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Lun 1 Juin - 11:23
Dorian Fatalys
S • Médecin scolaire
Dorian Fatalys


:
S • Médecin scolaire

- Al' s'il te plaît, donne moi ces herbes aromatiques, je t'assure qu'elles ne sont pas plus nocives que ce que tu mets dans mon café le matin.

Les deux amis se disputaient encore, comme à l'accoutumée. Al', le serviteur, était persuadé que Dorian cherchait à intoxiquer sa future invitée. C'était loin d'être le cas, mais ils étaient encore à en débattre. C'était des herbes assez pimentées et difficilement digestives pour les personnes qui n'étaient pas habituées, certes, mais elles étaient tout à fait comestibles. Dorian croisa les bras pour afficher son air contrarié et sa frustration d'être devenu si peu autoritaire envers son homme de maison. Il fini par pousser un soupir de lassitude et y renonça. Il n'aimait pas perdre la bataille mais Al' était vraiment plus fort que lui à ce jeu là et le vieil homme supportait avec aisance les tortures mentales de son maître, alors il était vain de passer à l'acte, et puis il n'avait pas le temps. Dorian ne savait pas du tout à quelle heure Yume pointerait le bout de son nez et il était loin d'être prêt.
Toute la journée n'avait été qu'une successions de malencontreuses situations. La réunion avait été interminable et éprouvante, surtout quand le Directeur avait annoncé vouloir supprimer plusieurs postes utiles alors que tout le monde savait très bien que la trésorerie se portait à merveilles. Les décisions des dirigeants étaient toujours à côté de la plaque mais si y'avait bien un homme à qui Dorian ne tenait pas tête, c'était Mr. Isaho. Il était impressionnant certes, mais petit, ce n'était pas le problème, il était surtout très influent et l'infirmier se serait vite retrouvé sans travail et avec un dossier si mauvais qu'il lui aurait été difficile de trouver un autre moyen de gagner sa vie. Et puis... malgré, il s'y plaisait dans cette infirmerie.
Ensuite, il avait été déjeuner dans la partie du self qui était réservée au personnel, pour la première fois depuis qu'il était là. Peu de personnes étaient là mais peu importe, le déjeuner avait été assez enthousiaste avec les autres professeurs même si Dorian n'avait pas dis plus de 10 mots. Il ne se mêlait pas au petit peuple. Tout se déroulait bien jusqu'à ce qu'une imbécile de pom-pom girl s'étouffe avec du pain. Dorian s'était senti obligé d'intervenir et avait emmené la gamine à l'infirmerie pour vérifier qu'elle n'allait pas tenter une nouvelle fois de se suicider avec une miette de pain trop grosse pour sa petite gorge de sotte en culotte courte. Il n'avait pas été des plus polis ni des plus galants mais c'était son attitude qui voulait ça.
C'en était suivi une interminable après-midi de consultations névrosées et puériles puis un rangement net et précis ainsi qu'un rapport détaillé sur son ordinateur pour l'implacable administration qui suivait ses élèves à l'oeil depuis des mois pour un futur changement de règlement, quelque chose comme ça... Il n'était pas vraiment au courant.
Lorsqu'il avait été sur le point de partir, c'était le psychologue qui était venu narguer l'infirmier avec ses éternelles piques bien placées. Le ping-pong était allé bon train et ils s'étaient quittés sur des phrases aussi poignantes que des griffures d'ours.

Finalement, il était arrivé chez lui pour 18h10. Heureusement qu'Al' était une vraie petite fée du logis, il n'était pas nécessaire de faire du ménage ou de ranger la maison, elle était impeccable. Une musique d'ambiance régnait entre les murs et c'était tout à fait relaxant. Sur le coup, Dorian en regretta presque d'être occupé ce soir, il aurait bien appelé une masseuse professionnelle pour terminer cette journée éprouvante pour ses nerfs, mais une promesse était une promesse. Il se débarrassa de ses affaires et après avoir bu un café bien corsé pour se maintenir éveillé et alerte, il s'était adonné à une petite préparation culinaire abordable et tentante. Il ne révélerait son secret que lorsqu'il le servirait à sa petite anorexique mais il espérait déjà qu'elle serait prête à faire l'effort de manger pour lui.
Il était presque 19h quand il posa enfin ses ustensiles pour aller se changer et se rafraîchir. Il ordonna à Al' de dresser la table basse du salon de façon à ce qu'elle puisse servir de support pour le dîner de deux personnes. Il insista sur le fait de ne pas faire dans le romantique exagéré mais dans le simple et limite fauché. Il ne voulait pas que Yume pense qu'il avait des intentions plus poussées, ce n'était pas le cas.

Il prit une douche rapide mais ne prit pas le temps de se sécher les cheveux, il les essora et les oublia, de toute façon, ils avaient le don de se replacer exactement comme avant, alors il s'en fichait. Il troqua son pantalon de soie noire et sa chemise blanche d'infirmier modèle pour un jean bleu foncé et un t-shirt bordeau avec un col en V. Il passa un petit boléro par-dessus histoire de ne pas grelotter durant toute la soirée, même s'il faisait largement plus de 23° chez lui. Il s'apprêtait à se passer une sorte de crème hydratante sur le corps parce qu'il supportait assez mal l'effet du chlore ou du calcaire sur sa peau, quand il entendit sonner. Il reposa la crème et sortit de sa chambre précipitamment. La table était prête et parfaitement dressée selon indications. Dorian adressa un sourire et un clin d'oeil complice à Al' qui s'éclipsait déjà comme s'il n'avait jamais existé. Il était le parfait serviteur.
Dorian toussota comme pour chasser cette petite boule d'anxiété qui venait de trouver logement dans sa gorge et ouvrit la porte doucement. Elle était là, petite Yume naturelle et fragile. Sur le coup, il faillit se pincer. Il venait de se prendre les conséquences de son invitation en plein dans la figure. Elle entra, discrète comme un félin sur un coussin. Elle semblait nerveuse et assez indécise. Il ne faisait rien pour la mettre à l'aise, puisqu'il était trop occupé à comprendre qu'il venait peut-être de commettre une énorme boulette. Une élève était chez lui, pour dîner avec lui, comme deux amis ? deux amants ? Où était cette barrière qu'ils ne devaient pas franchir tous les deux. Plus il avançait dans le noir et plus il se rapprochait de l'inexorable. Il détourna le regard comme pour masquer cette petite contrariété entre ses sourcils. Il ne devait pas gâcher la soirée, il y penserait plus tard, il suffisait que tout se passe bien et il ne referait pas une telle chose, point à la ligne.

- Je t'attendais, Yume mentit-il, tout à fait conscient qu'il contrôlait les choses vu qu'il était chez lui.

Il reprit la conversation pour tenter de chasser cette appréhension qui était arrivée en même temps qu'elle...

- Alors, tu as pris un taxi ? Ça fait un peu loin à pied. Bon, fais comme chez toi, installe-toi.

Il désigna le canapé qui se trouvait donc près de la table dressée pour deux. Al' avait juste disposé un petit pétale de rose rouge dans chaque assiette. Sûrement un petit clin d'oeil mesquin que Dorian ne tarderait pas à lui envoyer dans les dents.
L'infirmier s'assit sur le canapé et attendit que son invité le rejoigne. Il sentait que le stress s'en allait. Après tout, ce n'était que Yume et puis il avait 10 ans de plus qu'elle, c'était à lui de montrer l'exemple, elle n'était qu'une enfant.

- Un studio tu disais ce matin ? Raconte-moi ça !

... ou comment noyer le poisson. Gros poisson qui disait "parle moi de toi Dorian". Cours toujours.
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Lun 1 Juin - 21:16
Yume Namida
M • Critique littéraire
Yume Namida


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Une écriture soignée. Étrange pour un médecin. Yume restait contempler le bout de papier que Dorian lui avait donné, se demandant vaguement pourquoi il l'avait invité. Sans doute pour vérifier qu'elle mangeait correctement. Il n'y avait pas vraiment d'autre explication. Elle nota l'adresse dans son portable au cas où elle perde l'information écrite, alors qu'elle se dirigeait vers la cafétéria. Certes, c'était tôt mais son cours était à 12h30, et la demoiselle préférait éviter de faire la queue pendant plusieurs minutes pour un sandwich. Oui, elle est très patiente cette jeune fille de bonne famille.

La suite de la journée se passa normalement ayant complètement oublié son repas chez Dorian. Après tout, ça ne signifiait rien pour elle. L'idée que son infirmier se pose lui aussi des questions ne lui effleura même pas l'esprit, certaine qu'il la voyait comme une enfant dont il s'était fait un devoir de protéger. Pourquoi elle, et pas une autre ? Sans doute les bleus qu'elle avait eu lorsqu'il l'avait rencontré. Les circonstances n'avait pas vraiment aidé le trentenaire à se faire une bonne image d'elle.
C'est seulement une fois les cours terminés que Yume se posa des questions. Dorian avait la réputation d'être un gros con, absolument pas aimable. Chose qui ne s'était jamais réellement produite avec elle. Il s'était toujours montré grognon, mais sans plus, et ça l'avait toujours fait rire. Et il avait toujours été protecteur. Sans doute que cela n'aurait pas eu d'importance à ses yeux, s'il ne s'était pas montré rancunier quand elle lui avait dit que c'était elle qui avait décidé de partir en Angleterre. Peut être avait il été blessé dans son orgueil de médecin... Ou il avait vécu ce mensonge comme une trahison de sa part, et dans ce cas il avait un certain attachement pour elle ? Ce fut particulièrement à ce moment là que Yume se rendit compte qu'elle ne connaissait strictement rien de lui. Ce qui sonnait bizarrement dans sa tête. Et il ne faisait aucun doute que c'était parce qu'il savait pour Tsumi. Un seul souvenir pouvait lier deux personnes, mais il ne faisait pas de miracle.

La rebelle était suffisamment franche envers elle même pour s'avouer qu'elle voyait Dorian comme autre chose qu'un simple infirmier. Et lorsqu'il l'avait invité, cette dernière n'avait rien trouver d'étrange à ce moment là, c'était comme... Le prolongement d'une relation amicale. Cependant, à force de se dire que ce n'était pas le genre de l'infirmier d'inviter des élèves chez lui, Yume stressait de plus en plus. Zut, elle aurait pas du demander à le voir le soir plutôt que le midi. Ca l'aurait empêcher de réfléchir. L'idée de lui envoyer un mail pour finalement annuler en prétextant un truc quelconque lui effleura l'esprit avant de se dire que c'était... Méchant. Elle était certaine qu'il avait pris son courage à deux mains, puisqu'elle voyait mal Dorian prendre des risques, et qu'il détestait qu'on lui foute un râteau. Enfin, elle supposait. En même temps, il avait un caractère autoritaire, ce qui laissait à penser qu'il aimait qu'on aille dans le même sens que lui. Elle était vraiment en train de s'embrouiller la tête, là ! Ce n'était pas son genre d'analyser les gens, elle préférait les prendre comme il venait, et elle allait faire la même chose avec Dorian. Ce qui ne l'empêchait pas de vouloir taper sa tête contre un mur, jusqu'à ce qu'elle ait le cerveau vidé.

Cependant, au lieu de s'amuser à provoquer un traumatisme crânien, Yume décida de faire un lavage de cerveau en allant à la bibliothèque, se disant qu'elle prendrait de l'avance et qu'elle aura ça en moins à faire ce week-end. Et alors qu'elle doutait que cette technique marcherait réellement, elle fut surprise en contemplant son portable de voir qu'elle était restée plancher deux heures. Un rire nerveux vint l'assaillir en ramassant ses affaires sous le regard noir de la bibliothécaire. Et ce fut la clope au bec que la demoiselle se dirigea vers son studio pour prendre une douche rapide, tout en espérant pouvoir lire un peu son roman qu'elle avait récemment acheté. Il avait bien dit qu'elle devait se faire désirer, non ? Déjà qu'en tant normal, la ponctualité et Yume ne faisait pas bon ménage, si en plus on lui disait de venir en retard, il n'y avait strictement aucun soucis. Elle viendrait encore plus en retard que le retard qu'elle pourrait avoir en tant normal. Donc au lieu d'une demi heure, ce qui est plus qu'énorme au Japon, la demoiselle aurait une heure, voire plus.

Et c'est seulement à 19h20, qu'elle quitta son bouquin à regret, tenant absolument à connaître la suite de l'histoire, même en sachant que la fin finirait en queue de poisson. C'était la spécialité de l'auteur qu'elle lisait, et même si ça l'énervait particulièrement, Yume ne pouvait s'empêcher d'acheter tous ses livres, tellement elle aimait son style d'écriture.

Prenant un taxi en restant y penser, elle arriva devant chez Dorian, où son stress lui revint en pleine poire. Décidément, elle détestait l'effet boomerang. Surtout quand elle voit pas le coup venir, un peu comme son bleu à l'oeil. Ca avait le même effet, et dans les deux cas, faut le cacher pour ne pas attirer l'attention sur soi. Elle mit quelques minutes avant de se décider de sonner, et elle n'attendit que quelques secondes avant que Dorian lui ouvre la porte. Les cheveux mouillé, c'était la première fois qu'elle voyait l'infirmier en civil, sans sa blouse blanche. Phoque, il était diablement sexy comme ça. Elle dériva son regard sur l'intérieur de la maison entrant discrètement, limite furtivement, ayant l'impression qu'elle n'aurait pas due être ici, ou qu'elle n'était tout simplement pas à cet endroit. Comme ci, une partie d'elle même était restée lire dans son appartement, avec une tasse de thé, et un plaid sur elle, ne connaissant absolument pas l'existence de cet infirmier en face d'elle. Libre du moindre tracas qui pesait à cause de lui.
Elle était tellement plongée dans cette idée, qu'elle n'entendit pas la question de Dorian à propos du taxi, et se dirigea vers le salon seulement parce qu'il le pointait du doigt. Et c'est seulement en voyant les pétales de roses, elle se mit à rigoler. Ce n'était absolument pas le genre de Dorian, ça elle en était certaine, et elle se tourna vers l'infirmier, complètement elle même, n'ayant plus l'impression d'être coupée en deux.

