cheveux bleutés, son regard noir aux sourcils froncés. Il mordait dans ce cookie comme si c'était une chose qui lui était dû et qu'ici il était un prince. Elle détestait son attitude et elle trouvait même bizarre que Sakura ne voyait pas l'idiot qu'il était alors que ça semblait une évidence.

Les mains jointes l'une à l'autre sur ses cuisses, Saki attendit patiemment qu'il déverse sa haine à petites doses vu qu'il n'avait pas le choix, et ça ne tarda pas. Il l'agressait verbalement. Sans en être choquée le moins du monde tellement il était prévisible, Saki se permit de prendre un cookie sans se sentir gênée. Elle n'était pas mal à l'aise, elle ne se sentait pas en danger, ni même toute puissante. C'était comme si elle était en paix avec elle-même.

- 23. Mais tu n'es pas un inconnu Yoite. On est dans la même académie.

Elle avait accepté de jouer le jeu du "on se connait pas", mais ça voulait pas dire qu'elle allait faire comme s'ils étaient de parfaits inconnus tous les deux. N'y compte pas.
Elle croqua dans le cookie en le regardant. Les petites miettes qui tombèrent sur la table représentaient bien les quelques petits cadenas tous grelottants qui retenaient la fureur de Yoite. En le regardant, elle pensa à un des mangas qu'elle avait dans sa chambre. Elle avait envie de donner à Yoite des petites croix à mettre sur son front pour montrer sa colère. Il lui manquait plus qu'un tremblement de sourcil et la scène aurait été parfaite.

- Mmh, c'est drôlement bon.

Yoite ne connaissait pas assez Saki pour le savoir mais venant d'elle qui ne mangeait presque rien, c'était un compliment des plus forts. Elle le mit en entier dans sa bouche, lui faisant une grosse joue. Quitte à être en face d'un gros porc qui a de plus en plus de mal à se tenir, autant qu'elle l'aide un peu à péter son câble en paix.

- C'est donc ici que LE Yoite habite. C'est plus ... 'normal' que j'aurais pensé. Tes fans vont sûrement me haïr quand elles vont savoir ça.

Elle avait parlé avec la bouche un peu pleine mais sans cracher de miettes non plus. Sakura avait entendu cette remarque de sa part et elle avait pointé l'oreille, en comprenant que son frère était populaire et que Saki était en mesure de lui donner une version de son frère chéri dont il ne lui parlait probablement pas. Si Yoite n'y mettait pas un terme, elle allait pouvoir lui créer une image comme elle en avait envie, vraie ou fausse, elle s'en fichait. Et s'il était idiot au point de vouloir lui rendre la pareille en inventant un profil pour elle qui était ridicule ou faux, elle en rirait sûrement parce qu'elle n'avait rien à perdre. S'il peignait un tableau noir, ce serait sûrement la vraie Saki, et a contrario s'il disait des mensonges, ça ne la rendrait que plus aimable et agréable qu'elle n'est en réalité...
Elle prit un autre cookie et mit elle aussi ses deux coudes sur la table. Elle le fixa sans sourire, elle attendait simplement.
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Sam 6 Mai - 17:08
Yoite Unden
S • Prof de maternelle
Yoite Unden


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S • Prof de maternelle
Quand Ôsen s'installa en face de lui, Yoite remarqua à quel point leur relation avait toujours été mauvaise. Jamais ils n'avaient pris le temps de se parler, jamais il n'avait prêté attention à elle en tant qu'être humain. Il s'était toujours servi d'elle, afin de la ridiculiser, de la terroriser ou de la rendre insignifiante. Techniquement, il savait qu'il avait une réelle part de responsabilité dans son caractère d'aujourd'hui mais pas que. Saki s'était elle-même enfermée dans ce monde de solitude intense où elle vivait, refusant tout contact avec les autres, affichant constamment une mine froide et sombre. Elle dégageait une aura qui repoussait les autres sans même qu'elle ait à leur adresser la parole.
Et aujourd'hui, elle se trouvait en face de lui, à peine à 1 mètre, docilement assise sur un tabouret qu'il avait lui-même déjà utilisé. Elle laissait son aura de dépressive contaminer sa maison, frôler Sakura. C'était insupportable. Alors oui, il la regardait d'un air mauvais car il n'avait pas envie de se dissimuler. Elle savait qu'il ne l'aimait pas, elle avait conscience que sa présence le dérangeait alors pourquoi aurait-il dû faire semblant d'être joyeux? Sakura n'allait pas être choquée de le voir faire la gueule, c'était loin d'être la première fois!

