Debout cher inconnu

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C'est à toi ?
Rend service Ruri parle en #FFA6AD ou en #8491CA (russe)	Feat. Ruri Macarevich & Yukihide Tadakatsu

L'hiver touchait à sa fin et Ruri pouvait enfin abandonner ses écharpes, bonnets et autres trucs d'hiver et marcher avec de simples baskets sans risquer d'avoir les pieds trempés par la neige. C'était une bonne journée, de celles qui donnaient envie de sautiller. Quelle importance, qu'il fasse encore 10 ou 11 degrés ? Elle n'avait plus froid, et après s'être vraiment gelée comme pas possible, c'était le jour le plus positif de la semaine.
C'est sans doute pour ça qu'elle était encore allée gambader du côté de l'université. la dernière fois, ça l'avait conduite à un numéro de théâtre improvisé qui lui avait rappelé le plaisir de jouer, plaisir qu'elle avait entretenu depuis dans son club. Aujourd'hui, elle profitait juste du beau temps et s'était installée tranquillement sur un banc, regardant passer des étudiants qui erraient sur le campus. Quelques uns étaient assis dans un coin pour discuter ou pour lire. La bonne humeur générale était palpable.

Elle était totalement dans la lune, mais ça ne l'empêcha pas de voir le téléphone qui glissait par terre et atterrissait dans l'herbe sans que personne ne semble le remarquer, ou réagir. Même le propriétaire du téléphone continua d'avancer sans sentir que ce petit fourbe s'était enfui de sa poche. Ruri se releva. Depuis qu'elle avait des amis, elle avait de plus en plus de mal à sortir sans son téléphone parce que tout le monde lui reprochait de ne pas répondre assez vite à ses messages. Alors elle ramassa le téléphone qui, heureusement, ne semblait pas avoir souffert de sa chute (merci l'herbe), et appuya par simple curiosité sur le bouton pour allumer l'écran.
Deux messages non lus.
Elle n'irait pas les lire, principalement parce qu'elle ne savait pas s'il y avait un code de déverrouillage, mais s'il avec des amis comme les siens dans son entourage, mieux valait pour lui qui réponde vite. Sauf qu'elle ne savait pas où il était. Et elle ne savait pas non plus à quoi il ressemblait.

Elle décida de considérer que le téléphone n'avait pas de code et fit glisser son doigt sur l'écran, tout simplement. Quand le fond d'écran s'afficha, elle poussa un petit soupir de soulagement et retourna s'asseoir sur son banc, histoire que personne ne se la trouve suspecte. Elle n'avait pas l'intention de fouiller dans ses messages ni de jouer les fouineuses, même si l'idée de changer quelques noms dans le répertoire lui avait effleuré l'esprit l'espace d'un instant. Elle se contenta d'ouvrir le dossier photo jusqu'à trouver la tête (supposée) du propriétaire du téléphone. Elle espérait que ce n'était pas juste une photo random d'un de ses potes, mais au pire elle lui filerait le téléphone et il saurait en retrouver le propriétaire.
Ruri décida de commencer par explorer les jardins. Elle faillit bousculer quelqu'un en traversant la cour mais l'endroit était plutôt vide, il ne faisait pas assez chaud pour que tout le monde traîne dehors. Après avoir scruté les visages de tous ceux qui étaient debout sans succès, elle eut la merveilleuse idée de baisser la tête.

Le gars de la photo était juste là, couché par terre, visiblement en train de dormir. Techniquement, ça devait être son téléphone. Elle aurait pu le mettre dans sa poche mais il suffisait qu'il se réveille à ce moment-là ou que quelqu'un passe pour qu'on l'accuse de le voler - comme si elle allait faire ce genre de choses ! Du coup elle préféra lui secouer doucement l'épaule. "Eh... C'est à toi ?" demanda-t-elle en plantant le téléphone au milieu de son champ de vision.

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C'est à toi ?
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Au moins elle l'avait réveillé. Il avait l'air complètement paumé (c'était excusable vu qu'il venait de se réveiller) et Ruri attendit patiemment qu'il reprenne contact avec le monde réel. Est-ce qu'il penserait qu'elle avait fouillé son portable ? Elle espérait que non, parce qu'elle n'avait pas envie de commencer à se justifier pour quelque chose qu'elle n'avait pas fait.
Enfin pour l'instant, il était trop occupé à se plaquer la main sur le front d'un air désespéré pour songer à l'accuser de quoi que ce soit.

Elle lui tendit son téléphone dès qu'il confirma que c'était le sien. Elle était plutôt contente qu'il ne soit pas juste un ami du vrai propriétaire du téléphone, à vrai dire, parce qu'elle avait été aux premières loges pour voir à quel point la réalité pouvait être déformée d'une rumeur à l'autre. Elle-même était passée d'avouer des sentiments à quelqu'un à "Ruri a essayé de m'embrasser" puis à "Ruri va sauter sur toutes les filles qui passent", donc moins il y avait d'intermédiaire entre elle et la personne avec qui elle souhaitait communiquer, mieux elle se portait.
Ça éviterait que de "personne qui retrouve un portable" elle passe à "personne qui avait volé le truc et l'avait rendu". Elle devenait un peu méfiante, avec le temps. Grandir n'avait pas que des avantages.

"Je l'ai trouvé par terre. J'ai dû un peu fouiller dans tes photos pour te retrouver, désolée." S'il devait se rendre compte qu'elle avait ouvert ses fichiers, autant qu'il sache pourquoi. "Promis, je n'ai pas lu tes messages. Ni rien regardé d'autre." Est-ce que ça n'était pas suspect d'insister là-dessus ? Bon c'était la vérité, quand même, mais elle commençait à comprendre que les gens autour d'elle se méfiaient plus facilement les uns des autres. C'était triste, dans un sens.

Finalement, Ruri décida de se laisser tomber dans l'herbe à côté de lui, s'asseyant en tailleur par terre. Le sol était confortable, elle comprenait pourquoi il avait choisi cet endroit pour s'allonger et se reposer. Ça lui donnait presque envie de dormir, à elle aussi. Elle sourit légèrement. "Longue journée ? C'est pas commun de s'endormir par terre." Il était peut-être juste du genre à faire des siestes. Certaines personnes avaient cette capacité à s'endormir n'importe où, elle les enviait presque.