-Ok, il est où ton majordome ?

Elle s'installa confortablement sur le canapé à la suite de Dorian en enlevant ses chaussures, mettant ses pieds sur le sofa, alors qu'elle s'adossait au bras de celui ci, ne se départissent pas de son sourire malicieux, et son regard rieur.

-Il n'y a rien de spécial à dire... J'ai juste emménagé dans un studio maintenant que je suis majeure. Mes parents payent le loyer, et me laisseront voler de mes propres ailes, une fois que j'aurais fini mes études.

Si elle ne craquait pas. Elle se garda bien de le dire, ne voulant pas s'éterniser sur ce sujet. La rebelle avait décidé que ça serait lui le sujet de conversation, même si elle avait deviné qu'il n'en avait pas vraiment envie. Cependant, lui, il avait bien décidé de s'immiscer dans sa vie. Yume savait que ça avait été une bonne chose, sinon, elle serait encore au bord du suicide, avec une aiguille d'héroine dans les mains. Mais, ils avaient montré tous les deux, qu'il y avait plus qu'une relation infirmier à patient.

-Mais, ça sera pas le sujet de ce soir, et pas la peine d'essayer de changer de sujet. Maintenant, c'est ta corvée d'enlever un bout de ta carapace. Et comme je suis adorable, je t'accorde le droit de boire, si tu considères que ça sera plus facile.

Elle lui lança un regard malicieux, tout en lui faisant comprendre qu'elle ne lâcherait pas le morceau. Après tout, elle éprouvait un désir impérieux de le connaître un peu plus. Il n'y avait rien de mal à ça.

-Je ne demanderais pas de choses personnels, si c'est ça qui t'inquiète. Je n'ai jamais dit que puisque tu es au courant pour Tsumi que je réclamais quelque chose de même valeur, ok ? Donc, pourquoi tu as voulu être infirmier ?
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Mar 2 Juin - 9:21
Dorian Fatalys
S • Médecin scolaire
Dorian Fatalys


:
S • Médecin scolaire
Leurs regards se croisaient, incessamment, mais Dorian faisait tout pour l'ignorer, il tentait habilement d'esquiver cette situation pourtant banale. Depuis qu'il s'était foutu dans la tête qu'il faisait une connerie et qu'elle ne devrait pas être là, il n'arrivait pas à penser à autre chose, et encore moins à se détendre.
Il avait l'impression de pouvoir contrôler ses gestes, ses paroles mais de toute évidence, il se trompait. Yume était comme un virus, elle avait involontairement pénétré son sang et il ne pouvait plus faire autrement que de la voir, de penser à elle et de faire en fonction d'elle. Elle représentait un gros dossier, le plus important de ses dossiers et le problème était là... elle représentait bien plus qu'un prénom d'élève sur papier, elle représentait un être humain à ses yeux, une petite personne, et c'était cette barrière que Dorian n'aurait jamais dû franchir.

Lorsqu'elle se retourna vers lui en souriant mesquinement mais clairement plus détendue que lui, Dorian se força à penser qu'il se montait le bourrichon pour rien et que Yume n'avait aucune raison extra-scolaire de se retrouver ici. Alors pourquoi l'avait-il invitée bon sang ??

- Oh... Ce traître de majordome, tu veux dire ? demanda-t-il, d'humeur grinçante et en tournant la tête vers la porte de la chambre de celui-çi, en espérant que ses paroles porteraient assez loin, ...sûrement en train de mettre du poil à gratter dans mon lit. Il est intenable.

Mais à dire vrai, ils s'étaient toujours royalement bien entendu tous les deux. Il y'avait des hauts, des bas, un peu comme un père et son fils mais Dorian ne lui avouerait jamais qu'il tenait à Al' bien plus qu'il ne le lui faisait ressentir. Il n'avait jamais montré ses émotions et c'était pas ce soir qu'il lâcherait la bride, que ce soit avec son majordome ou avec cette petite insolente qui s'installait sur le sofa comme si c'était chez elle.

Dorian grognait intérieurement mais il était loin de lui en vouloir, au contraire. Peut-être qu'elle ne s'en rendait pas compte mais Yume avait beaucoup changé. La petite effrontée affaiblie et anéantie qui était arrivée dans son infirmerie un peu au hasard il y'a de ça pas mal de temps, n'avait plus rien à voir avec la jeune fille... femme... qui se trouvait à ses côtés. Elle n'avait pas vraiment changé physiquement, à part peut-être quelques kilos en plus qui ne l'enlaidissaient en rien mais plutôt dans sa façon de se comporter, de lui parler. Elle était plus calme, plus sereine, et elle donnait l'impression de se sentir en confiance avec lui. Quand est-ce qu'il avait été gentil pour qu'elle reste près de lui ?

- Toi, finir les études ? Alors là, j'aimerais bien voir ça ! Si ce n'est pas la maladie, ou la fainéantise, c'est une fugue qui t'empêche de continuer sérieusement ton cycle scolaire.

Il était amer. Il n'avait pas vraiment bien digéré le fait qu'elle était partie de son plein gré, et honnêtement, il ne l'accepterait jamais. Elle s'était enfuie loin de lui, alors que c'était lui cette fois qui avait trop prit appui sur elle. Elle l'avait laissé tomber alors qu'il comptait sur elle... Pourquoi ? Pour rien. Juste pour être là. Il ne s'y laisserait pas reprendre.
Il allait poser une autre question banale concernant son logement -à savoir ce qu'elle faisait de son temps libre quand elle était chez elle- mais elle reprit trop vite la parole et cassa assurément sa plus grande motivation de ce soir. Elle attaquait direct, laissant Dorian en plan et plutôt mauvais perdant. Elle avait beau afficher cette petite tête ravie et supérieure, elle ne saura rien ce soir, ni jamais. C'était là, sa seule porte de sortie.

- Tu n'es pas dans mon infirmerie ici, tu ne pourras pas disposer du matériel comme bon te semble.

S'il ne souhaitait pas boire, il ne boirait pas. Et encore moins maintenant qu'elle le lui avait proposé. Il était contradictoire, il voulait se dire maître de ses actes. Et quand bien même, il aurait diablement soif, il ne céderait pas à cette petite gamine.

Ce n'est que lorsqu'elle évoqua le nom de Tsumi, que Dorian tiqua. Depuis quand en parlait-elle aussi facilement ? Quand est-ce que le sujet était devenu si abordable entre eux deux ? Et puis... comment avait-il pu le devenir surtout...
Il se racla la gorge pour masquer sa gêne face à cette situation. Elle semblait à l'aise sur le terrain glissant mais pas lui. Il ne voyait autour d'elle désormais qu'une carapace de pudeur et d'intimité qu'il était interdit de franchir pour ne pas poser une main sale sur ce petit corps déjà souillé. Il ne la verrait jamais autrement qu'une femme déjà meurtrie et possédée par un salopard de première. Avec ce poids sur les épaules, Yume ne semblait pas comprendre qu'elle faisait désormais partie des gens que les autres ne regarderaient jamais de la même façon. Certes, la plupart n'était pas au courant mais lui si... et c'était autant une force qu'une faiblesse au milieu de leur relation.

Mais elle souriait. Elle le regardait,et elle souriait.

- Pourquoi être infirmier ?

Il esquissa un sourire tout en lâchant une nouvelle fois son regard. Il avait changé de position sur le canapé, au début, il l'avait joué "propriétaire des lieux" en se mettant de coté, un genou sur le canapé et le bras le long du dossier mais il avait bien vite lâché cette attitude arrogante et prétentieuse. Il s'était assis normalement, les coudes sur les genoux, triturant ses doigts parce qu'il ne savait pas à quoi en faire.
Machinalement, il se saisit du pétale de rose qui traînait dans son assiette et le déchiqueta, doucement. Ce n'était pas symbolique, il avait juste besoin de s'occuper l'esprit et les mains. Sa réponse était importante pour elle... mais... en connaissait-il vraiment la raison ? Il ne pouvait pas tout lui déballer comme ça sur un plateau d'argent. Elle pensait ne pas poser une question personnelle, mais elle se trompait. Sa vraie réponse le ramènerait vers sa principale motivation, son père, son pays, sa mort, sa mère, son prénom... tout. Tout était lié.
Fallait-il lui mentir ?

Non.

Il se retourna alors vers elle, et plongea sûrement son regard dans le sien, la déstabilisant certainement d'être aussi confiant d'un coup.

- Simplement pour revoir ce sourire que tu as, sur le visage des gens dont je m'occupe.

Là encore, il noyait le poisson en lui sortant une phrase un peu enjolivée et limite philosophique mais c'était sincère. Le plus beau cadeau que Yume pouvait lui faire ce soir, c'était de continuer à sourire, lui prouver qu'elle avait tourné la page et que la douleur qu'elle avait apporté avec elle ce jour là, avait trépassé.

Il balança les morceaux devenus trop petits désormais, du pétale de rose et se redressa. Il affichait de nouveau un masque différent. Là, il était l'hôte. Ce n'était pas dans ses habitudes, alors elle devrait s'en rappeler. Et il mettait un point d'honneur à ne pas aborder de conversations sérieuses avec elle, ce soir.

- Tu as sûrement soif à poser autant de questions, non ?

Il n'attendit pas sa réponse et se dirigea vers le buffet qui trônait contre le mur blanc de son salon. Il sortit des boissons gazeuses, des jus divers et variés de fruits et également de l'alcool, pas en grande quantité, mais il n'était pas là pour la juger, ni pour la contrôler. Pour lui, elle n'était pas élève, et il n'était pas infirmier ce soir. Il posa le tout sur la table, sans la servir, non pas par impolitesse, mais parce qu'il ne savait pas ce qu'elle préférait boire et il aurait aimé qu'elle se serve elle-même, ça aurait cassé cette ambiance romantique qu'Al' avait tenté d'instaurer entre eux. Il fit simplement un geste de la main qui devrait lui faire comprendre qu'elle n'avait qu'à choisir.
Il s'était lui-même interdit de boire mais... et merde, il était chez lui, non ? Il prit délicatement la bouteille de vodka entre ses doigts longilignes et se servit un verre tout en portant une main à sa nuque. Il se gratta légèrement tandis qu'il reposait la bouteille.

Il avait bien réfléchit, s'il voulait que Yume cesse de lui poser des questions auxquelles il aurait de plus en plus de mal  à répondre sans lâcher d'informations personnelles, il se devait de lui donner un peu de détails de sa vie, sans en faire toute une histoire. Des choses classiques et dont elle ne voudrait pas forcément savoir la suite.

- Je n'ai pas de frère, ni de soeur. J'ai grandi en Egypte, dans une maison qui débordait de luxe et de serviteurs. J'ai étudié sérieusement contrairement à toi et je suis venu au Japon parce que je voulais quitter mon pays...

Il toussota. Il s'était un peu laissé avoir là. Il fallait qu'il trouve une excuse.

- Y'a pas de boulot là-bas, ou pas pour mon niveau en tout cas. Après... infirmier pour des étudiants de bonne famille... je suis pas sûr que ça soit exactement ce que je recherche. Mais pour l'instant, ça me suffit.

Il se gratta à nouveau la nuque, un peu plus fort cette fois, laissant sûrement une marque rouge dans son cou, sous ses cheveux mouillés et se déplaça légèrement sur le canapé, comme pour dissiper un malaise. Il se sentait un peu... bizarre. Il mit ça sur le compte de son invité et ne s'en soucia plus spécialement, pour le moment.
Il but quelques gorgées de son verre et retourna l'interrogatoire vers elle, il en avait tant qu'assez dit, et pour la plupart des informations qu'il lui avait donné, c'était la franche vérité.

- Qu'est-ce que ça va t'apporter de savoir tout ça ? Tu veux faire des études de journalisme ?

Il était cynique mais pas désagréable. Ça ne changeait pas beaucoup du Dorian auquel elle était habituée. Elle ne devait plus faire de cas. Il essuya machinalement les paumes de ses mains sur son jean et se leva une nouvelle fois pour retourner dans la cuisine ouverte, juste derrière elle. Il ne faudrait pas que la mixture soit cramée et immangeable... déjà qu'il n'était pas sûre qu'elle apprécie...
Il s'en occupa quelques instants et fut rassuré de voir que tout allait bien. Il se retourna vers le bar qui longeait la porte d'entrée et prit un plateau qui était posé dessus. Il y'avait des toasts à l'intérieur. Un melting pot de toasts. Des ingrédients japonais, français, arabes... un peu de tout. Au choix du consommateur. Il le posa sur la table devant elle et se rassit, en se frottant la nuque de nouveau. Cette fois il ne put s'empêcher de pousser une exclamation spontanée.

- Nom d'un chien mais ! Tu t'es parfumée à la rhubarbe ou quoi ? et avant même qu'elle ne hausse un sourcil d'incompréhension devant sa réflexion abracadabrante, il éclata de rire et se retourna vers elle, tout en insufflant involontairement une certaine ambiance de complicité entre eux deux.

- Tiens ! Voilà quelque chose de personnel ! Je suis allergique à la rhubarbe !