Quand il entama une faible première attaque, pour jauger sans sauter direct dans le trou, Ôsen lui répondit avec une aisance qu'il n'avait jamais vu. Il eut envie de la gifler à nouveau, de revoir la terreur dans son regard, sa joue rougit sous la violence du geste et cette détermination enterrée bien profondément qui n'aurait jamais dû ressortir. Vraiment, Sakura allait passer un sale quart d'heure quand tout ça allait être terminé.


"Et? Ça te donne pas le droit de rentrer chez les gens, de manger leur bouffe, juste parce qu'une gamine t'a invité."
- 'Chui pas une gamine! Pourquoi t'es en colère Yoi?

Laissant doucement ses pupilles quitter le visage d'Ôsen pour venir se coller sur celui de Sakura, Yoite se contenta de plisser les yeux et de faire tiquer sa langue pour faire comprendre à Sakura que le moment n'était pas venu pour elle de lui parler. L'I don't care avait conscience qu'il perdait des points auprès de sa Princesse, qu'elle allait peut-être bouder voire pleurer et lui dire qu'elle le détestait mais elle devait aussi comprendre qu'en plus d'être en colère, il avait eut la trouille de sa vie et malgré lui, il s'en voulait terriblement de l'aimer autant. Ça le déchirait de devoir la gronder mais elle devait vraiment apprendre la prudence et surtout prendre conscience de son âge.

Son attention fut reportée sur Ôsen qui dévorait les cookies comme si son estomac avait plus de couilles qu'elle. "Rien à foutre de là où je suis, j'ai la dalle", genre. Et si c'était qu'un détail sur la longueur, ça le rendait encore plus susceptible de voir qu'elle n'avait pas l'intention de prendre la poudre d'escampette. Pire! Elle parlait encore et en voyant l'oreille de Sakura se dresser comme un chien qui entendait son maître arriver, il décida qu'il était temps d'arrêter là le massacre.


"C'est bon, tu me soules. Sakura, prends tes cookies et va dans ta chambre, on parlera plus tard tous les deux!"
- Mais Saki ...
"Maintenant!"

Jamais il n'avait donné d'ordres de cette façon à sa petite-sœur chérie et rien que pour ça, Saki allait vraiment prendre cher.
Patientant jusqu'à ce que la petite Sakura fébrile et à deux doigts de pleurer devant Saki prenne deux cookies en tremblotant et s'en aille définitivement de la cuisine, Yoite ferma la porte derrière elle et n'attendit pas deux secondes de plus pour laisser sa soudaine colère reprendre le dessus.


"T’espères quoi au juste? Que je me mette à genoux devant toi juste pour éviter que tu parles trop? Je sais pas si tu réalises où tu es, là. Chez moi, là où Kim ne viendra jamais te sauver, là où Ethan n'a pas mis les pieds depuis des années, là où personne sait que tu es."

Il n'avait pas l'intention de la séquestrer à jamais pour son plus grand plaisir et s'en servir comme toutou pour ses promenades du dimanche. Ni de la maltraiter physiquement pour être sûr que la leçon allait être bien passée. Non. Les mots avaient toujours suffi entre eux et si cette gifle avait été nécessaire à ses yeux à l'époque, il n'était pas dans le même état de détresse qu'à ce moment-là. Il était juste énervé, désabusé de la voir tenter de le surpasser, de réaliser qu'elle cherchait une sorte de vengeance sans réaliser qu'il était plus que trop tard et que lui, il avait tourné la page. Lui, il vivait sa vie.
S'approchant rapidement de Saki sans lui laisser le temps de bouger ou de descendre du tabouret, il lui tapa dans les bras pour lui faire enlever ses vilains coudes de sur sa table. Sa tête fit une chute brusque vers le bas mais ne toucha rien de dangereux, juste un mouvement un peu violent.