Qui a dit que Dorian était un infirmier sanguinaire et égocentrique ?
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Mar 2 Juin - 16:12
Yume Namida
M • Critique littéraire
Yume Namida


:
-Le principe d'une fugue, c'est qu'on ne dit rien à personne. Tu as été prévenu ! C'toi qui a pas voulu répondre à mes mails, alors assumes en la responsabilité. J'assume la mienne.

Une mine agacée, Yume avait très bien compris que Dorian lui en voulait d'être partie du jour au lendemain. Et elle commençait à regretter sa décision en voyant l'infirmier aussi amer. Pourtant, elle savait pourquoi elle avait fait ce repli. Elle savait qu'elle n'aurait pas pu faire ce chemin en si peu de temps. La jeune femme n'avait eu aucune envie de prendre trop de temps pour se reconstruire. Elle aurait finit par se dégoûter d'elle-même à force de rester déprimée et son regard vide dès qu'on ne s'occupait pas d'elle. La demoiselle avait eu besoin de ce temps pour elle. Puisqu'en bien même, le trentenaire avait tout fait pour qu'elle aille mieux, elle savait qu'il se serait inquiété d'un rien, et l'aurait réprimée d'une façon ou d'une autre. Il ne l'avait pas connu autrement que triste et fragile. Il n'avait pas vu cette boule d'énergie qu'elle avait été. Et qu'elle était toujours.
La rebelle soupira de lassitude? Certes, se montrer aussi égoïste envers une personne qui avait donné beaucoup de son temps, c'est horrible. Néanmoins, elle avait espéré que Dorian comprenne cette décision. Décision où elle avait pour une fois, considéré le pour et le contre, au lieu de foncer tête baisser comme elle le faisait en temps normal. Preuve, qu'elle avait déjà eu conscience des enjeux.
Elle avait beau avoir tout ça sur le coeur, et vouloir lui faire comprendre, elle gardait ça pour elle, n'ayant aucune idée des mots à employer. Et la jeune femme n'avait aucune envie d'en parlé au final. Cette tête de mule semblait rancunier. Foutu personnalité intransigeante ! C'était impossible d'avoir le dernier mot avec lui. Heureusement, elle avait LA technique ! Noyer le poisson. D'ailleurs, elle comprenait pas cette expression. Comment on peut noyer un poisson ? C'est comme dire à un humain « Je vais t'étouffer avec de l'air ! »

-Mais-euh ! Tu peux pas jouer le jeu pour une fois ? Tu te prends trop au sérieux, dodo !

Yume priait pour qu'il se déride. Parce que s'il se montrait grognon toute soirée, la rebelle sentait qu'ils allaient finir par s'engueuler. Et pas n'importe quelle dispute. Une dispute de couple. « T'es irresponsable ! » « T'es chiant ! » « Je le serais moins si t'en faisait pas qu'à ta tête » « J'en fais pas qu'à ma tête, sinon, je t'aurais déjà embrassé ! » « Bah fais le ! » Ok, ok, là elle devait avouer qu'elle se faisait un sacré film. Ca serait trop beau. Pourquoi ça ne se passait jamais comme ça d'ailleurs ? C'était sans doute trop simple. Et elle était mauvaise manipulatrice. Et pas douée en drague. Et Dorian avait dix ans de plus. Et puis, elle n'était même pas sûre de vouloir vraiment l'infirmier. Il était tellement sérieux, tellement moralisateur, tellement rancunier, tellement... pleins de défauts qui l'horripilait. Pourtant, elle s'accrochait à lui comme un koala à sa branche. Parce que ses défauts qu'elle détestait, elle les aimait aussi. Au fond, elle voulait seulement le bonheur de ce burito épicé, mais avec elle de préférance.
Parce qu'elle avait compris qu'il avait sa carapace. Parce qu'il cachait sa fragilité et sa douceur derrière son caractère énervant et fatiguant. Après tout, il l'avait bien aidé au delà de son statut d'infirmier. Et puis des fois, il s'accordait le droit de s'ouvrir. Comme là, en disant qu'il voulait juste voir des sourires. Le même que le sien... venant colorer de rouge les joues de Yume. C'était plutôt rare ce fait. Mais pas surprenant quand on savait qu'elle s'était battue pour le retrouver, ce sourire plein de vie.

Néanmoins, chassez le naturel et il revient au galop. La rebelle retrouva bien vite son dodo sarcastique, la faisant grogner de mécontentement. Et puis... Depuis quand elle avait posé pleins de questions ? Elle fronça les sourcils tentant de se rappeler. L'effet pipelette ok. Mais elle n'en avait posé qu'une à ce qui lui semblait.

-Je croyais que fuir était ma spécialité...

Ces deux là avait finalement le don d'éviter leurs sujets tabous. Le premier dans l'ironie, et la seconde dans les blagues pas drôle. Au moins ça leur fait un point commun. Sauf que Yume ne voulait plus se voiler la face. Elle avait fait avec Tsumi, et le résultat avait été catastrophique. Il avait fallut qu'il aille trop loin pour qu'elle se rende compte qu'elle était dans la merde. Cependant, elle lui devait bien une chose... Sa rencontre avec l'oiseau disparu.
Qui ramenait de l'alcool. Et surtout de la vodka. La rebelle fit une petite moue. Son petit pêché. Néanmoins, elle ne savait pas trop si c'était une bonne idée. L'idée de déclarer sa flamme à monsieur-je-râle-toujours-pour-rien à cause d'un verre de trop ne la branchait pas particulièrement. Il risquait de prendre un peu peur, et elle voyait déjà la phrase « j'ai dix ans de plus » arriver en pleine face.
Bien heureusement, l'infirmier embraya sur sa vie personnelle qui fit hausser de surprise les sourcils de la demoiselle. Monsieur se dévoilait... Enfin ! Et il était égyptiens... L'image de Dorian en pharaon, s'imposa dans son esprit, et elle ne put s'empêcher de sourire amusé. Sauf qu'en y pensant... Il n'avait absolument pas un nom et un prénom aux connotations arabe. Elle venait de capter. Peut être qu'il avait juste la nationalité... Donc ses origines étaient sans doute... anglaise ? Mystère. Il avait pas une gueule d'européen, non plus.
Et il venait de buter sur la raison de son départ, faisant pencher de côté la tête de ce petit bout de femme, d'un air interrogateur, avant qu'elle n'affiche une moue dubitative, qui voulait dire « Tu mens très mal ». Mais soit, c'était le choix du trentenaire de garder ses secrets, et Yume se fit violence pour ne pas poser de questions. Et c'est très dur pour elle. Surtout de faire la remarque à haute voix du « Je sais que tu mens ! ». Néanmoins, qu'il mette ses révélations sous son insistance, c'était un peu trop.

-Hey ! Tu m'as dit tout ça de ton propre chef ! Ta première réponse était amplement suffisante pour moi ! Je demandais pas ta bio en trois lignes... Et en plus je suis gentille, je te pose pas d'autres questions en voyant à quel point tu es mal à l'aise. Et en plus, je fais du droit, pas du journalisme !

« Et puis t'es à moi, et je veux pas te partager. Et en plus, tu te barres sans prévenir ! ». S'il s'éclipsait trop longtemps, l'étudiante partirait à la recherche de « ce traître de majordome intenable ». Mais en attendant, elle se servit un verre de vodka pomme tranquillement, avant de porter le verre à ses lèvres, buvant une gorgée.
Et c'est à ce moment là que l'oiseau rare revint dans la pièce avec l'apéro, attirant l'attention de la demoiselle puisque tous les toast lui étaient étrangers. Et c'est sans gêne qu'elle piocha un de chaque plus par curiosité que par faim ou gourmandise.
Et elle avait bien eu l'intention d'en mettre un dans son gosier avant de sursauter. Rhubarbe ? Message subliminal pour dire qu'elle puait ? Ah bah non.

-Au moins, si tu m'emmerdes de trop, je sais comment te réduire au silence, maintenant !

Un regard faussement diabolique, elle prit une bouchée de toast tout en regardant Dorian, le regard empli de malice, avec un sourire tout aussi espiègle. Bien sûr, elle ne savait pas si l'infirmier se retrouverait seulement avec des plaques rouges, où si ça lui apportait des problèmes cardiaque. Et elle ne partait pas réellement dans l'idée de faire l'expérience. Heureusement d'ailleurs, sinon le burito avait des soucis à se faire.

-Vaudrait mieux pas que tu l'annonces à quelqu'un d'autre, vu ton taux d'amabilité, par contre.

A chacun ses piques. Il lui avait bien qu'elle n'étudiait pas sérieusement. C'était vrai, mais quand même. Yume avait réussi a passé sa première année. Avec des rattrapages, et elle avait eu du bol de tomber sur des sujets qui l'avait intéressée, mais c'était déjà pas mal, non ?
Elle goûta un autre toast, gardant cette malice avant de faire des gros yeux sous la surprise, dirigeant ces derniers vers le petit canapé.

-Il est trop bon celui là ! Ton majordome est intenable, mais il fait des bons canap' !
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Dim 7 Juin - 18:24
Dorian Fatalys
S • Médecin scolaire
Dorian Fatalys


:
S • Médecin scolaire
Même si Yume et Dorian avaient passer beaucoup de temps ensemble durant presque deux ans, et qu'elle avait apprit à connaître l'infirmier d'une façon assez privée, la petite rebelle n'avait pas encore tout saisi de sa personnalité et surtout de ses points faibles. Par exemple le fait que Dorian était sarcastique et limite mesquin dans la vie de tous les jours était ancré dans les personnalités maintenant, tout le monde le connaissait comme ça maintenant, mais peu de personnes avaient remarqué que ses fameuses piques se transformaient en petites boutades envers les gens qu'il appréciait plus que les autres. Si bien que les seules phrases encore méchantes dans une relation devenue plus personnelle, témoignaient désormais seulement de la rancune ou du regret qu'il pouvait ressentir sur un sujet en particulier. Aussi quand Yume lui reprocha quasiment d'être chiant de réagir de la sorte face à sa fugue mal digérée, il faillit la sermonner ou lui reprocher d'être agressive alors qu'il était sérieux, mais ce serait mettre clairement en avant qu'il avait souffert de cette absence. Elle s'en doutait sûrement mais il n'avait pas envie d'en parler plus que ça, sinon il devrait mettre trop de sentiments et d'émotions sur la table. Il serait même capable de mentir pour éviter la sentence. Il préféra ne rien répondre et acquiesça sans trop de contradiction. Effectivement, répondre à ses mails lui aurait peut-être éviter de se poser autant de questions. Peu importe, le mal était fait et elle était revenue maintenant.
Il avait été vraiment soulagé de revoir son petit visage de souris fouineuse lorsqu'elle était réapparut auprès de lui. Un an lorsqu'on attend quelqu'un, c'est long et Dorian avait presque fini par oublier Yume, ou du moins oublier qu'elle pourrait revenir, il avait oublié d'espérer la revoir. Le choc avait été forcément plus brutal ainsi.

Lorsque la gamine lui reprocha d'être trop sérieux, Dorian faillit presque perdre patience. Depuis quand c'était à qui aura le dernier mot entre eux ? C'était fatiguant ce genre de relation. Un manque de sérieux entraîne trop d'humours et pas assez de sentiments réels, à la longue, on blesse sans même éprouver de regret et l'une ou l'autre personne finit par prendre du recul ou point de ne plus communiquer à propos de sa vie personnelle, de ne plus chercher le contact, jusqu'à disparition définitive. Il ne souhaitait pas ça, mais pourtant c'était ce qui se passait. Yume le faisait reculer en continuant d'être... enfantine. Elle semblait s'amuser, tant mieux certes mais elle marquait bien plus de points chez lui en tant que "petite protégée" qu'en tant que "femme" et ça l'agaçait sincèrement. Sûrement parce que lui désirait autre chose. Oui, il aurait voulu que Yume soit encore plus mature, sérieuse, appliquée, intéressante et distante, se faisant désirer d'être presque inaccessible. Seulement là, c'était tout l'inverse, elle semblait en train d'élaborer une technique d'adolescente en manque de confiance en elle, agressive pour provoquer le partenaire. Quitte ou double. Avec Dorian, ça ne marchait pas. Au contraire.

- Alors finalement qu'est-ce que tu attends de moi Yume ? Tu me reproches sans arrêt quelque chose. Je suis trop froid, trop distant puis quand je te parle, je me confie trop ? Alors quoi... tu veux te contenter d'un "bon appétit et au revoir" ? Tu n'as rien d'autre d'intéressant à me proposer ?

Là voilà, il était agressif, pour de vrai. Parce que ça allait trop ou pas assez loin pour lui. Il était lassé brutalement de cette relation. Elle ne se déroulait pas comme il le voulait. Il ne souhaitait pas que Yume essaye délibérémment de le draguer sans aucune retenue, mais il aurait aimé qu'elle affiche clairement ses sentiments ou ses pensées, positives ou pas. Sans faire preuve de lâcheté, Dorian lui ne le ferait pas, ni ce soir, ni jamais. Il n'ira pas vers elle, que ce soit à cause de son jeune âge, que de sa situation fragile, ou encore de ses doutes. Beaucoup trop de choses les éloignaient l'un de l'autre mais c'était aussi ça qui le faisait s'accrocher à elle. L'interdit a toujours été plus intéressant à vivre.

- Je suis heureux que tu sois revenue de là-bas en pleine forme Yume, mais... c'était y'a un an, et entre temps, beaucoup de choses ont changé pour toi comme pour moi. Quand on est seul, on se pose des questions. Et t'étais pas là pour me donner les réponses, du coup j'y ai répondu pour toi. Et forcément, le tirage n'était pas des plus glorieux. Les absents ont toujours torts, Yume.

Il se leva une nouvelle fois et fit les cent pas dans son salon, main dans les cheveux comme pour extraire cette once de colère qui s'immergeait profondément en lui, l'obligeant à sortir un ressenti qu'il ne souhaitait pas partager et dont il n'avait pas encore tout à fait prit conscience d'ailleurs.
C'était pas le but de la soirée, elle venait juste de revenir et il s'en prenait à elle. La mettre à la porte aurait été tout autant significatif. Seulement, si Yume était capable de voir au-delà des mots, et des gestes, elle comprendrait sûrement que Dorian était perdu et surtout tiraillé entre deux choix qui hantaient son âme depuis plus d'un an. Sa religion et son éducation lui disait de faire abstraction de son humanité et de cesser toute relation hors-scolaire avec elle, mais déjà que Dorian était un personnage abjecte en temps normal, que deviendrait-il s'il mettait toute sa part d'humanité de côté ? Un infirmier au cœur froid ?
Il soupira et balança, comme pour mettre un terme à cette ambiance de merde qu'il venait de créer :

- Ne flatte pas Al' pour quelque chose qu'il n'a pas fait. C'est moi qui ai cuisiné, je te l'ai déjà dis...

Il se stoppa net, baissa la tête. Dans l'histoire, il était rendu à agir comme un gamin lui aussi. A trop traîner avec une enfant, il devait avoir perdu des neurones.
Il se redressa assez brutalement et commença à remuer ses épaules dans tous les sens. Il se mit à grogner d'un tic tout à fait signe de son agacement et puis il comprit.

- Oh merde ! C'est ça ! J'ai pas mis ma crème !

Il ne prit pas plus le temps de s'expliquer et partit du salon pour filer vers sa salle de bain. L'image qu'il vit dans le miroir le fit ouvrir des yeux énormes. Son cou commençait à se couvrir de plaques rouges. Chiotte ! Il avait oublié de la mettre puisque Yume avait sonné à ce moment même. Il ne lui rejetait pas la faute, jamais mais il regrettait d'en être arriver là. Ses démangeaisons étaient peut-être la cause de son irascibilité soudaine mais quoiqu'il en soit, il devra s'excuser. Il prit le taureau par les cornes et retira son bolero puis son petit pull bordeau. Il était torse nu dans sa salle de bain. Il commença à appliquer la crème là où c'était accessible pour une personne seule, mais il se rendit bien vite compte qu'il aurait besoin d'un coup de main. Il hurla le prénom de son majordome mais il déclina l'invitation. Dorian pesta mais il comprit. Il aurait également pas voulu venir donner un coup demain s'il s'était parlé comme ça.

Il posa ses mains sur le rebord du lavabo de sa salle de bain et contempla son reflet avec un air blasé et contrarié. Il était dans un état de stress et de nerf intense. La soirée était une catastrophe et en plus, sa bouffe était sûrement en train de brûler mais il ne pouvait pas ressortir dans cette tenue.
Enfin, si. C'était peut-être ça, la solution. Il prit cinq minutes pour réfléchir et puis ... il décida.
S'il fallait en arriver là pour crever l’abcès alors soit. Dans quelques secondes ou minutes, le choix sera fait. Naturellement, Dorian et Yume ne seraient plus jamais un infirmier et une élève l'un envers l'autre, mais ils ne seraient peut-être rien de plus non plus. Au moins, les choses seraient fixées. Il prit son tube de crème dans les mains et son t-shirt bordeau et sortit pour retourner dans le salon. Il n'avait pas honte de son corps et n'était pas gêné le moins du monde de se montrer dans cette tenue à Yume, loin de là. Il se connaissait et il savait se contrôler, si bien que c'est un visage neutre et légèrement arrogant qu'il imposa à Yume. Il était assez curieux de voir sa réaction cependant.

- Ça te dit d'inverser les rôles Yume ? demanda-t-il pour attirer son attention sur son retour dans le salon. J'ai besoin d'un coup de main...

Il s'arrêta près d'elle et resta debout, torse nu, crème à la main, en la fixant et en attendant sa réponse. Les démangeaisons étaient à la limite de l'insupportable mais il ne pouvait pas lui imposer de le faire si elle ne le souhaitait pas. Après tout, elle allait toucher sa peau au travers d'une crème alors il comprendrait qu'elle refuse directement.

- Tentée ?

Inutile d'essayer de détendre une atmosphère déjà irradiée de mauvaise humeur et de gêne mal placée...
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Dim 7 Juin - 18:35
Yume Namida
M • Critique littéraire
Yume Namida


:
Dorian était un... Gros connard. Comment elle ne s'en était pas aperçue avant ? Fallait vraiment qu'elle arrête les nounours à la guimauve. Il venait réellement d'enchaîner les reproches dont Yume avait franchement du mal à comprendre. Mais elle savait que ça faisait mal. La demoiselle avait laissé porte ouverte à Dorian pour entrer dans son cocon. Mais il semblait ne pas vouloir y entrer en fermant les battants, en comprenant de travers, ou... A répondre à des questions dont elle ne connaissait même pas le teneur. Elle n'avait même pas osé répliqué trop sous le choc de cette mauvaise humeur qu'elle n'avait pas prévu. Pourtant, la japonaise avait toutes les réponses dans la tête. Mais impossible de sortir une moindre phrase. Dorian, était un gros connard...

Mais un connard qui l'impressionnait. Un connard qui l'aidait à être naturelle. Un connard qui la rassurait. Un connard qui allait finir par la perdre s'il continuait sur cette lancée. La rebelle n'était plus vraiment partisane de l'amour vache. Elle rêvait de douceur et de caresses tendres. La demoiselle finit par se recroqueviller dans sa coquille en affichant un regard absent tandis qu'elle entendait l'infirmier partir elle ne savait où. Elle avait décidé de ne plus l'écouter. Si c'était pour se prendre des reproches dans la face, non merci.
D'ailleurs, elle aurait dû lui balancer du tact au tact qu'il était bouché. Que c'était pas de sa faute s'il comprenait tout de travers, s'il avait le QI d'une huître. Que ses questions, il aurait pu les poser par mail, au lieu de faire la tactique du hérisson. Qu'il n'avait pas à être aussi étonné de la revoir, puisqu'elle était japonaise. Ce n'était donc pas si surprenant de la voir dans SON pays d'origine, contrairement à lui. Et surtout, qu'elle n'avait pas à supporter sa frustration, ni sa colère injustifiée. Yume aussi aurait pu être énervée. Parce qu'il n'avait pas répondu. Parce qu'il avait préféré se terrer dans un silence de mort. D'ailleurs, il aurait pu l'être puisqu'elle n'avait eu aucune réponse. Pourtant, elle était là tout sourire en faisant semblant de ne pas être blessée. Parce que c'était Dorian. Il avait le tact d'un pachyderme. Oui, elle allait lui dire tout ça, et elle en était capable maintenant qu'elle était bien remontée.
Et Monsieur Fatalys en rajouta une couche en appelant son majordome. La demoiselle avait bien envie de lui crier un « Et le respect c'est pour les chiens ?! » mais elle se retint. Contrairement à lui, elle était pas chez elle. Mais ça ne saurait tarder s'il continuait sur cette voie. La rebelle avait envie de lui sauter à la gorge. Au lieu de ça elle s'accrocha à son discours long comme le bras, finissant son verre de vodka, avant de le remplir de nouveau.

Ce n'est que quelques instants après que l'infirmier décida de pointer le bout de son nez... Il espérait VRAIMENT de l'aide après l'avoir envoyer sur les roses ? Il espérait VRAIMENT qu'elle dise oui avec ce regard hautain sur la figure. Il croyait VRAIMENT que malgré qu'il soit torse nu ça calmerait sa colère ? Bon, ok, elle était carrément tenté de le toucher. Ok, il avait mit en déroute son loooong discours de reproches. Mais on lui avait jamais dit qu'une fille énervée avec un verre à la main était dangereux. Qui plus est, qui affichait un regard noir.
Il croyait un peu trop en force supérieure celui là. Et ni une, ni deux, elle lui balança son verre au visage, avant de lui sauter dessus dans le but de le mettre à terre. Au final, ça ressemblait plus à une attaque de koala voulant un câlin, si ce n'est qu'elle se mit à le taper comme elle pouvait avec sa force de mouche.

-T'es qu'un crétin ! Une bourrique qui comprend tout de travers ! J'étais contente que tu me parles de toi, mais je sais pas comment t'as fait pour comprendre autre chose. Crétin ! Et maintenant tu te ramènes torse nu et tu me demandes de l'aide après m'avoir engueuler, t'as des gros de soucis de sociabilité ! En plus t'es même pas foutu de comprendre que je suis revenu pour te voir. J'avais aucune autre raison de revenir ici, alors que cette académie a plus de mauvais souvenirs que de bons. T'es qu'une bourrique crétine !

Et ce n'est qu'en finissant sa tirade, elle s'autorisa à arrêter de le taper, avant de descendre. Elle se sentait mieux. Yume avait vider son sac. Manque de bol, c'était le mauvais, cette dernière s'en rendit compte un peu tard, et elle se mit à rougir comme une tomate. Non, elle n'avait pas honte. Bien au contraire, ça la soulageait. Mais elle ne voulait pas que Dorian coupe les ponts. Elle voulait profiter encore un peu de sa présence énervante, mais rassurante. La demoiselle ne savait pas pourquoi c'était lui. Il était plus vieux. Il était arrogant. Il était difficile à comprendre. Il était sarcastique. Il l'engueulait souvent. Et en plus, il ne l'avait pas ménagé quelques minutes auparavant. Mais elle se sentait pleine de vie en cet instant.
Mais étrangement, ça ne se voyait pas trop, puisqu'elle était plus occupée à observer ses mains, la tête baissée, alors qu'elle priait mentalement qu'il n'ait pas tout compris. Surtout le dernier passage. Enfin, c'était rêvé pour le coup. Ou alors, il avait cru mal comprendre. Non, elle n'avait pas envie de se répéter.
La demoiselle décida de positiver. Elle n'avait plus besoin de cacher quoique ce soit. Non, en fait, ça n'a rien de positif là, puisqu'elle imaginait Dorian prendre ses distances avec un « Désolé, je préfère les femmes de mon âge » ou « Je peux pas, je suis ton infirmier »... Ce genre de choses. Yume savait que l'infirmier n'était pas le courage même, et qu'il était plutôt froid.

-J'ai encore fait une connerie...

Elle soupira profondément, regardant partout, sauf Dorian. Ce qui était assez difficile. C'était la première fois qu'elle le voyait torse nu, et la demoiselle avait envie de se rincer l'oeil quand même un peu. Pourquoi, il avait fallut qu'elle fasse sa crise maintenant ? Et pourquoi voulait elle se blottir dans ses bras ? Une envie qui lui était douloureuse tellement la rebelle se retenait de la mettre à exécution.

-Porte ou crème, alors ?

Finalement, ça se résumait à ça. Si Dorian lui demandait de partir non seulement de chez lui, mais aussi de sa vie. Ou crème qui voulait dire qu'il acceptait cette présence mutine. Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres. Elle aurait jamais cru que le mot « crème » puisse être utilisé dans ce genre de situation. Apparemment, la jeune femme avait toujours le don se mettre dans des situations loufoques.
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Dim 7 Juin - 18:58
Dorian Fatalys
S • Médecin scolaire
Dorian Fatalys


:
S • Médecin scolaire
La petite soirée tranquille avait vite tourné à la catastrophe mais c'était quasiment toujours ce qui arrivait lorsqu'ils étaient ensemble. Leur relation était chaotique et si elle semblait parfois pouvoir être améliorée, quelque chose de vif et de piquant revenait toujours sur le tapis pour détériorer à nouveau le pseudo-calme qui s'était installé éphémèrement.

Lorsqu'il était revenu dans le salon avec son tube de crème à la main, Dorian avait croisé le regard de Yume. Cette étincelle de colère, de rage, de frustration et d'incompréhension. Elle avait quelque chose à lui dire, à lui hurler même. Il l'avait bien mérité puisqu'il l'avait pourrit quelques minutes plus tôt et qu'il s'était éclipsé avant de la laisser répliquer. Il accusa légitimement le verre de vodka sur son visage et n'esquissa pas le moindre mouvement pour tenter d'y échapper. Il ferma seulement les yeux avant de passer la langue sur ses lèvres pour récolter quelques gouttes du délicieux breuvage, gâché. Il souriait intérieurement parce que quand elle faisait ça, il trouvait qu'elle était encore plus belle. La colère redonnait du rouge à ses joues, et elle semblait si fragilement femme à cet instant que son visage aurait sûrement pu s'adoucir s'il n'avait pas été interrompue par son intervention sauvage.

Prenant son courage à deux mains, la petite poupée en porcelaine s'était carrément jetée à son cou, se cramponnant à lui comme une moule à son rocher et tentait du mieux qu'elle pouvait de le frapper avec ses petits poings d'enfant. Dans le feu de l'action, Dorian avait lâché le tube de crème et avait systématiquement placé une main sous ses cuisses comme pour l'éviter de tomber. Elle était affreusement légère et il n'avait aucun mal à la porter de son seul avant-bras gauche. Le geste était sans aucune arrière-pensée et elle s'en était sûrement même pas rendue compte d'ailleurs.
Dorian fut touché par ce saut dans le vide bien plus que par le discours qui suivit parce qu'au fond de lui, il le savait tout ça, il avait juste besoin de l'entendre. Il attendit qu'elle se calme et qu'elle relâche son étreinte pour dégager son bras et la laisser redescendre tout en douceur. Il sourirait, tendrement, paternellement même. Il avait découvert une autre Yume. Plus courageuse, plus mature. Elle n'avait pas eu peur de dire les choses naturellement, même si elle était maladivement gênée et rouge à cet instant.