"23 ans, t'as dit. Et ta maturité elle est où? Tu croyais que venir ici allait te rendre plus forte? T'auras pas de médaille juste parce que t'es rentrée chez moi et que t'as posé ton cul sur une chaise. Que tu essayes de me blesser, de me vexer, de m'humilier, je peux comprendre après tout ce qui s'est passé mais que tu te caches derrière la présence de Sakura, une enfant, ça te rend encore plus ridicule. Mais maintenant que tu es là, si t'as des choses à me dire alors vas-y."

Jamais il ne l'avait laissé parlé, ou pris ses arguments en compte. Il avait toujours agi en son âme et conscience, se fichant des conséquences sur elle et sur ses proches. Yoite était égoïste à sa manière, se refusant à reconnaître ses torts même quand c'était flagrant.
Pourtant, il était prêt à écouter Ôsen parler, à la laisser lui reprocher tout ce qu'elle avait sur le cœur en ayant bien conscience tout de même que ça n'allait rien changer. C'était un peu comme si une mouche l'empêchait de regarder un film. Elle était chiante, bruyante, agaçante mais elle finissait toujours morte sous la tapette. Alors cause Saki, parle vite avant qu'il ne sorte la tapette et ne t'expédie définitivement dans les oubliettes!
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Lun 5 Juin - 15:04
Saki Ôsen
M • Laborantine à Londres
Saki Ôsen


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De la terreur.
Ce fut bref, rapide, et elle ne le vit même pas arriver. Yoite avait ce don, cette faculté maudite à réussir à lui faire ressentir tellement de peur qu'elle était comme paralysée dès qu'il s'approchait d'elle ou dès qu'il posait un regard mauvais sur elle.
Alors lorsqu'il lui tapa dans le bras, que sa tête chuta, et qu'elle manqua de perdre l'équilibre sur ce tabouret presque trop haut pour elle, Saki en lâcha son cookie, et elle posa instinctivement ses yeux dans les siens. Comment faire autrement ? Le vil serpent était en train de cracher son venin encore et encore, lui rappelant quel dégoût et quelle haine il pouvait avoir pour elle, sans qu'elle sache vraiment pourquoi.

Elle écouta, terrorisée qu'il la frappe encore, qu'il veuille même l'étrangler, elle ne le connaissait pas, elle ignorait de quoi il était capable et elle était persuadée que ses amis l'ignoraient aussi. Elle avait d'abord imaginé qu'elle pourrait être fière de dire à Kim qu'elle avait affronté sa peur même s'il allait sûrement venir la gronder d'être entrée chez lui alors que c'était un "pauvre type", mais désormais elle avait envie de s'enfuir, elle avait envie de claquer la porte en courant comme si elle était poursuivie par un clown meurtrier digne de Stephen King.

Sakura était partie dans sa chambre en pleurnichant, elle entrevoyait enfin le connard qu'était son frère même si elle pourra sûrement jamais croire qu'il ait fait une chose pareille.
Mais pourquoi avoir tenté de sauver les apparences tout à l'heure en l'invitant à rentrer si c'était pour foutre le bordel maintenant ? Est-ce qu'au fond il était simplement incapable d'assumer sa personnalité de merde ? Un pauvre trouillard qui utilise sa pseudo-force sur les faibles, ça équivaut à quoi dans la chaîne alimentaire ? Ah... un charognard. Une sous-merde qui se nourrit des restes.