Dorian soupira, il ne savait pas quoi lui dire. Que ce soit en rapport à ce qu'elle avait dit. Il ne savait même pas s'il avait le droit de lui répondre quelque chose. Peut-être préférait-elle qu'il change de sujet, comme si une confession avait été dite mais qu'elle devait rester secrète.
Il laissa la question en suspens et ramassa le tube de crème de façon presque trop lente. Tout dépendrait de sa réponse.

Yume était revenue pour lui ? Pour lui l'infirmier ? Pour lui l'ami ? Pour lui Dorian ? Les réponses évidentes sont les plus difficiles à comprendre.

- Crème... Parce que ça me démange vraiment beaucoup trop... tenta-t-il sarcastiquement, comme pour atténuer l'importance de cette question en lui faisant penser que sinon elle aurait dû prendre la porte.
Il esquissa un sourire agréable et lui tendit le tube de crème.

- Pas de gaspillage et tu dois faire pénétrer la crème, pas la beurrer maladroitement.

Il passa furtivement à côté d'elle frôlant son épaule de son biceps. La différence de taille le choquait toujours autant. Il avança vers son canapé et sortit une couverture d'un des côtés repliables. Il l'étala sur un espace vide de son salon et après y avoir installé un coussin fraîchement tapoté pour une meilleure sensation, il s'allongea de tout son long sur la couverture cachant son visage à Yume mais lui offrant son dos.
Dos couvert de cicatrices. Il ne lui en avait jamais parlé, mais il n'en était pas honteux non plus. Chacun sa vie, et ses soucis.
Cependant, si elle lui posait la question, il répondrait en toute honnêteté, parce qu'ils étaient à un stade de leur relation où beaucoup de questions devaient trouver leurs réponses.

- Ne fais pas ta timide Yume alors que tu viens de me sauter au cou y'a pas deux minutes. Mes démangeaisons sont insupportables. Abrège mes souffrances.

Il tenta de casser la petite gêne qui devait s'être installé dans la tête de l'adolescente. Il attendit qu'elle se soit approchée de lui pour tourner la tête de l'autre côté, la laissant ainsi tranquille pour prendre la décision d'elle-même et se faire à son corps d'apollon (...)
Il laissa passer un peu de temps avant de reprendre la parole.

- Merci de ta franchise Yume et désolé d'avoir été obligé de te pousser à bouts pour que tu te livres enfin... J'ai mes torts aussi dans l'histoire, je suis borné et j'ai sûrement interprété les choses d'une façon inadaptée... En tout cas, sache que je... PUTAIN, c'est froid !

Le contact de la crème sur son dos le laissait de marbre d'habitude parce qu'il s'y attendait mais là, Yume l'avait prise au dépourvu. Il s'était presque détourné sur le coup mais s'était retenu par réflexe. Il se mit à rire, secouant son corps de soubresauts caractéristiques de l'homme allongé sur le ventre qui se marre, et plongea la tête dans le coussin devant lui, comme pour tenter de refréner le fou rire qui le gagnait.

- Tu vois que je suis humain, finalement. Petite teigne.

Il avait dit ça sur le ton blagueur et presque taquin. Il la chambrait.

- Bref euh... Oui, sache que je suis ravi que tu sois revenue... et encore plus de savoir que c'est pour moi. Ne me demande pas pourquoi. Je sais juste que ça me fait plaisir. Après tout... tu es ma petite Yume. On ne t'oublie pas si facilement que ça... mais essaie d'éviter de m'en donner l'occasion.

Ou comment dire "reste" en tournant autour du pot... de crème.
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Dim 7 Juin - 19:01
Yume Namida
M • Critique littéraire
Yume Namida


:
Connard ! C'était la première pensée qu'elle eut. Dorian ne montrait absolument pas ce qu'il pensait, selon elle. Yume avait l'impression de faire un pas en avant, pour faire trois pas arrière. Impossible de savoir ce que l'infirmier ressentait face à cette révélation. C'était quand même pas rien d'entendre « je suis revenue pour toi », si ? Bah apparemment pour le berger allemand, si, c'était comme dire « fait beau dehors ». Résultat des courses, la rebelle ne savait pas si elle pouvait continuer sur sa lancée et continuer de lui dire combien il lui avait manqué. Un véritable crève coeur. Elle ne voulait pas le faire fuir. Et connaissant ce grand dadet, il serait capable de fuir pour ne pas lui faire de mal, ou en prenant peur de l'affection toute particulière qu'elle lui portait.
Pourtant, elle était incapable de lui en vouloir en voyant ce doux sourire ô combien rare sur les lèvres de Dorian. Ca et le fait qu'il se lèche les lèvres quelques minutes plus tôt... Il pouvait sincèrement rivalisé de sensualité et de douceur sans qu'il ne s'en aperçoive, donnant à Yume l'envie de se blottir contre lui et un peu plus. Mais voilà qu'il était en train de l'infantiliser une nouvelle fois, dirant un profond soupire à la rebelle. Certes, elle n'était pas la maturité même, mais fallait pas pousser non plus.

-Tu me prends vraiment pour un jambon.


Soyons clair, elle commençait à en avoir réellement marre de ce comportement paternelle trop protecteur. Elle ne voulait pas être adoptée par l'infirmier. Elle ne voulait pas être le petit chaton trouvé dans la rue sous la pluie et à qui on offre un toit, parce qu'on fait pitié. Ca la faisait désespérée d'être un jour vu comme une femme. Certes, Yume se savait fragile, et ne tenait pas spécialement à être forte. Mais elle gardait tout de même une joie de vivre qui tenait presque du miracle. La demoiselle n'eut pas le loisir d'approfondir ses pensées en sentant Dorian la frôler, lui tirant un frisson sans trop savoir de quoi. Mais elle savait que la crème est devenue le dernier de ses soucis et qu'elle voulait se coller à l'infirmier. Elle dû se retenir de gémir de frustration, avant d'écarquiller les yeux. Il foutait quoi là ? La rebelle pensait s'asseoir sur le canapé et Dorian par terre. Mais non, faisons le compliqué et tentateur. C'est carrément plus drôle !
Fronçant le nez sous la réplique de ce dernier, la rebelle avait juste envie de dire « démmerde toi » par simple esprit de contradiction. Le « s'il te plait » il ne connaissait vraiment pas...

-Tu serais déjà soulagé si t'étais sympa !


Simple constatation. Il n'y avait aucun venin dans ses paroles, juste de l'exaspération. Et l'envie de prendre ses jambes à son cou. Ca allait être une torture finalement. Yume devait éviter de laisser traîner ses mains dans les cheveux de Grincheux, éviter d'avoir des mains baladeuses sur son dos. Elle aurait trépignée si elle avait été seule. Au lieu de ça, elle s'installa à califourchon, posant ses fesses sur celles de Dorian. Action qu'elle regretta aussitôt. Elles avaient l'air musclé les garces ! Et franchement, elle ne put s'empêcher de sautiller dessus pour en tester la fermeté en souriant nerveusement. Et c'est tout aussi nerveusement qu'elle appuya malencontreusement sur le tube de crème alors que Dorian lui parlait, laissant deviner qu'elle avait mis une couche plutôt importante. « Pas de gaspillage », hein ? Bah c'était foutu ! C'était quoi cette idée d'être aussi canon, aussi ? Et c'était quoi cette idée d'être aussi mignon quand il rit ? Elle avait autant envie de l'étrangler que de l'embrasser. Mais elle ne fit ni l'un ni l'autre, se contentant de sourire amusé.

-Tu peux pas être autre chose qu'humain avec tous ces défauts.


Ca c'est fait. Mais c'était dit sur un ton tout aussi taquin que le sien, et elle passa sa main dans les cheveux de l'Egyptien pour adoucir ses propos, avant de se mettre légèrement à rire sous la confidence de Dorian. Si la demoiselle n'était pas encore amoureuse de lui, sans aucune doute qu'elle tomberait sous son charme en cet instant en remarquant que l'infirmier avait juste eu besoin d'être rassuré. C'était qui l'enfant cette fois ?

-Tu es un nounours Dorian. Sous ton mordant, tu es un nounours.


Elle se pencha légèrement l'embrassant doucement sur la tempe, avant de se redresser un air malicieux sur le visage.

-Mais ne t'inquiète pas. Je ne le dirais à personne.


Est ce qu'il se rendait compte qu'il n'avait jamais été aussi vulnérable qu'en cet instant ? Une vulnérabilité qui la touchait, puisque c'était rare. Tirant sur les manches de son pull, parce que c'est bien beau de parler, mais il y avait la crotte de crème qui prenait racine sur la nuque de l'infirmier. Enfin, ça c'était avant de remarquer des traces d'un passé sans aucun doute douloureux. Yume en caressa quelques unes du bout des doigts lentement, ne sachant pas trop si l'infirmier voulait en parler. Pas à un vent près de toute façon, elle demanda d'une voix enroué sous l'émotion.

-Dorian... Qu'est ce qui s'est passé pour que tu es... ça ?

Elle ferma doucement les yeux tout en soupirant profondément, une lueur de tristesse dans le regard. Comment arrivaient ils à passer de la colère à l'amusement puis au bouleversement en si peu de temps ? Elle entreprit néanmoins d'étaler la crème avec une certaine habilité faisant des ronds sur les plaques pour que la crème pénètre bien la peau.
Une fois fini, Yume décida de masser l'infirmier sans lui demander son avis. Posant un index et un majeur de chaque côté de la nuque, descendant vers la clavicule avant de revenir pour se diriger vers les omoplates, elle remonta jusqu'à la base de ses cheveux pour repartir vers le bas en suivant la colonne vertébrale pour séparer ses mains au niveau des reins. Elle fit ce manège durant plusieurs minutes avant de finalement ouvrir la bouche parlant toujours d'une voix douce et amère.

-T'es pas seul, tu sais. Même si je suis pas très forte, je suis là.


Il n'y avait plus de comportement enfantin. Juste cette mine de jeune femme fragile. Un visage qu'elle montrait rarement puisqu'elle ne voulait pas qu'on s'inquiète pour elle. La rebelle vint naturellement se blottir entre les bras de Dorian, nichant sa tête au creux de son cou. Un frisson parcouru son échine avant qu'elle ne se sente étrangement bien et en sécurité. Une main vint caresser les cicatrices dans son dos dans une douce tendresse.

-Je suis désespérante. C'est toi qui doit me rassurer.

Elle se mit à rire nerveusement en se pinçant l'arrête du nez. La demoiselle se sentait horriblement idiote et inutile. A croire que ce qu'elle venait de dire ne servait à rien. Pourtant, avant elle y arrivait. Avant, elle arrivait à partager des fardeaux. Ca l'exaspérait de faire un petit pas après l'autre, voulant retrouver cette jeune femme plus forte. Et plus rayonnante.
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Dim 7 Juin - 19:48
Dorian Fatalys
S • Médecin scolaire
Dorian Fatalys


:
S • Médecin scolaire
Dorian avait légèrement perdu son sourire quand Yume avait abordé le sujet des cicatrices. Des souvenirs plutôt désagréables avaient reprit leur place initiale dans son esprit et il se perdait dans les méandres d'un fardeau trop longtemps emprisonné. Il n'avait pas spécialement le besoin ni l'envie de lui cacher cette période sombre de sa vie mais il continuait de penser que s'il devenait trop proche avec Yume même au niveau de leur passé respectif, il ne pourrait plus revenir en arrière. Il n'arrêtait pas d'essayer de savoir ce qu'il devait faire, sans jamais savoir prendre une décision. Elle était quelqu'un qu'il appréciait, à n'en point douter mais cette histoire en valait-elle vraiment la peine ? Tous ces risques qu'ils encouraient tous les deux -et surtout lui- si jamais il franchissait une étape de trop... en valaient-ils vraiment le coup ?

Tendrement, elle passa ses doigts dans son dos, caressant ses infâmes marques d'une éducation trop sévère. Il tressailli en la sentant déposer un bisou sur sa tempe. Elle s'ouvrait petit à petit à quelque chose qui la dévorait de plus en plus. Et Dorian ne faisait rien pour l'empêcher d'y céder. Il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même. Il était fier de ce qu'elle était devenue après tout. Il la voyait toujours comme une gamine insolente et boudeuse mais elle avait aussi par moments cette part de féminité propre à elle, et elle le rendait plus humain... Restait à savoir si elle faisait ressortir son côté "homme" ou son côté "Père". Si l'infirmier posait ses lèvres sur celles de sa petite protégée, aurait-il l'impression d'avoir enfin réussi à faire succomber une femme qu'il désire, ou au contraire, se sentirait-il pervers sexuel parmi les prédateurs de petites filles ? La réponse ne dépendant que de son acte, mais il ne pouvait s'y résoudre.