Alors ... pendant qu'il était là à lui cracher dessus, à essayer de lui faire peur en lui faisant comprendre qu'il avait le pouvoir et qu'elle était qu'une misérable vermine qui n'avait pas de courage, Saki se mit à sourire. Elle était tellement désabusée de cette situation burlesque qu'elle eut ce réflexe sur son visage. Incontrôlable et sûrement bientôt très mal perçu par le petit chihuahua qui lui faisait face... Ok, soit. Autant crever l’abcès alors, quitte à être arrivée jusque là autant y aller à fond même si l'histoire finissait mal, même si elle allait mourir de peur ou brutalisée sous ses poings... Elle détourna le regard et prit le temps de descendre du tabouret. Elle sentit que ses jambes tremblaient et que ses genoux feraient une sacré cacophonie s'ils se rapprochaient l'un de l'autre, alors elle prit une infime seconde pour se stabiliser et trouver une position qui lui convenait pour encourager légèrement son assurance. Ses mains tremblaient alors elle serra des poings, et elle garda la bouche fermée pour laisser le temps à ses dents de se calmer aussi.
Son corps entier transpirait de peur en cet instant mais elle sentait aussi ce retour de flammes qui arrivait, cette suffisance qu'affichait Yoite lui donnait du courage, l'envie de cracher ce qu'elle avait à dire à son tour, il l'écouterait jusqu'à la fin. Depuis le nombre d'années qui l'emmerde, ils ont fini par être proches tous les deux, alors il aurait au moins le respect de la laisser s'expliquer non ? Avec ce genre de connard, c'était difficile de savoir s'il allait faire preuve de respect envers elle, et au vu de son historique, il était plutôt clair que non, mais tant pis elle tentait quand même.

- Qui est-ce qui se cache en ce moment Yoite ? Sûrement pas moi. Regarde, je suis là devant toi malgré toutes les horreurs que tu m'as fais subir et tu essaies encore de me menacer ?

Saki ne reconnaissait même pas sa voix, elle s'attendait à sortir un son chevrotant et à devoir se racler la gorge ou même retenir violemment ses larmes mais il n'en était rien, elle avait la voix claire, presque assurée et surtout ... son corps semblait ne plus être capable de bouger, comme enraciné jusqu'à ce qu'elle ait craché son venin sur le pauvre serpent qui allait jouer les victimes.

- J'ai peur de toi, oui, tu as fais tout ce qu'il faut pour ça mais j'en ai aussi vraiment trop marre... A quoi ça te sert de jouer ce rôle de gros con avec moi, tu peux me dire ? Si ça a été une petite blague marrante pour toi y'a 6 ans, pourquoi continuer ? Pourquoi aller jusqu'à me ... frapper ?

En évoquant ce souvenir aussi traumatisant que douloureux, Saki sentit son estomac se nouer, et elle eut envie de passer une main sur sa joue brûlante. Elle aurait pu remarquer alors que ses larmes s'étaient mises à couler, mais elle ne chercha pas à les masquer ou à les effacer, Yoite devait composer avec cette douleur et cette horreur qu'il lui avait fait vivre et si il ne ressentait aucun regret ou aucune pitié alors c'était que son cœur était vide et qu'au-delà d'être un lâche, il n'était même pas un homme.

Mais ce que Saki n'arrivait surtout pas à comprendre, c'était pourquoi elle avait été prise pour cible par un mec comme lui, des filles timides et renfermées y'en avait plein dans l'académie alors pourquoi c'était tombé sur elle ? En plus de ce qu'elle entendait dans les couloirs, Yoite était gay mais surtout 'vraiment trop drôle ah ha'... Alors quoi ? Personne ne connait son mauvais côté où est-ce que c'était simplement la tête de Saki qui lui revenait pas et qui faisait ressortir le pire en lui ? Un simple délit de sale gueule ?
Si Yoite avait voulu jouer les petits caïd en bizutant une gamine au tout début, pourquoi avait-il insisté, il n'y avait plus de public pour leurs échanges après, il se contentait de l'ignorer pendant des semaines et de tenter de la noyer dans le court de natation puis de l'ignorer encore pour lui faire du chantage quelques jours après... C'était quoi l'histoire ? Saki était son petit jouet quand il s'ennuyait ? Il aurait dû s'acheter un putain de chien !

- Pourquoi ? Pourquoi t'en être pris à moi hein ? Je suis qui moi dans l'histoire ? ... QU'EST-CE QUE JE T'AI FAIS PUTAIN ??

Elle avait hurlé cette dernière phrase et son corps lui-même n'avait pas été capable de contrôler cette explosion de frustration. Son bras s'était levé, comme manipulé par une force invisible qui parlait pour elle et sa main était venue gifler la joue de Yoite laissant entendre un bruit sourd dans la maison désormais silencieuse. Saki venait de gifler Yoite. La petite bête venait de tenter de mordre la grosse.
Aussitôt fait, Saki porta ses mains à sa bouche, témoignant sans honte des remords qu'elle avait. Elle ne regrettait pas le soulagement que lui avait apporté ce geste mais elle avait plutôt peur des conséquences. La tête de Yoite s'était légèrement tournée sous la surprise sûrement et son regard avait changé, il était choqué.

Saki recula, d'un pas incertain, ses yeux ne quittait pas Yoite, comme si le fait de regarder la mort en face l'empêcherait peut-être de venir vous prendre.
Son dos rencontra un objet dur, la poignée d'une porte de quelque chose, un placard et elle fut incapable de bouger davantage, elle était terrorisée de ce qui allait se passer. Elle repensa à son père, à sa mère, à ce petit frère qu'elle aurait tant aimé connaître, et puis elle pensa à Ethan ... ami de Yoite, mais son ami d'enfance à elle aussi ... Est-ce qu'il viendrait la voir à son enterrement ? Est-ce qu'il pardonnerait à Yoite en disant que de toute façon elle n'avait pas vraiment sa place dans ce monde ? Son cœur se calma, il n'y avait que sa maman à qui elle allait manquer et peut-être un peu à Kim aussi mais il s'en remettrait vite.
Au final, c'était vrai, elle n'avait pas spécialement sa place dans ce monde...

- Je ... c'est ... je t'en prie ... ne me tue pas.

Et pourtant ce furent ces mots qui sortirent de sa bouche, elle n'avait pas envie de mourir. Pourtant, si elle devait en arriver là ... ce serait peut-être la plus belle chose qui lui sera arrivée.
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Sam 8 Juil - 15:01
Yoite Unden
S • Prof de maternelle
Yoite Unden


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S • Prof de maternelle
Mon dieu que Yoite aurait aimé être dans sa tête à cet instant, dévorant la moindre de ses pensées, s’esclaffant en découvrant cette soudaine frayeur qui enveloppait tout son être. Il aurait tout donné pour pouvoir déchiffrer son regard, ses deux pupilles enfoncées dans les siennes comme si toute discussion ne passait qu'à travers leurs yeux. Ôsen avait quand même ce cran-là, ce cran de le regarder dans les yeux alors qu'il s'était approché d'elle, près comme il ne l'avait plus été depuis des années.
Malheureusement pour lui, il devait se contenter d'imaginer, de déceler des expressions qu'il ne connaissait que trop bien sur ce visage de porcelaine aussi joli que fragile. Pourtant, quand ce fut un sourire qui orna les lèvres de Saki, il crut chanceler. Est-ce qu'il délirait? Est-ce qu'Ôsen était réellement en train de le narguer ou de se moquer de lui? Elle osait? Qu'espérait-elle au juste? Est-ce qu'elle s'était levée ce matin avec la ferme intention de mettre fin à ses jours? Si c'était le cas, y avait pas de doute, elle avait prit le bon chemin et taquiner Yoite de la sorte alors qu'il ne ressentait que de l'aversion pour elle, montait la barre bien haut.
Mais il en fallait bien plus pour qu'il saute sur sa proie comme un lion enragé. Il avait grandi depuis leur dernière rencontre, il s'était aussi calmé, s'était rapproché des bonnes personnes et vivait chaque jour un peu plus en paix avec lui-même. Sincèrement, il avait envie de la foutre dehors à coups de pieds au cul mais en même temps, cette vilaine curiosité de l'écouter jusqu'au bout lui tordait les tripes. Jamais il ne l'avait vu avec autant de courage dans les veines et c'était maintenant ou jamais qu'elle pouvait lui dire tout ce qu'elle voulait, il n'y aurait certainement pas d'autres occasions!