Yume elle, semblait bien loin de toutes ces préoccupations. Pour elle, ça paraissait clair depuis longtemps. Entre bisou sur la tempe, massage tendre et doigts dans les cheveux, la belle donnait des frissons au grand égyptien. Le contact charnel qu'elle provoquait en étant assise sur ses fesses de son poids plume, elle l'ignorait sûrement. Mais quand elle se coucha sur lui de tout son poids, elle savait sûrement ce qu'elle faisait.
Leurs visages n'étaient pas loin l'un de l'autre et Dorian plongea son regard dans le sien pendant qu'elle faisait encore l'idiote adorable. Il avait été à deux doigts de lui révéler les causes de ses infâmes marque de douleur sur son dos mais la demoiselle n'arrêtait pas de parler. Seulement... au lieu d'agacer Dorian, il fut agréablement surpris. Elle prenait les choses en main... Bon, certes elle avait une façon de lui parler qui le ramenait gentiment en enfance, il ne trouvait pas ça très agréable mais c'était pas détestable non plus. Il préféra ne rien dire parce que s'il la rabrouait sur ce genres de petites attentions, elle se refermait sûrement comme une huître et finalement, la soirée serait gâchée.
Un silence un peu imprévu s'installa et Dorian préféra cesser cette proximité dangereuse. Il se redressa légèrement pour se mettre sur le côté. Il releva un de ses coudes qu'il posa sur la moquette et la paume de sa main vint épouser son menton. La pose était sexy mais c'était pas là le but recherché.

- Mmh la cicatrice en haut qui ressemble à un v, c'est ma première femme. Un coup de couteau ! Elle a pas supporté quand je l'ai quitté. Va refaire confiance toi après !

Il avait un sourire si marqué sur le visage qu'il était clairement facile de savoir qu'il racontait n'importe quoi.

La deuxième, un peu en-dessous, ce sont sûrement les traces d'un ancien tatouage mal effacé, de ma période de motard rebelle. Une erreur de jeunesse ! Ne fais jamais ça, Yume !

Il la regarda d'un air malicieux, et puis il se rendit compte qu'elle était tellement crédule et "bête" par moments, qu'elle serait capable d'y croire, alors il profita de la confusion générale pour balancer la vérité un peu froidement.

Quant aux autres... des coups de fouets sûrement de la part de mon père autoritaire pour que j'apprenne bien mes leçons. Tu vois, j'aurais pu être un vilain professeur avec toi moi aussi et te gaver comme les oies pour que tu reprennes du poids !

Il s'assombrit légèrement. Même s'il l'avait dit en blaguant, la vérité était sortie. Elle ne croirait sûrement pas un mot de ce qu'il venait de dire mais c'était pas important, ça n'empêchait rien entre eux. Le passé n'est pas toujours vital pour construire quelque chose de neuf. Au contraire même, quand les bases sont pourries, c'est difficile de faire tenir quelque chose de stable dessus. Alors autant ne rien dire et cacher le vice jusqu'à l'effondrement, les pertes seront sûrement un peu amorties depuis le temps...

- J'ai même plus faim. Et puis pour être franc, ça a sûrement cramé maintenant. Tu as mis trois plombes à me beurrer cette crème !

Il se releva et partit dans la cuisine un peu plus loin pour arrêter la cuisson. Il ne prit pas la peine de vérifier l'état, il le sentait. Çà l'embêtait de laisser une petite bête affamée sur son tapis, mais il doutait sincèrement qu'elle ait encore faim après tous les toasts qu'elle avait dévoré.
Il revint un peu vers elle et il lui fit comprendre de se relever d'un signe de tête. Il affichait un nouveau sourire.

- Viens, j'ai quelque chose à te montrer.

Il partit dans son couloir sans vraiment l'attendre, mais sans manquer de courtoisie, il savait qu'elle viendrait. Il chopa sa chemise dans la salle de bain au passage et se rhabilla rapidement. La crème n'était pas tout à fait sèche mais c'était pas pire que les démangeaisons.
Il entra dans sa chambre. La pièce ne contenait qu'un grand lit bien fait, un immense dressing sur l'intérieur gauche et un télé encastrée dans le mur en face du lit. Le mur en face d'eux n'était qu'une immense baie vitrée qui donnait sur la mer. De nuit, c'était plutôt terrifiant, mais ça rappelait de bons souvenirs à Dorian. Il esquissa un sourire et se retourna pour attendre sa petite timide. Il fit un signe de la main qui lui indiqua d'entrer dans la chambre et il se dirigea vers le dressing qu'il ouvrit doucement. La réaction ne se fit pas attendre longtemps. Un petit chaton en sortit, tout content, et il alla directement se frotter aux jambes de Yume en miaulant comme un petit diablotin pour qu'elle cède à la tentation. Il savait comment y faire avec les femmes, il avait été à bonne école ce matou.

- Je te présente Le Poux, mon adorable partenaire dans la vie. Ne crois pas que je l'enferme dans le dressing, il y va tout seul, c'est sa planque !

Il alla s'asseoir sur le lit, les coudes sur les genoux. Il était torturé par la révélation qu'il venait de faire à Yume alors qu'elle devait sûrement le prendre à la rigolade.

Pour être honnête, je t'ai dis la vérité tout à l'heure Yume. Les cicatrices dans mon dos viennent de la main de mon Père.

Il se releva et s'approcha d'elle. A l'instant même où il ne fut plus qu'à une trentaine de centimètres d'elle, il sut qu'il aurait une petite pulsion incontrôlable, ce genre de pulsion qu'on a quand on est dans l'interdit mais qui est si tentante que beaucoup se laisse prendre au jeu... Il se laissa tenter lui aussi, et sans crier gare, il la prit dans ses bras, doucement, tendrement, elle pouvait s'échapper à tous moments. Il posa son menton sur le haut de sa tête et se mit à murmurer, conscient qu'une telle confidence pouvait amener des larmes si la personne se sent assez en confiance.

- On a tous des douleurs en nous qu'on préfère masquer pour se fondre dans la masse, mais entre toi et moi y'a pas besoin de faux semblants. Si tu souffres, si tu as peur, si tu as mal, dis-le moi d'accord ? Je serais toujours là pour t'aider. Toujours.
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Dim 7 Juin - 20:56
Yume Namida
M • Critique littéraire
Yume Namida


:
Elle était un peu restée sur le cul sous la révélation. Ca avait été un peu sur le même ton : « Coca ou fanta ? ». Ce qui rendait la vérité d'autant plus cruel, puisque Dorian estimait que c'était... Normal. Il devait savoir que c'était tout de même mal vu d'entendre ça, et sans doute que les regards de pitiés n'aidaient pas. Ce dont elle ne comptait pas faire. Après tout, c'était justement pour ces raisons que la plupart des gens se taisaient. Etrange, alors que l'infirmier avait réellement vu la demoiselle comme une demoiselle fragile. Certes, elle ne se vantait pas d'être la plus forte. Mais à quoi bon être un chêne si c'était pour se casser face à une grosse tempête. Mieux valait être aussi souple d'une petite branche. Ca se plie au moindre coups de vent, mais ne se brise jamais.
Ceci dit ça ne l'empêchait pas d'être agacée par le comportement de ce dernier. Dorian était réellement infecte ce soir, et difficile à supporter. Un peu de douceur dans son caractère de merde ne lui ferait pas mal. Yume savait qu'il en était capable, parce qu'il l'était vraiment parfois. Sa timidité lorsqu'elle lui avait demandé pour la première fois un câlin, avait juste été adorable. Et à force de le fréquenter, la japonaise s'était rendue compte que ça lui avait demandé énormément d'effort. Et là, c'était... La catastrophe.

-Arrête de râler, et me faire la morale. C'est chiant. Surtout quand tu remets toujours la bouffe sur le tapis. Oui, j'ai frôlé l'hospitalisation. Oui, si tu n'avais pas été là, je serais dans un sale état. Mais, il est temps de tourner la page. Je ne suis plus la même sale gosse. Est ce que tu t'en rends compte à quel point c'est casse couille ? C'est comme ci je te rappelais tous les jours...

Elle se mit à réfléchir soudainement à ce qu'elle pourrait dire. L'idée de balancer « Que t'es un connard » risquerait de lui faire trop plaisir, puisqu'il cherchait par tous les moyens à garder ses distances avec les gens. Non, ça serait plutôt autre chose.

-Hum... Que j'avais raison sur un truc dont tu n'en démordais pas. Ca froisserait ton ego-surdimensionné, et ça finirait par t’énerver. Bah là, c'est pareil. Surtout, que j'ai été adorable de t'étaler de la crème après ton comportement odieux. Alors dis merci au lieu de « T'as été trop lente ».

Et le fait qu'il se soit éloigné n'avait pas arrangé les choses. Un pas en avant... Deux pas en arrière. L'infirmier avait juste le don de mettre ses émotions sans dessus dessous : « Oh, il est trop sexy ! » « Connard » « Trop adorable ! » « Je vais le tuer, non je peux pas, regardez moi ces fesses, et ses abdos ! », « Le physique ne fait pas tout ! » « Oh, un câlin ! ». Bref, impossible de faire le tri. Sauf là bizarrement. Parce que Dorian avait sans doute dépassé les limites, même si elle n'était pas énervée pour autant. Elle était juste... Blasée... De ne pas savoir ce qu'il pensait, ce qu'il voulait. Subir l'humeur de monsieur lunatique entre gentillesse, donneur de leçon, et « vas y t'approche pas » était juste très fatiguant.

Et voilà qu'il se barrait et Yume leva les yeux au ciel d'un air exaspéré, bougeant sa main en l'air de dire « Je parle dans le vide », avant de soupirer se retenant de hurler de frustration. A la place, elle sauta de nouveau sur les petits fours l'air de rien, et les remettant en place pour ne pas trop faire remarquer qu'elle venait de faire énormément de victime parmi ces petits sacrifices pour bidouf. Elle avait sa réputation d'anorexique à tenir ! Regardant le plat de gauche à droite... Impossible de ne pas constater qu'elle n'avait pas fait un massacre. La japonaise se demanda furtivement POURQUOI elle s'emmerdait à cacher ça... L'infirmier serait content de la voir en aussi bonne santé... Ah oui, il serait content, c'était ça le problème. La rebelle lui avait fait trop de fleur pour la soirée.
Le voyant revenir, elle joua la petite fille sage avant que Dorian ne lui demande de la suivre. Ou plutôt ordonne. C'était définitif, la jeune femme allait lui apprendre le mot « S'il te plait » !

Mais au moins, elle apprécia la surprise puisqu'une adorable boule de poil fit son apparition et qu'il réclama tout de suite des caresses. Oh quelqu'un de social dans cette maison. Incroyable. Elle s'accroupit pour y poser sa main et toucher son pelage doux, avant de la prendre dans ses bras, lui grattant ses oreilles et aussitôt un ronronnement de s'y attendre dans la chambre qu'elle trouvait élégante.

-Toi au moins tu dois être facile à supporter.

Elle lança un furtif regard perçant à l'infirmier avant de reporter son attention sur la bête, qu'elle lâcha quelques secondes après. Oui, la demoiselle ne supportait toujours pas le comportement de celui qu'elle aimait. Pourquoi c'était toujours les connards qui attirait son attention ? Saloperie d'hormones. Elle aurait pu tombée amoureuse de Lun, tête blonde paumée, mais adorable qui ne cherchait que son bonheur, et qui avait toujours été doux. Mais non, fallait que ce soit le mec qui la bouscule, et aux jugements intransigeant.

Et paf. L'adorable Dorian revenait sur la scène. MAIIIIIIIIIIIIS ! Qu'on la laisse le détester plus de cinq minutes, s'il vous plaiiiiiit ! Au moins, elle était sûre désormais que les cicatrices de l'infirmier n'étaient pas seulement physique, et elle s'en voulu d'avoir été « méchante ». Une partie d'elle, se disait qu'il le méritait quand même.
Et PAF, un câlin, elle en profita pour respirer son odeur en fermant les yeux tout en l'écoutant. Petit discours qu'elle n’entendrait pas tous les jours, mais quelque chose lui disait que ce câlin, c'était pour se rassurer lui. Ces mots, c'était ce qu'il voulait entendre. Yume releva la tête, tout en le regardant calmement, avant de le pousser jusqu'au lit. Marre des gens grands ! On est au Japon, merdouille ! Les mètres quatre-vingt ça devaient pas courir les rues. Et forcément tout son entourage tapait dedans. Bref. Une fois que Monsieur-je-sais-pas-ce-que-je-veux eut posé son cul, la rebelle vint s'accroupir devant lui, ne décollant pas son regard du sien.

-Dorian... Est ce que tu es heureux ? Tu ne veux pas que les gens s'approchent de toi, alors tu les repousses. Mais... Même si on t'a fait mal... Ce sont aussi les gens qui te rendent heureux. C'est plus sympa de partager une glace avec une personne qu'on apprécie que tout seul.

Elle se mit doucement à caresser sa joue d'un geste étrangement protecteur. La demoiselle avait mit de côté cette attirance autant physique, que sentimental de côté pour seulement se concentrer sur cet homme qui semblait être redevenu un petit garçon. Yume lui fit un doux sourire.

-Je vais bien, tu sais. Tu n'as pas besoin de t'inquiéter autant pour moi. J'ai appris à demander de l'aide grâce à toi. Alors si jamais je vais mal, c'est toi que j'irais voir en premier, d'accord ? Alors, si tu souffres toi aussi, regarde moi. Je te sourirait avec toute la vie que tu m'as redonné, ok ?

Bon, c'était légèrement... Niais. Et la demoiselle se sentit obligé de faire un peu d'humour, histoire d'alléger un peu cette atmosphère un peu tendue.

-Parait qu'ils font ça les artistes quand ils sont déprimés. Ils regardent leurs chefs d’œuvre, et le moral revient.

Yume se releva, tournoya lentement sur elle-même avant d'adresser un sourire amusé et doux en direction de Dorian, avant de rire un peu nerveusement.

-Je partirais pas cette fois. Je serais là. En tant que personne, et non comme patiente, ok ?
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Lun 8 Juin - 12:37
Dorian Fatalys
S • Médecin scolaire
Dorian Fatalys


:
S • Médecin scolaire

- Ça fait longtemps que tu n'es plus une simple patiente à mes yeux, Yume...