Il la vit alors quitter son tabouret, perdre en hauteur mais gagner en assurance avec cette posture étrangement fière et assurée comme si des ailes lui poussaient dans le dos. Et tout commença, les premiers mots quittèrent ces lèvres, acerbes et directs comme les siens l'avaient été pour elle sûrement. Oui, il se cachait de Sakura car il n'était pas fier de ce qu'il avait fait ce jour-là et espérait qu'elle ne soit jamais au courant mais ce n'était pas pour cette raison qu'il la menaçait. Un jour, sa Princesse allait avoir vent de cette histoire et viendrait lui demander des comptes mais pas de cette façon et pas aujourd'hui. Les menaces étaient plus là pour la faire fuir, pour l'empêcher de continuer à se mettre en danger ainsi en croyant dur comme fer qu'elle pouvait faire le poids. C'était ridicule d'espérer pouvoir vaincre ce souvenir commun en l'affrontant aujourd'hui, Yoite lui-même souhaitait juste oublier.
Mais Saki mettait directement les pieds dans le plat avec son "pourquoi?" qui n'obtiendrait jamais de réponse. Elle se fichait bien de la raison qui l'avait poussé à faire ça, Kim lui avait bien fait comprendre qu'aucune raison valable ne justifiait de frapper une fille alors Saki ne serait sûrement pas différente. Non, ce qu'elle voulait savoir, c'était pourquoi elle finalement. Elle qui n'avait jamais répondu à ses attaques avant ce jour-là, elle qui n'avait rien demandé à personne et qui avait juste espéré passer inaperçue dans ce monde. Mais il n'avait pas la réponse, et "pas de bol" c'était pas suffisant. Son immaturité et son besoin de prouver quelque chose avait été au summum à cette époque mais son courage lui, n'avait jamais pointé le bout de son nez. Il n'était pas fier de s'en être pris à une faible fille comme Ôsen mais malgré tout ça, il avait prit du plaisir à la maltraiter, à la voir souffrir de ses blagues qu'il pensait bénignes. A force, il avait même espéré qu'elle l'envoie chier, qu'elle montre les dents mais quand elle avait eu ce déclic, lui était aussi monté d'un cran malheureusement.
Finalement le "pas de bol" était un bon résumé.

Toujours affreusement silencieux, les yeux rivés sur Ôsen alors que les larmes de celle-ci perlaient sur ses joues, Yoite se demandait à quel point est-ce qu'il l'avait traumatisé. Y pensait-elle encore aujourd'hui avant de se coucher? Craignait-elle encore de le croiser dans les couloirs? Devait-il se crucifier d'avoir totalement oublié Saki depuis des années?
Et comme si la réponse qu'il attendait se manifestait soudainement, une douleur vive et croissante se logea sur sa joue alors que sa tête opérait un mouvement inattendu sur le côté. Saki venait de le gifler, de sa petite main devenue grande. C'était réel? Pire que le sourire de tout à l'heure, elle lui rendait la monnaie de sa pièce?

Recalquant son regard dans celui d'Ôsen, il la vit aussitôt regretter son geste -ou du moins en réaliser tardivement les conséquences. Ce geste sonnait le glas. Yoite n'avait plus l'envie de l'écouter ni de la mettre dehors d'ailleurs. Il ne voulait plus non plus se retenir et prétendre qu'il avait grandi. S'il avait espéré qu'elle avait compris le message à l'époque, il était clair que la rancœur qu'elle avait à son égard lui avait donné un courage aussi puissant que dangereux. Jamais il ne s'était senti aussi humilié de sa vie et le principe qui dit "tu l'as mérité" ne réussissait pas à pénétrer son âme.
Lentement, il s'avança vers elle, esquissant un sourire quand elle le supplia de ne pas la tuer. Oh il n'allait pas la tuer mais il allait faire en sorte qu'elle comprenne qu'une nouvelle envie de vengeance serait fatale la prochaine fois. Ce n'était pas avec une gifle qu'il allait lui faire entendre raison cette fois, ni avec des mots qui ne semblaient plus avoir l'impact de l'époque. Toutes les règles qui dictaient sa vie jusque-là venaient de voler en éclat, il allait lui faire bouffer son maudit courage. Violemment, il lui agrippa les épaules et avec toute la force qu'il avait accumulé grâce à sa croissance et ses muscles, il la poussa sur le côté. Comme imaginé, Ôsen était légère comme une plume, fine comme une feuille de papier. Elle n'eut aucune résistance et son petit corps s'écrasa brutalement contre le plan de travail placé au milieu de la cuisine. Il vit bien sa tête heurter la matière, Saki finir allongée sur le sol sans bouger et une sombre couleur rouge doucement recouvrir le sol blanc de la cuisine mais ... Yoite ne fit aucun mouvement. Doucement, il réalisait ce qu'il venait de faire. Ce qui allait se passer s'il paniquait et ce qu'il allait devenir durant les prochaines années. Adieu Liberté, adieu avenir et adieu Sakura, il ne la verrait plus grandir, tout ça à cause de...

Clignant des yeux, Yoite laissa l'oxygène remplir ses poumons alors que la douleur sur sa joue commençait à le brûler légèrement. Mon dieu. L'espace d'un instant, il s'était vu en train de franchir une sacrée limite, de tu... Non. C'était impossible, impensable. Jamais il ne serait d'une telle violence même s'il savait qu'il pouvait en venir à frapper quelqu'un même aujourd'hui.
Comme réalisé plus tôt, le jeune japonais n'était plus le même, il avait grandi, mûri et même s'il avait encore un mal fou à admettre ses fautes et donner raison aux autres, cette gifle n'était qu'un juste retour des choses. Au compteur du jour, il en récoltait 2 pour le prix d'une et si celle de Kim lui restait encore au travers de la gorge, celle de Saki semblait lui avoir remis les idées en place, comme celle de Sa-chan dans une situation presque similaire. Certes, il prenait toujours un malin plaisir à la voir terrorisée sur place, à l'entendre prononcer des mots comme "tuer" mais ... c'était terminé. Il rendait les armes. Cette dernière bataille ou appelée là comme vous le voulez, sonnait la fin de la guerre entre eux. Jamais ils ne seraient amis, jamais Yoite ne comptait lui adresser à nouveau la parole après aujourd'hui mais plus jamais non plus il ne se mettrait en travers de son chemin. Elle quittait officiellement sa liste noire.


"Je suis désolé."

Et si ces 3 mots ne paraissaient pas suffisants aux yeux de l'I don't care, ils semblaient avoir écorché la gorge de Yoite au passage. Il se rappelait très bien avoir dit qu'il ne ferait jamais d'excuses à Ôsen, qu'il n'avait aucun tort mais il était clair que les paroles de Kim avaient porté avec le temps et que le courage de Saki venait de lui donner raison. Ce qu'il avait attendu de sa part à l'époque était arrivé, elle l'envoyait chier avec toute la rage du monde et lui ... il n'avait plus qu'à retourner dans sa grotte pour panser ses plaies. Ôsen pouvait relever la tête et cesser de trembler désormais.
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Mar 5 Sep - 19:03
Saki Ôsen
M • Laborantine à Londres
Saki Ôsen


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Là, appuyée contre cette poignée de placard qui lui sciait le dos d'une manière douce et agonisante, Saki attendait le verdict de sa gifle incontrôlée. Incapable de prendre la décision de fuir en courant pour éviter le massacre, ou d'hurler pour alerter Sakura ou les voisins, elle ne faisait qu'attendre, pétrifiée d'imaginer qu'il allait lui taper dessus encore, mais en paix avec elle-même, et avec son funeste destin. Elle abandonnait, fatiguée de se battre tous les jours contre des personnes aussi inintéressantes et égocentriques. Elle avait tout tenté pour passer inaperçue, et ne pas faire de bruit, sauf peut-être au niveau de ses goûts vestimentaires mais comment justifier de se faire maltraiter pour ça par quelqu'un qui a les cheveux bleus et qui porte souvent des lentilles de couleur ? La logique se perdait dans son esprit comme les mots dans sa gorge ou le courage dans son cœur, elle souhaitait simplement en finir.