Enfin !
Il ne se l'était jamais avoué même à lui-même, et là ce soir, après les confidences matures de la demoiselle, il s'était senti presque obligé d'éclaircir quelques points. Yume avait été un peu comme un tremplin pour lui, ou tout du moins, une sorte de pont un peu fragile entre deux mondes trop différents. Il avait détesté venir ici de son plein gré pour fuir une situation qu'il se sentait assez incapable de gérer tout seul et il avait eu encore plus de mal à reconnaître qu'il se sentait seul et qu'il avait eu besoin de se sentir utile pour s'accepter. Fierté quand tu nous tiens...
Il apprécia sincèrement la caresse de Yume sur sa joue. C'était doux, délicat, et sûrement sans intentions précises. Elle avait tellement changé. A ce moment-là, elle semblait si femme que Dorian arrivait presque à oublier ses précédentes phrases ponctuées de jurons et de "je te renvoie la balle parce que tu es vilain". Yume grognait sur son caractère de merde, mais elle ne se rendait pas encore compte qu'elle ne savait juste pas comment le prendre. Ne connaissait-elle dont pas l'expression "Fuis-moi, je te suis" ? A trop donner, on se fait jeter. Dorian était de ceux qui pensaient que quand est tout rose et facile, il n'y a plus d'intérêt, alors il compliquait la tâche et semer des tas d'embûches sur sa trace. La petite s'accrochait à lui mais pas de la bonne façon. En continuant d'être aussi facilement vexée et faussement choquée, elle ne faisait qu'accentuer le côté enfantin qui repoussait Dorian dans ses retranchements. En tentant de se faire passer pour plus âgée qu'elle était et en essayant de lui ouvrir les yeux sur sa situation, là elle devenait bien plus qu'une enfant. Elle s'éveillait tout en piquant la curiosité de l'infirmier.

- Si je suis heureux ? ... Mmh... C'est pas facile de déterminer son propre degré de bonheur ou pas. Je ne me sens pas mal. En tout cas, pas ces jours-ci. C'est vrai que quand j'ai débarqué dans ce pays étrange, je ne me sentais pas à ma place. Pour être franc, les choses n'ont pas vraiment changé mais je fais avec.

Yume avait raison, ce sont les autres qui nous rendent heureux, mais ils ont aussi tellement de chances de nous faire du mal qu'il était devenu difficile pour lui d'accorder aveuglément sa confiance. Yume avait déjà trahi cette petite parcelle de lui qu'il avait apposé en elle en lui accordant cette touche de douceur à l'infirmerie. Oui, elle était gavée d'en reparler mais elle était responsable de son attitude d'aujourd'hui. Il se sentait incapable de recommencer si facilement. Il fut content qu'elle le reconnaisse enfin et qu'elle promette d'être toujours là cette fois. Pourvu que ce ne soit pas une énième promesse en l'air.

- Tu sais Yume, je ne suis pas quelqu'un d'agréable et de souriant mais ne crois pas que je suis malheureux, c'est ma façon de voir les choses et de me protéger. J'ai été éduqué comme ça, par un Père qui m'a apprit que je devais toujours penser que j'étais le meilleur, le plus intelligent. Même si aujourd'hui j'essayais de descendre de son piédestal sur lequel il m'a monté, je ne pense pas que j'en serais capable. C'est pas si horrible, tu sais, de se sentir numéro 1 à longueur de journée.

Il agrémenta cette modestie d'un sourire moqueur et touchant. Il se savait insupportable pour une majorité confirmée de ses collègues et beaucoup de femmes avaient passé leur chemin dès qu'il avait commencé à étalé ses... qualités au grand jour. Il ne pouvait pas en vouloir à son Père, après tout, c'était grâce à lui qu'il avait été aussi loin dans ses études et qu'il n'avait jamais baissé les bras. Son moral était d'acier et son ambition n'avait pas de limite. Où était le mal à ça ? Il avait décidé de faire son chemin dans ce sens et pour ceux à qui ça déplaît, il ne les retenait pas. Seulement, il devait aussi apprendre à mettre sa fierté de côté pour laisser un peu de place aux petites sangsues comme Yume qui souhaitaient trouver leur place auprès de lui. Oui, il pensait comme elle, elle était attirée par les cas difficiles.

- Ton penchant pour les relations chaotiques me pousserait presque à te recommander au psy de l'école, tu sais ?

Il posa ses deux mains à plat sur le lit, derrière son dos pour contempler sa petite protégée qui tournoyait sur elle-même. Oui elle était réellement resplendissante, à n'en point douter.

- Rassure-toi, je suis fier de ce que j'ai accompli te concernant. Et encore plus de tes efforts.

Le reste de la soirée fut plutôt calme et rempli de guimauve. Ils restèrent à discuter une bonne partie de la soirée de tout, de rien, sans équivoque, sans chercher à prendre le dessus l'un sur l'autre ou à se reprocher des choses qui les ont mutuellement blessés. Le petit chat sur les genoux, la demoiselle lui parla de sa vision de l'avenir et Dorian en fit autant. Rien ne semblait pouvoir entacher cette nouvelle relation si utopique qui s'installait entre eux... et pourtant...

Un an plus tard, un événement terrible se produisit. Le ville d'Hoshi et ses alentours furent presque entièrement balayés par un tremblement de terre d'une violence sans précédent pour Dorian. Les corps furent autant blessés que les cœurs pour la plupart des gens. Au-delà de la souffrance physique, s'acharnait bien plus une douleur morale insistante. La perte d'êtres chers et d'élèves de l'Académie marqua longtemps les esprits. Dorian ne fut plus le même.
Gravement blessé pendant le séisme, il resta plusieurs mois à l'hôpital après ça. Son bras et sa jambe étaient touchés mais ce n'était rien comparé à cette douleur qu'il ressentait à l'intérieur de lui. Paralysé par une certaine peur -dû au manque ironique d'accoutumance aux séismes-, Dorian avait vu un de ses amis mourir sous ses yeux et plusieurs de ses élèves se battre de toutes leurs forces malgré les blessures qui les entravaient. Des comportements négatifs dans tout ça avait achevé sa vision de la nature humaine et seule Yume avait su redonné un peu d'espoir et d'optimisme à l'infirmier mutilé.
Fini les remarques sarcastiques et les dédains de Fatalys dans les couloirs de l'école, chaque petite coupure lui rappelait combien la vie était fragile et il ne se permettait plus d'être froid et distant. Bien sûr, il ressentait toujours cette envie de vouloir tout balancer et de quitter une fois pour toute ce pays de drames mais à chaque fois qu'il était à deux doigts de le faire, elle apparaissait. Comme une petite fée sur son épaule. Son sourire valait tout l'or du monde.

Il avait eu si peur de la perdre pendant cette atrocité qu'il s'était juré de ne plus la lâcher une seconde désormais mais comment faire puisqu'elle était étudiante et surtout très autonome et vivace. Elle ne cachait pas son désir de voir constamment l'infirmier mais il ne se sentait plus autant à la hauteur que précédemment. Lui qui s'était vanté d'être fier de son comportement odieux quelques mois plus tôt, voilà qu'il boitait désormais et s'inquiétait pour son prochain. Valentine avait démissionné, il avait donc en charge deux élèves pour leur suivi psychologique et il s'en serait bien passé d'ailleurs.

Après sa sortie d'hôpital, Dorian avait prit une décision. Il se devait d'être un peu plus franc envers lui-même et surtout envers elle. Il avait passablement avoué qu'elle avait prit une place un peu plus importante dans sa vie lors du repas qu'il avait fait chez lui mais ce n'était q'une toute petite partie de la vérité. Aujourd'hui, il se devait de lui dire ses peurs comme ses envies, au risque de la perdre. Il ne voulait plus cacher ce qu'il ressentait. Et si jamais il se retrouvait à défier la loi ou ses principes de personnel de l'Académie pour garder sa petite Yume près de lui, et bien qu'il en soit ainsi.
C'est pour ça, que quelques semaines après être sorti, Dorian fit faire une petite clef, double de chez lui, qu'il déposa en plein cœur du centre-ville à l'attention de Yume.


Confortablement chez lui, Dorian espérait presque entendre la porte se déverrouiller toute seule et découvrir une petite bouille adorable lui sourire naïvement entourée d'au moins 2 valises de babioles futiles...
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Lun 8 Juin - 18:47
Yume Namida
M • Critique littéraire
Yume Namida


:
Ca ne faisait pas très longtemps qu'elle s'était remise à parler. Ca ne faisait pas très longtemps que Dorian était sortie de l'hôpital. Elle n'avait pas osé aller trop le voir de peur que les rumeurs s'alimentent de nouveau. Ce n'était pas dans son objectif de risquer l'emploi de l'infirmier. La rebelle préférait attendre qu'il prenne une véritable décision.

Un appel du centre commerciale pour lui dire qu'elle avait plusieurs paquets déposer à son nom. Elle s'habilla rapidement avant d'y aller, allant dans un café pour les ouvrir. Un des t-shirt de Lun qui la fit sourire comme une enfant. Celui de Kohaku qui la fit légèrement rire en voyant la peluche de Chess, censé remplacer son koala quand il n'était pas là. Elle envoya un message à ce dernier.

Citation :
Ta peluche a intérêt à avoir ton odeur, sinon, ça marchera pas !

Elle fit un bisou à la peluche, avant de finalement ouvrir le paquet de l'homme qui était cher à son cœur. Il avait un peu fait le radin au vu de la taille et du poids du paquet. Néanmoins, il lui en avait fait un. C'était la première fois, alors même si c'était un porte clef, elle serait contente.
Néanmoins, ce fut loin d'être le cas. Bien au contraire. Elle allait même devoir en acheter un, pour être sûre de ne pas perdre la clef qu'il lui avait offerte. Yume serra la peluche contre elle, alors qu'elle avait les larmes aux yeux. Il n'y avait rien pour confirmer ce qu'elle pensait. Il avait peut être donner la clef de son garage. Elle eut un rire nerveux en y pensant. Dorian n'était pas aussi mauvais. Mais elle avait tout de même du mal à y croire. Leur relation n'avait pas bougé depuis plus d'un an, et il lui donnait un double de sa maison. Hum... La rebelle pouvait attendre plus, maintenant, non ?
Elle n'en savait rien. Pour le coup, Dorian l'avait étonné en prenant les devants.

La demoiselle finit son thé, paya, ramassa ses affaires, avant d'aller faire les boutiques. La surprise de Dorian la laissait un peu perdue, ne sachant pas du tout à quoi s'attendre. Mais mieux valait qu'elle ait des sous vêtements en dentelle plutôt qu'en coton. Juste au cas où. Elle entra dans la cabine avec une certaine appréhension lui rappelant le tremblement de terre. Elle n'y resta pas longtemps, optant pour pour un ensemble soutien gorge noir pigeonnant, et shorty, le tout en une fine dentelle. Enlevant le tout, elle paya avant de rentrer chez elle pour les mettre à laver. Parce que bon... Sinon c'était pas très hygiénique, avec une tenue sympa. Pas le summum du sexy, mais on était en hiver et, elle allait pas se pointer avec un panneau publicitaire avec écrit « Je veux du sexe ! ».

Lisant en attendant que sa tenue soit lavée et séchée, elle remarqua à peine qu'on était déjà en début de soirée, elle s'habilla d'une grosse robe en laine grise, cachant ses formes, mais tant pis. Dorian pourra voir qu'après que son ventre n'était plus aussi plat qu'avant. Un collant noir opaque et des bottes noir, et elle était partie chez l'infirmier, sans prendre d'affaire. Elle avait pensé à prendre une tenue de rechange, mais ça serait un peu mettre la charrue avant les bœufs. Ca serait même carrément osé.

Arrivée chez lui, elle espéra secrètement qu'il n'y ait personne. Il fallait absolument qu'elle voit que c'était bien la clef de la maison. Et fermer puis ré-ouvrir une porte... A part se faire passer pour une idiote... Tant pis, l'infirmier la connaissait ainsi. Avec ses petites manies aussi stupide qu'adorable. Elle entra la clef dans la serrure, la fermant en faisant le moins de bruit possible et l'ouvrant de nouveau. Un immense sourire naquit sur ses lèvres. Elle ouvrit doucement la porte, tombant directement sur Al qui la regardait curieusement, et à qui elle adressa un immense sourire.

-Tu n'as rien vu, rien entendu !

Aucun doute qu'il avait vu le petit manège, ou plutôt entendu. Un sourire amusé naquit sur les lèvres du majordome, alors qu'il la laissait passer en lui disant où était Dorian. Elle le retrouva d'un pas doux et silencieux, toquant à la porte avant d'entrer. Elle lui montra le petit bout de métal qu'il lui avait offert, avec un sourire malicieux.

-Monsieur Fatalys... Il aurait été plus romantique de me l'offrir durant un diner. Il te faudrait le manuel du romantique pour les nuls !