Yoite posa les yeux sur elle, il semblait ailleurs, comme possédé. Il resta un long moment interdit, sans bouger, comme si cette gifle venait de lui remettre les idées en place, et qu'il allait enfin partager la décision de sa sentence. Dans ce regard vitreux et brumeux qu'il lui offrit pendant quelques minutes, Saki vit son propre reflet, ce petit bout de femme, tout frêle, quasi inexistant, dont les mains squelettiques serraient la bouche pour ne pas laisser fuir son âme hors de son corps. Et même si elle n'aima pas spécialement ce qu'elle vit, elle pensa aussitôt à sa maman, et elle eut une telle envie de la revoir que son cœur se serra
A cet instant, le regard de Yoite changea pour enfin reprendre son fonctionnement normal et il ne tarda pas à ouvrir la bouche. Les mots qui suivirent laissèrent Saki complètement immobile et muette. Désolé ? Il est.... désolé ? Sur le coup, elle n'aurait même pas pu dire qu'elle trouvait ça suffisant ou pas, elle avait eut beaucoup de questions mais au final elle comprenait qu'elle n'aurait jamais les réponses. Pourtant ces trois petits mots, totalement opposés aux trois autres mots bien célèbres qui semaient la terreur sur terre, elle les avait attendu pendant des années, désespérée de ne même pas les mériter de sa part.

Quand il les prononça à cet instant, elle fut presque gênée, et elle fut même tentée de répondre "c'est pas grave." sauf qu'elle ne le fit pas, justement parce que c'était grave, qu'elle avait le droit d'avoir une vie sans se demander à chaque détour d'un couloir si elle n'allait pas glisser sur une peau de banane. Cette oppression constante depuis 6 ans, elle le lui devait, à lui et rien qu'à lui et elle le haïrait toute sa vie pour avoir  fait ça. Seulement, s'il était prêt à abandonner toute activité néfaste contre elle rien qu'avec ces 3 mots et c'est ce qu'elle pensait, alors elle en ferait de même. Elle allait enfin pouvoir tourner la page.

Ses épaules se détendirent, ses muscles se relâchèrent et elle sentit que ses genoux tremblaient de nouveau. Son cœur battait à tout rompre d'avoir été ainsi sous pression pendant un instant. Elle comprit qu'il était temps pour elle de partir. Maintenant.
Son pied droit se déplaça, furtivement, presque comme si elle avait peur que ces mots n'aient été que du vent et qu'il lui saute à la gorge pour une toute dernière étreinte, mais il ne bougea pas. Son attitude laissait même penser qu'il était pressé qu'elle parte, elle ne se fit pas prier. Elle décolla son dos du placard et courut jusqu'à la porte d'entrée qu'elle ouvrit en grand sans prendre la peine de la refermer. Elle courut hors de cet endroit, se retrouva dans la rue et continua sa course en courant sans savoir où elle allait. L'adrénaline qu'elle ressentait se transforma en soulagement intense et la décharge de sentiments qui s'écroula en elle la fit s'arrêter brutalement contre un mur de la ville. Elle s'y appuya pour reprendre son souffle et éclata en sanglots. Après quelques minutes à pleurer toutes les larmes de son corps, elle releva la tête. Un sourire timide apparut sur ses lèvres et elle ferma les yeux pour en profiter à fond sans savoir peur d'être jugée par les gens autour d'elle. Elle leva la tête vers le ciel et écarta les bras comme pour profiter de cette première bouffée d'air pur depuis 6 ans.

- J'ai réussi Kim... Je suis libre.


FIN
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