Elle vint s'asseoir à côté de lui, sans oser faire le moindre geste tendre. La rebelle ne savait pas ce qu'il attendait d'elle. Elle ne savait pas si son touché ne lui ferait pas mal après ses blessures, et plus important... Il était temps qu'il annonce clairement la situation au lieu de faire des révélations à mi-mots et de reculer. Yume voulait une situation plus stable. Savoir si elle pouvait continuer à s'accrocher à lui en espérant être une femme, une amante, une confidente, ou s'il fallait qu'elle tourne la page.
Ils n'en avaient jamais parlé, mais leur relation avait toujours été ambigue. Un accord tacite s'était fait entre eux. Dorian n'avait sans doute jamais deviné qu'elle en avait souffert. Yume supportait mal ce genre de situation. Rester attendre sans avoir la moindre réponse. Rester attendre sans qu'il ne lui montre quoique ce soit de tangible qui montre qu'il voulait aller dans un sens ou dans l'autre. Jusqu'à aujourd'hui. Et à force d'attendre, elle finissait par prendre peur. Non pas qu'elle reculerait, mais la demoiselle devait avouer qu'il aurait été plus simple de faire les choses plus naturellement et spontanément plutôt que Dorian réfléchisse aux tenants et aux aboutissants. Ca prouvait certes, qu'il prenait cette relation au sérieux, mais tout de même.

-Heureux de ton choix ?

Il lui avait dit qu'il n'était pas malheureux. Mais ça ne voulait pas dire qu'il était heureux. Etre premier, ça pouvait combler, mais l'être toujours... L'allégresse s'en allait assez rapidement, pour arriver à un certain ennui... Sans doute. Yume à part être toujours première pour faire la fête et se détruire... La rebelle n'avait pas connu quelque chose d'autre, et c'était loin de lui avoir donné le sourire.
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Mar 9 Juin - 12:33
Dorian Fatalys
S • Médecin scolaire
Dorian Fatalys


:
S • Médecin scolaire
Dorian avait simplement relevé la tête lorsqu'elle était entrée dans sa chambre où il s'était retranché pour travailler, et surtout pour s'occuper l'esprit en attendant sa venue. Il arborait une attitude chaleureuse et accueillante, bien différente de l'arrogance dont il pouvait faire preuve avant le séisme. Bien des choses avaient changé, et désormais il pouvait voir le monde différemment, son Père n'avait peut-être pas utilisé la bonne méthode d'éducation. Une autre façon de vivre s'offrait à lui et il comptait bien en profiter. Visiblement, Yume aussi. Elle avait un visage radieux et débordait d'enthousiasme, elle ressemblait à une gamine de 4 ans qui recevait enfin le jouet tant espéré à Noël, sauf qu'elle possédait clairement un corps d'adulte.

Dorian n'avait même pas trop fait attention à sa phrase d'entrée, il avait les yeux rivés sur sa tenue. Elle était magnifique. Une petite robe grise, pas trop moulante mais qui lui allait à merveille. Ses longs cheveux noirs semblaient si doux qu'il mourrait d'envie de passer ses doigts dedans...
Il se reprit à temps lorsqu'elle s'assit près de lui. Il retira ses lunettes et les posa sur le dossier qu'il était en train de consulter quelques minutes plus tôt et se tourna légèrement vers elle. Yume paraissait nerveuse, presque mal à l'aise, indécise.
C'était sa faute ça. Il avait généré cette situation avec ses faux semblants et ses a peu près. Elle ne pouvait pas savoir à quoi s'attendre, c'était prévisible. Dorian devait avouer que lui aussi pour le coup, à ce moment là, il ressentit un peu de nervosité et se serait bien fait une petite injection de morphine pour prendre les choses avec plus de simplicité.

Heureux ? Ah oui, il se rappelait maintenant cette conversation qu'ils avaient eu tous les deux quelques mois plus tôt, et Dorian avait eu beaucoup de mal à être clair dans ses explications. En toute honnêteté, il n'en avait clairement aucune idée à l'époque. Aujourd'hui, sa réponse était différente. Oui il était heureux, il se sentait un homme nouveau, un peu plus bancal qu'avant, sûrement plus humain aussi, plus... faible, mais plus heureux. Son cœur voilé se dévoilait et des sentiments inconnus émergeaient en lui. Rien à voir avec ce qu'il avait pu ressentir pour Elena, l'autodestruction laissait place à quelque chose de plus agréable, de plus fragile et en même temps de beaucoup plus puissant.

Son visage était impassible, c'était difficile de deviner ce à quoi il pensait tout de suite, mais il ne la lâchait pas des yeux. Elle était belle, belle comme un cœur, une beauté japonaise à couper le souffle. Il ne pouvait pas résister, la confrontation était inévitable. Alors que son estomac semblait se retourner sur lui-même depuis tout à l'heure, il  sentit quelque chose se déclencher chez lui. Sa décision était toute prise, plus réfléchie que jamais, il ne pouvait plus lutter, son cœur prenait le contrôle et la raison le suivait, son estomac se calma, son corps et son esprit s'accordèrent, sereinement.

Il se rapprocha d'elle, avançant doucement sa main vers son menton pour tourner délicatement sa tête vers lui, elle ne devait pas avoir peur de ce qui pouvait se passer. Lui non plus. C'était ce qu'ils attendaient tous les deux depuis longtemps n'est-ce pas ? Il ne pouvait plus rien se passer d'autre que ce qu'ils avaient décidé tous les deux, sans dire un mot.
Il plongea son regard dans celui de Yume, il y décela une certaine nervosité, mais il ne la sentait pas réticente. Le contraire aurait été étonnant.
Sa main grimpa le long de sa joue comme pour enfin posséder ce visage qu'il aimait tant. Son pouce caressa doucement sa lèvre inférieure, il se rapprocha encore, restant fixé sur ses lèvres si délicates et fragiles. Il recula de quelques centimètres comme pour s'assurer qu'elle ne lui en voudrait pas. Illui jeta un dernier coup d'oeil pour lui dévoiler le fond de son âme et puis il se  laissa tenter par le fruit interdit.

Il l'embrassa.

Il ressentit tout de suite la chaleur de sa joue dans sa main alors que leurs lèvres se mélangeaient. Il sentit une immense explosion qui éclata dans son cœur jusqu'au plus profond de son être. Son corps lui révélait clairement qu'il avait prit la bonne décision. C'était ce qu'il attendait depuis des mois, au point que l'endorphine qui se libérait en lui à cet instant lui aurait bien fait perdre complètement la raison. Il en devenait fou.
Il n'avait pas envie de la brusquer, mais il n'avait pas non plus envie de finir cette étreinte si ... unique. Le deuxième baiser serait différent, celui-là ne reviendra jamais, il ne voulait pas que ça s'arrête.
Il n'était pas pressant, pas du tout, juste collé à ses lèvres, désireux d'en avoir tout de suite plus. Yume était sa première attention câline depuis son divorce, il n'avait pas embrassé ni touché une femme depuis des années. S'il laissait ses pulsions prendre le contrôle, il pouvait facilement se transformer en fauve déchaîné, mais Dorian n'était pas cet homme là. Yume était sa petite perle nacrée, elle méritait de la douceur, de l'amour, de la passion et surtout de la patience. Il se devait de s'éloigner d'elle à cet instant.

Il pressa légèrement plus fort ses lèvres contre les siennes avant de se reculer avec difficulté. Il resta un instant près de son visage, les yeux fermés à savourer les effusions d'émotions qui se dévoilaient en lui. Il caressa une dernière fois sa joue et se recula pour de bon. Il tenta de ne pas instaurer un malaise après cet acte impulsif alors il prit la parole rapidement pour lui éviter d'avoir à le faire.

- Je pense que ça répond à ta question ?

Il esquissa un sourire qui en disait long sur son caractère actuel. Il avait les yeux presque vitreux. Il passa la main dans ses cheveux en reculant vers le dos de sa chaise, il poussa un soupir de bien-être en basculant la tête en arrière. Il se sentait dans une petite bulle de bonheur à un point tel qu'il aurait préféré qu'Al soit pas là ce soir...

Il passa son index sur sa propre lèvre comme pour se remémorer le goût de ce baiser sucré mais il avait déjà disparu. Il ne lui en restait que des souvenirs.
Il se leva, pas pour instaurer une distance mais pour s'occuper l'esprit et pour enfin faire le point sur ce qu'il allait lui dire. Il fit quelques pas de son lit à sa baie vitrée, et il y resta, croisa les bras et tourna légèrement le dos à Yume pour la laisser libre de son champ d'action.
Il y avait réfléchit toute la soirée, toute la semaine, il avait envisagé toute sortes de tournures de phrases, toutes plus compliquées ou insignifiantes les unes que les autres. Chacune avait ses avantages et ses inconvénients, mais aucune ne lui avait tapé dans l'œil.
Alors pour une fois, il décida de faire tomber tous les masques. Il allait se livrer, simplement, sans politesse, sans éducation, sans fioritures. Juste lui.
Il se tourna vers elle, et en relâchant ses bras dans un haussement d'épaule, il laissa la vérité nue sortir de ses lèvres brûlantes :

- Ouais, je suis putain d'heureux.
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Mar 9 Juin - 16:52
Yume Namida
M • Critique littéraire
Yume Namida


:
Elle sentit sa main, chaude et douce, lui donnant de légers frissons, sa gorge nouée par l'émotion. Enfin. Elle eut l'impression bizarre que tout son corps se tendait et se détendait à la fois. Ce fut le regard de Dorian qui l'acheva d'une certaine façon. Il était confiant, sombre mais chaleureux, lui offrant toutes les promesses du monde. Tous les joyaux qu'elle voulait. Et son caractère les réclamait tous. Yume n'avait pas l'intention de laisser le plus petit diamant à quelqu'un d'autre. Elle voulait tout chérir.
Elle ferma les yeux lorsque Dorian passa son doigt sur sa lèvre savourant ce contact. Elle les entrouvrit en inspirant et expirant profondément. Lorsqu'elle se mit enfin à le regarder, elle vit s'éloigner un peu. En temps normal, elle aurait affiché un visage impatient, mais pas cette fois. Elle voulait savourer chaque instant, même si c'était des hésitations. La demoiselle s'était demandée un nombre incalculable de fois, si ce qu'elle faisait était bien. Pas à cause de l'image, pas à cause des quand dira-t-on, simplement parce que c'était Dorian. Parce qu'il s'était toujours montré indécis, mettant sa volonté à rude épreuve. Le pire avait sans doute lorsqu'il lui avait demandé de le masser révélant par la même occasion un bout de son passé. Au bout de quelques minutes il s'était montré froid, la blessant profondément. Au début, elle avait cru que c'était sa fierté. A force d'y réfléchir elle s'était aperçue... Qu'elle avait juste eu mal. Bien plus qu'avec Tsumi.

Cependant, lorsque la demoiselle sentit ses lèvres elle n'y pensa plus. Elle ne le trouva pas particulièrement doux. Yume avait l'impression d'être dans l’œil d'un cyclone de sentiments. Un profond calme, alors qu'elle sentait ses émotions partir à droite à gauche sans but précis. Elle enlaça le poignet de Dorian doucement comme ci ça pouvait la maintenir dans la réalité. Mais ça ne fit que la perdre un peu plus. Le baiser lui laissa un arrière goût d'inachevé. Mais en même temps... Pour le contact simple des lèvres, cela avait été assez intense. Sauf qu'elle voulait plus. Elle voulait le toucher. Elle voulait se plonger dans ses bras sans se poser la moindre question.
Yume fut extrêmement réceptive à sa caresse, lui tirant un ronronnement de bien être, alors que son visage s'apaisait tout devenir d'une infinie douceur. Dorian n'en avait jamais été témoin. En tout cas pas ce point. Une pureté désarmante sans la moindre peur de laisser entrevoir la moindre faiblesse.

Elle mit quelques secondes à se rappeler de sa question, toujours un peu perturbée et le sourire de Dorian n'arrangeait rien. Yume ne l'avait jamais vu sourire ainsi. JAMAIS. Ca ne faisait qu’accroître son envie de se plonger dans ses bras et de se perdre. La jeune femme se demanda pendant ce court instant pourquoi elle avait douté. Il était d'une beauté désarmante.

La suite l'attendrie irrémédiablement. Il en voulait plus. Elle l'avait sentie dans son baiser et maintenant dans ses gestes. Elle aussi. Mais, elle voulait prendre son temps. Même si elle imaginait Dorian caresser du bout des doigt son ventre alors que son corps répondait de lui-même à ses appels. Elle le regarda s'éloigner en le regardant attentivement. Pas pour examiner le moindre de ses faits et gestes, mais parce qu'elle avait du mal à assimiler que l'infirmier avait enfin sauté le pas et que de toute façon avec ce simple baiser, la jeune femme était définitivement tombée sous sa coupe.

Elle le suivit tout en restant derrière lui passant ses mains autour de son torse en l'entendant qu'il était un putain d'heureux. Il laissait entrevoir un côté plus enfantin, plus simple et elle en était ravie. Et elle était tout aussi ravie d'entendre qu'il était heureux. Yume ne pouvait pas s'empêcher d'être un peu fière d'elle. Elle vint lui murmurer doucement.

-Je connais un moyen qui te rendrait encore plus heureux.

Elle passa le plus naturellement du monde ses mains sous le haut de Dorian caressant son torse. Elle savait qu'il avait un corps parfait. Mais ça ne devait pas être permis qu'il le soit autant. Elle prit une profonde inspiration, pas parce qu'elle anticipait mais seulement pour respirer son odeur. Ce ne fut réellement qu'à ce moment là que Yume se rendit compte à quel point, elle avait confiance en lui.

Et c'est avec un naturel désarmant qu'elle laissa Dorian découvrir la vérité mise à nue. Un peu de timidité, effacée rapidement par la sensualité. Elle chercha à tout connaître de son amant, caressant du bout des doigts ses cicatrices, et chaque imperfection qui le rendait unique. Elle y chercha son contact, sa douceur, son odeur, tout ce qui pouvait être de lui. Peu importe quoi. Une soif insatiable, alors que la vulnérabilité et le plaisir emplissait son regard. Son besoin qu'il reste à ses côtés la brûlait jusqu'au bout des doigts...

CLOS
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